Prise en charge des urgences : un expert préconise une « assurance obligatoire intelligente »

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Une prise en charge qualitative des urgences dans les structures sanitaires passe par l’instauration d’une « assurance obligatoire intelligente », sous la forme d’une mutuelle de santé ou d’une assurance maladie, préconise docteur Farda Lamine Sall, conseiller en politique de santé à l’Organisation mondiale de la Sante (OMS).Interrogé sur le financement des soins d’urgences, en marge de la clôture mercredi des concertations sur les urgences, il a souligné « l’importance de mettre en place ce dispositif avec une assurance maladie obligatoire pour tout le monde ».

« Créer les conditions d’une obligation intelligente de l’assurance maladie c’est créer les conditions d’un financement à fortiori des urgences », a-t-il soutenu.
« A ce moment-là, les populations vont se soigner parce qu’elles ont la mutuelle ou l’assurance », a indiqué Farba Lamine Sall.
Il a fait allusion au nouveau permis de conduire pour lequel le demandeur est obligé de fournir son groupe sanguin. « On aurait pu dire que pour avoir ce permis il faut une assurance d’autant plus que même le véhicule est assuré », a relevé docteur Sall.
« Il y a des dépenses obligatoires (…)’’ de santé qui font que « le consommateur fait des arbitrages pour gérer ses ressources financières, mais si dans le dispositif, être dans une mutuelle de santé est obligatoire, tout change », a-t-il fait valoir.
L’adhésion à un tel dispositif reviendrait à selon lui à 3500 francs CFA par an (291 francs par mois), ce qui est supportable, laisse-t-il entendre, d’autant que dans chaque famille il y a des téléphones portables régulièrement rechargés en crédit avec plus que cette somme par mois.
« Une semaine de recharge de crédit téléphonique ou Internet’’ représente un montant pouvant être « orienté vers l’assurance maladie », a suggéré Farba Lamine Sall.
Pour l’ancien directeur de cabinet au ministère de la Santé et de l’Action sociale, la question du financement est « très importante surtout si on sait que dans ce dispositif il faut privilégier les soins, lever les urgences avant de parler de recouvrement ».
Il rappelle que les soins en urgence « ne peuvent pas être facturées avant les prestations », conformément aux dispositifs de la loi régissant ce secteur.
La contrepartie financière après les prestations doit être gérée par l’assurance maladie ou la mutuelle de santé, a-t-il dit.
« S’il n’y a pas d’assurance maladie, on aurait du mal à avoir un système de prise en charge des urgences pérenne », a insisté le conseiller à l’OMS.
Il y a toutefois « un investissement de départ à faire pour l’Etat qui doit mettre les infrastructures et les équipements en place pour rassurer les populations. A ce moment créer des mutuelles et l’assurance maladie devient très facile », a ajouté M. Sall.
L’expert a également souligné la nécessité de « relever considérablement le plateau technique » des structures sanitaires, estimant que « la pratique médicale c’est la rencontre du savoir et de la technologie ».
« Nos médecins sont en mesure de faire les mêmes prestations que ceux’’ du « Val-de-grâce (France), mais c’est l’environnement, le plateau technique qui fait la différence », a-t-il soutenu.
« Il ne faut pas se leurrer, il est impératif de mettre les infrastructures, les équipements qu’il faut pour que la pratique médicale se fasse dans de bonnes conditions », a poursuivi Farba Lamine Sall.
Au final, c’est « un changement qualitatif qu’il faut apporter dans la prise en charge des urgences pour rassurer les populations sur le fonctionnement du système de santé », résume le docteur Sall.
« Ce n’est pas quelque chose d’impossible, c’est à notre portée. Il faut faire le saut parce qu’il faut un changement qualitatif dans le système de santé », a conclu M. Sall.
Les concertations sur les urgences, ouvertes lundi à Dakar, ont permis aux différentes parties prenantes du système de faire « un diagnostic sans complaisance du service d’accueil et d’urgences dans les structures sanitaires pour faire des propositions fortes », selon le secrétaire général du ministère de la Santé, Alassane Mbengue, qui a présidé la cérémonie de clôture.
Auteur : Aps
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