PLUS LOIN AVEC… Banda Diop, maire socialiste de Patte d’Oie : «Le maire ne doit pas, sous prétexte du Covid-19, violer la loi»

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Banda Diop est plus occupé à traduire les décisions du chef de l’Etat sur le terrain. Le maire socialiste de Patte d’Oie ne trouve pas contradictoire la démarche de Macky Sall dans l’allègement des mesures restrictives relatives à la lutte contre le Covid-19. Dans cet entretien, il donne sa part de vérité dans l’affaire des 118 millions de la commune de Patte d’Oie.

Que pensez de l’allègement des mesures de lutte contre la propagation du Covid-19 ?
Le Président est le gardien de la Nation. A ce titre, il est plus renseigné et mieux outillé que quiconque sur la pandémie. Je n’ai pas d’appréciation particulière autre que le souhait de la traduction de ces mesures en application avec l’autorité administrative.

N’est-il pas contradictoire de la part du président de la République de prendre ces décisions au moment où le virus progresse de façon exponentielle ?
Je ne vois aucune contradiction dans les mesures qu’il vient de prendre. C’est vrai que le virus est une réalité. Cepen­dant, dans la résilience, il y a aussi l’apprentissage à vivre avec la pandémie pour une continuité de l’activité économique nationale. A charge pour tous les différents départements ministériels impliqués de redoubler de vigilance pour une application vertueuse de ces mesures.

Que répondez à ces conseillers municipaux de la commune de Patte d’Oie qui vous accuse d’avoir bloqué les 118 millions destinés à la gestion de la crise liée au Covid-19 ?
Je vous remercie pour cette occasion de me permettre d’édifier l’opinion, la collectivité et les populations. Depuis l’apparition de la pandémie, le 2 mars, la commune de la Patte d’Oie s’est mobilisée comme un seul homme. Je parle sous le contrôle du président du comité de santé de l’hôpital Nabil Choucair : nous avons 45 points de lavage des mains au niveau de la commune de Patte d’Oie. Au mois de mars, nous devions tenir un Conseil municipal mais nous étions un peu groggy avec les interdictions de rassemblement. Nous avons une petite salle pour accueillir les 56 conseillers municipaux. On a consulté un médecin qui est venu nous recommander le respect de la distanciation sociale. Lors de la réunion du Conseil municipal, j’ai présenté un projet de délibération relatif à un excédent budgétaire de près de 216 millions dont 118 millions en recettes de fonctionnement et 86 millions en recettes d’investissement. Le Conseil municipal a demandé que tous les 118 millions soient affectés à la riposte, une décision sage et heureuse. Ce fut voté à l’unanimité, donc sans observation. Deuxièmement, pour être beaucoup plus transparent, nous avons décidé de mettre en place un comité ad hoc. Séance tenante, notre collègue Farba Sarr a été proposé. C’est uniquement quand on a retourné la délibération au niveau de l’autorité étatique que cette dernière nous a demandé de faire la répartition et de la faire valider par le Conseil municipal. Je rends hommage au sous-préfet pour cet acte parce que dans ce contexte de Covid-19, on doit allier vitesse et respect des procédures. Le comité ad hoc s’est réuni et a fait la répartition. J’ai reçu le comité ad hoc le 13 avril et, immédiatement après, j’ai convoqué le Conseil municipal en session extraordinaire le 17 avril. A l’unanimité, les con­seil­lers ont voté les délibérations. Il y a eu des tentatives de sabotage venant de certains conseillers. Je les ai remis à leur place.

Malgré tout, le sous-préfet a rejeté votre délibération en demandant une seconde lecture. Quelle justification vous a-t-il donnée ?
Quand on a fini de faire la délibération, nous connaissions les rubriques qui devaient accueillir les dépenses sociales. Il n’y a pas dans la nomenclature budgétaire une «dépense Covid-19». On y trouve des secours aux indigents, etc. Donc, le sous-préfet nous a demandé de faire la répartition. On l’a fait.

Donc, qu’avez-vous fait de ces 118 millions ?
Mais ces fonds viennent de faire l’objet d’une approbation la semaine dernière. Nous sommes en train de voir quelqu’un pour nous fournir du sucre, de l’huile, du savon, si l’enveloppe peut financer tout ça. Le comité a demandé à ce qu’on ait 2 300 kits. Nous n’avons encore rien fait parce qu’on veut être en conformité avec la loi. Si on s’amuse à dépenser comme ça cet argent espérant le justifier par le Covid-19, demain il y aura un contrôle qui pourrait se retourner contre le maire. Je lance un appel aux maires pour le respect des procédures dans ce contexte de Covid-19. Le maire ne doit pas, sous prétexte du Covid-19, violer la loi.

Pourquoi depuis le début de votre magistère, vous entretenez des relations assez tendues avec certains conseillers ?
Vous avez bien fait de dire certains conseillers. Vous savez, j’ai été élu sur la liste de Taxawu Dakar. Après, il y a eu une démarche fractionniste de certains dans la coalition. Cela ne m’a pas empêché de gagner. Je ne veux même pas les citer. Ils font toujours le tour de la presse pour tenter de salir ma gestion. En plus, lorsque j’ai intégré la majorité présidentielle en soutenant le Président Macky Sall à la dernière élection, cela a créé des problèmes dans la coalition qui m’a élu. Malgré tout, on travaillait dans l’intérêt de la commune au sein du Conseil municipal et on se parlait. Cependant, depuis quelque temps, des gens développent une animosité à mon égard. Ces personnes qui parlent sont dans l’agitation politique et cela va continuer jusqu’aux prochaines élections municipales. Quand on s’oppose sur le plan des idées, je n’ai pas de problèmes parce que j’ai les meilleurs rapports avec les conseillers municipaux. Certains de ces conseillers pensaient qu’ils allaient organiser les procédures d’appel d’offres. Ils sont déçus.

Avez-vous reçu l’aide alimentaire de l’Etat ?
On ne l’a pas encore reçue. On a fini de faire le travail préparatoire sous la houlette de la première adjointe à qui je rends hommage ainsi qu’aux élus qui sont dans le comité de ciblage. Je félicite aussi les imams, les délégués de quartier, les Organisations communautaires de base… Il y a un retard mais je peux le comprendre. Cette aide concerne l’ensemble du pays. Le gouvernement fait la priorité aux régions de l’intérieur du pays. Ils vont progressivement descendre sur Dakar. D’ailleurs, des communes de la banlieue, comme Guinaw Rail, commencent à procéder à la distribution.

Combien de cas positifs au Covid-19 avez-vous dans la commune ?
Malgré tous nos efforts, nous sommes infectés. Je ne saurais vous dire un nombre exact mais je sais qu’à Soprim, nous avons des cas positifs. C’est le cas à la Patte d’Oie Builders, à Grand-Médine. C’est inquiétant parce que pour la plupart ce sont des cas issus de la transmission communautaire.

 

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