Canada, Etats-Unis, Espagne, France, Belgique, Suisse… , un périple sur fond d’air de campagne aura amené Ousmane Sonko dans plusieurs capitales du monde. Le président de Pastef et candidat la présidentielle de 2019 veut d’abord aller à la rencontre des diasporas sénégalaises. L’épopée française confirme l’adhésion des Sénégalais de l’étranger à la vision d’un jeune candidat, à peine attendue dans la course il y a encore quelques mois.
Il a tout commencé par le Canada, le pays qui lui a apporté le plus grand nombre de voix pour être élu député. Entretiens, contacts, échanges et rencontres avec la diaspora, sa cible préférée. Puis les Etats-Unis où il passera plusieurs jours avant de rallier l’Europe par l’Espagne. Entrevue avec la Maire de Barcelone, meetings avec la communauté sénégalaise avant de passer à Paris pour boucler en Belgique et en Suisse. Un véritable périple de campagne, à l’américaine où la rencontre entre le candidat déjà déclaré et le peuple sénégalais à quelque chose d’évident et d’automatique. Cette alchimie du contact que dégage Ousmane Sonko, dont la sincérité et le franc parler secouent les foules et ajoute au déchaînement un brin de conviction qu’on retrouve rarement chez d’autres politiciens africains. Comme si à peine commencée, l’histoire est déjà si longue.
Une tournée qui fera date
Du 8 au 11 novembre, Sonko a rencontré ses compatriotes des Etats-Unis, un pays qui aura inspiré en partie son style de campagne. Pragmatique, direct malgré une certaine timidité caractérisant son air trop sérieux. Sans lui reprocher une froideur, on décèle chez ce candidat une forte introversion. Qui ne l’empêche point de se confronter par les idées. Du 11 au 15 novembre, c’est le Canada où il restera le plus longtemps pendant le périple. A chaque étape, le message de changement. Au « Yes we can » de Barack Obama dont il semble si fortement s’inspirer, il plaque un « Oui, nous y sommes déjà ». Comme si c’est l’action et la conviction du quotidien qui feront le changement. Modestes moyens, sans une grande machine, Ousmane Sonko égrène des étapes de son long voyage, comme un pèlerinage avant le combat final. En bonne position pour un tour qui, selon plusieurs sondages à Dakar, devrait le confronter au président sortant, il ne veut pas non plus vendre la peau du loup avant de l’avoir tué. « Maintenons le cap pour affranchir le cap du premier tour » demande-t-il à une foule qui, au pays de l’oncle Sam, le voit déjà au second tour mi-mars 2019.
Paris, point culminant de la Sonkomania
Le 23, arrivée sobre et discrète. A Paris, le centre extérieur de la politique africaine. Pas de rencontres officielles prévues avec les autorités. Une manière de prendre la distance avec des rites qui créent la confusion chez les politiques d’Afrique. « Je viens d’abord voir des Sénégalais » confesse Sonko qui ne cache pas sa fierté face à une population qui renferme de toutes catégories de personnes. « Des génies, des intellectuels, des savants, des ouvriers, la diversité de la diaspora et ses compétences me rassurent » clame celui qui entend associer plus que jamais les Sénégalais de l’extérieur au destin du pays. Un pays qu’il décrit comme « malmené et détruit par Macky Sall ». Le 24, une conférence de presse, avec une cinquantaine de journalistes, un record inhabituel pour la communauté africaine. Echanges francs, directs, sans langue de bois. Economie, franc CFA, relation avec la France, l’avenir du Sénégal, il parle de tout. En après-midi, l’historique meeting au Docks Pullman de la Plaine Saint Denis. 5000 personnes dont une partie restée dehors malgré le froid. Un discours apaisé et apaisant, des applaudissements, des cris et slogans en wolof et un déchainement show et tropical. Convaincant, direct, crédible, l’ancien inspecteur des Impôts n’occulte aucun sujet. Paris aura été sa plus grande satisfaction.
Une diaspora qui s’investit financièrement
Le séjour parisien prendra fin avec deux passages télé, Africa 24 et Tv5. Sur les deux chaines, ce 25 novembre, le candidat tient en haleine les journaux de soir, en direct avant une émission spéciale en différé sur la chaine panafricaine. A toutes les étapes, des mobilisations financières qui ont permis de mobiliser une partie du pactole nécessaire pour la campagne. Pas moins de 100.000 € uniquement en France, comme si la route du destin était devenue, subitement, tout tracée. Rare d’observer une telle mobilisation de la diaspora africaine au secours d’une candidature. Celle d’un jeune de 44 ans qu’on ne connaissait que trop peu il y a encore quelques mois. Et c’est sur cet engagement surréaliste que se jouera la crédibilité du candidat. D’autant qu’à Dakar, Macky Sall, son potentiel adversaire pour le second tour, suit tout de près. Comme si, définitivement, quelque chose venait de lui échapper, si loin… à Paris !
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