Le filtre du parrainage fait ses premières victimes. Depuis vendredi, plusieurs candidats déclarés à l’élection présidentielle du 24 février 2019 ont été recalés par le premier barrage du Conseil constitutionnel : la vérification des signatures pour le parrainage. Même s’ils disposent de 48 heures pour rectifier le tir, les recalés de cette fin de semaine ont très peu de chances de renverser la tendance, d’autant plus qu’il y a encore d’autres filtres en perspectives.
Son CV n’aura pas suffi à lui éviter le premier obstacle. Ancien maire de Dakar (2002-2009), ancien président de l’Assemblée nationale (2002-2007), Pape Diop (2007-2012) ne sera pas de la course pour la présidentielle de 2019 ! Malgré ses trois députés obtenus lors de la dernière élection législative, le candidat de Bokk Gis Gis n’est pas parvenu à décrocher le nombre de parrains valides aux yeux des Sages du Conseil constitutionnel. Pape Diop s’est vu délesté de 15 000 signatures sur les 66 800 déposées, par le Conseil constitutionnel, qui dans cette première étape, vérifie, d’abord si les signataires sont bien inscrits sur le fichier électoral, ensuite s’il n’y a pas de doublons (internes) au sein de la liste des signataires et enfin s’il n’y a pas de signataires déjà présents sur les listes de candidats passés auparavant (doublons externes).
Le sort de Pape Diop est également celui de Cheikh Hadjibou Soumaré. La candidature de cet ancien premier Ministre (2007-2009) a été rejetée « pour autres motifs », si l’on en croit son mandataire, Mapenda Diaw Mbaye, qui n’a pas manqué de dénoncer la nébuleuse qui entourerait les conditions de rejet des candidatures. « Une cour ne peut pas rejeter ‘’pour autres motifs’’, sans donner des détails supplémentaires, s’est-il plaint. Il n’y a pas eu une possibilité pour nous de connaître les raisons du rejet de notre dossier. Le contrôle doit s’adosser au fichier. On ne comprend pas ce que mijote le Conseil constitutionnel… Nous avons rempli tous les critères pour être candidat et s’agissant des parrainages, nous avons même des réserves qui dépassent de très loin le minimum requis de signatures. » Il dispose encore de 48 heures pour changer la donne si le blocage n’est motivé que par des signatures invalidées…
Un autre mandataire mécontent, c’est celui de Moustapha Guirassy. En sortant du Conseil constitutionnel, Mamadou Cissokho, furieux, a été impitoyable contre les sept Sages, qui selon lui, ont bloqué son candidat juste parce que dans le dossier déposé, il n’y aurait pas le nom du mandataire de la région de Saint-Louis.
Bougane Guèye Dany, qui avait pourtant déclaré avoir obtenu près de 800 000 signatures, soit plus du dix fois le minimum requis, et avoir fait constaté son dossier par voie d’huissier de justice, serait également hors course pour avoir plus de 20 000 signatures invalidées. Une information confirmée par l’intéressé. Le candidat de « Gueum Sa Bopp », se prononcera aujourd’hui, dans une « adresse à la Nation ». Une occasion, peut-être, pour lui d’évoquer le sujet, même s’il sait disposer de 48 heures pour résorber le gap qui lui reste à combler…
https://www.facebook.com/bouganegueye/videos/2424926020869437/
Autre recalé : l’ancien Directeur des Douanes, Boubacar Camara. Le leader de la coalition « Fippu Jengu » aura été très loin du minimum requis (0,8% du fichier électoral qui est arrêté à 6 682 075 électeurs soit un minimum requis de 53 457 signataires) puisque le Conseil constitutionnel n’ayant validé que 23 357 de ses parrains. Victime de 36 136 signatures invalidées, Boubacar Camara déplore le fait que près du tiers de celles-ci l’ont été pour doublons externes, avec d’autres listes, sans que ces doublons ne lui soient indiqués.
En dehors de ces candidats cités, plusieurs autres sont passés à la trappe. En tout, 27 candidats avaient déposé leur dossier au Conseil constitutionnel, estimant avoir atteint le nombre de parrains requis. A l’heure actuelle, seuls Macky Sall (Benno) candidat à sa succession, Idrissa Seck (Rewmi), Karim Meïssa Wade (Pds), Ousmane Sonko (Pastef), Khalifa Ababacar Sall (Taxawu Senegal), El Hadji Issa Sall (Pur), Malick Gakou et Madické Niang ont officiellement déclaré avoir reçu le quitus du Conseil constitutionnel pour le premier filtre, en attendant le deuxième qui interviendra cette semaine et qui concernera, entre autres points, la vérification des quotas requis par région (2000 signatures minimum par région dans au moins sept régions).