Pour avoir tabassé un voleur à mort, des disciples d’un marabout condamnés à 8 ans de travaux forcés
Les accusés Mor Faye, Bara Faye, Ousmane Dramé, Ousmane Badji et Modou Khoulé ont comparu, ce vendredi, à la barre de la chambre criminelle d’appel de Dakar pour meurtre. Condamnés à 20 ans de travaux en première instance, ils ont interjeté appel pour contester la peine. Un appel qui a porté ses fruits d’autant que le juge du second degré s’est montré plus clément que celui de la première instance. Il a non seulement disqualifié le crime de meurtre initialement retenu contre les accusés en coups mortels avant d’infirmer partiellement la peine en les condamnant à 8 ans de prison ferme.
Ainsi, les 5 accusés qui sont en prison depuis 2010 vont humer l’air de la liberté pour avoir purgé la nouvelle peine qui leur a été infligée. Ces derniers sont accusés d’avoir battu à mort un voleur qui s’était, nuitamment, introduit dans le domicile de leur marabout. Premier être interrogé par le juge d’appel, Mor Faye a, devant le prétoire, expliqué les conditions dans lesquelles la victime est décédée.
A l’en croire, ce jour-là, c’était à leur tour de surveiller la maison de leur marabout qui était en chantier. Vers les coups de 3h du matin, ils ont entendu des bruits et ils se sont réveillés tous pour s’enquérir de la situation. « C’est sur ces entrefaites que nous avons aperçu un gars qui essayait de se sauver. Nous l’avons poursuivi avant de l’attraper. Nous l’avons soumis à un interrogatoire pour savoir ce qu’il faisait dans la maison. En pleine discussion, il a dégainé de manière soudaine un couteau et a voulu poignarder Ousmane Badji. Assailli par la peur et l’instinct de se défendre, je lui ai donné un coup de bâton », a déclaré Mor Faye. Qui soutient qu’ils ont après ligoté la victime avant d’aller effectuer la prière du « Fadjr ». Et c’est à leur retour de la mosquée, qu’ils ont constaté qu’il était décédé. Entendu, Bara Faye a reconnu avoir également donné un coup de bâton à la victime parce qu’elle voulait poignarder l’un de ses amis. Pour sa part, Ousmane Dramé a soutenu n’avoir donné de coup au voleur. S’agissant d’Ousmane Badji et Modou Khoulé, ils ont opté pour le silence en faisant savoir qu’ils n’avaient pas de réponses pour les questions du juge.
Dans son réquisitoire, le maître des poursuites a demandé la confirmation de la peine d’instance. A l’en croire, les accusés avaient l’intention de tuer le voleur. Ce, révèle-t-il, après qu’ils l’ont attrapé, ils l’ont complètement déshabillé, lui ont versé de l’eau chaude avant de le lyncher. Les avocats de la défense ont plaidé l’application bienveillante de la loi. Leur cause a été bien entendue par le juge d’appel.