La styliste et costumière sénégalaise Oumou Sy a annoncé vendredi la réouverture en septembre prochain des « Ateliers Leydi », une école de formation spécialisée dans les techniques de confection de costumes traditionnels et modernes et de parures dont elle est la fondatrice.
« Je vais ouvrir l’école de formation au mois de septembre », a-t-elle annoncé lors d’un séminaire de formation à l’intention de journalistes culturels sénégalais dont elle était l’une des intervenantes.
Ce séminaire (11 juin-24 juillet) a été initié en partenariat avec le Goethe Institut par des acteurs culturels sénégalais tels que le critique culturel Maguèye Kassé, le critique littéraire et universitaire Ibrahima Sylla et le peintre Abdoulaye Diallo, « le berger de l’île de Ngor ».
Oumou Sy a indiqué que sa décision de rouvrir les « Ateliers Leydi », 8 ans après leur fermeture, fait suite à une audience que lui avait accordée le chef de l’Etat Macky Sall, le 24 décembre dernier.
Sur instruction de ce dernier, la styliste a dit qu’il lui avait été donné de visiter de nouvelles maisons aux Almadies, quartier résidentiel de Dakar, où 4 appartements ont été mis à sa disposition.
Un des deux servira comme logement, le deuxième appartement devant abriter sa collection des trois mille costumes d’époque.
Les deux derniers sont destinées à abriter son école formation et serviront notamment comme espace de cours et de défilés.
« J’ai fait savoir au président que mon vœu était d’avoir un espace de formation. Le Grand-Théâtre où je suis depuis huit ans après la fermeture du Métissacana, est étroit pour la formation. J’avais cessé de le faire et comme je ne veux pas mourir avec mon savoir, je veux transmettre mes connaissances aux jeunes. Je veux cette école », a déclaré Oumou Sy.
Les « Ateliers Leydi » offrent à leurs pensionnaires l’opportunité de se former dans les techniques traditionnelles et modernes de confection de costumes et de parures ouest-africains.
Un domaine dans lequel excelle Oumou Sy, costumière des films « Hyènes, ou la vieille dame » de Djibril Diop Mambety, « Gelewar » de Sembène Ousmane (Sénégal), « Samba Traoré » de Idrissa Ouédraogo (Burkina Faso), « Po di Sangui » de Flora Gomes (Guinée-Bissau), entre autres.
Des défilés de mode seront organisés dans ces nouveaux espaces de formation comme à l’époque du Métissacana, célèbre cybercafé qui avait fait la renommée de la styliste sénégalaise dans les années 1990 dont le bâtiment abritait également les « Ateliers Leydi », sur la rue de Thiong, en plein cœur de Dakar.
Selon la costumière, la formation sera payante pour ceux qui disposent de moyens, les autres qui n’en disposent pas seront parrainés ou bénéficieront de cours gratuits.
Oumou Sy, membre-conseiller du musée Quai-Branly (Paris), a été décorée de la Légion d’honneur française en 2006. Elle compte des élèves un peu partout dans le monde, en France, aux Etats-Unis, au Canada, en Allemagne, etc.
La styliste a aussi reçu des distinctions de l’Allemagne et a été honorée en 2019 par le Festival de film de femmes de Salé au Maroc pour l’ensemble de sa carrière.
Elle n’a par contre jamais été distinguée au Sénégal, son pays natal. « On ne m’a jamais décorée au Sénégal », a relevé la styliste, 69 ans, qui affirme l’avoir été « partout dans le monde », sauf dans son pays natal.
Oumou Sy a notamment à son actif « Le bal des Signares », un spectacle mettant en scène la vie des signares, des jeunes femmes noires et métisses vivant avec des Européens influents durant la colonisation et qui acquièrent un rôle économique et un rang social élevé.
Avec l’aide de costumes d’époque, Oumou Sy a mis en scène à travers ce spectacle la vie des signares, qui représentaient une dimension singulière des relations franco-sénégalaises à travers le métissage culturel dont témoigne encore le style de vie de certaines villes sénégalaises comme Saint-Louis (nord).
Avec APS