Qui est le jihadiste sénégalais apparu dans le documentaire de France 5 sur l’État islamique ?

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La chaine française France 5 a diffusé un documentaire inédit sur l’organisation jihadiste, l’État islamique. Intitulé « Daech, dans le cerveau du monstre », cette immersion dans le monde des jihadistes porte l’empreinte du grand reporter Kamal Redouani. Le journaliste français a, par l’entremise d’une de ses sources dans la brigade des Misratis, mis la main sur un ordinateur ayant appartenu à un émir égyptien de l’État islamique à Syrte, en Libye. Il a fallu au journaliste et à ses équipes une année pour éplucher la mine d’informations qui dormaient dans cette machine ramassée dans les décombres de la bataille de Syrte qui a duré 8 mois et qui a permis aux Misratis de reprendre cette ville naguère considérée comme la troisième capitale de l’État islamique, après Raqqa et Mossoul.
Outre l’ordinateur et son contenu, Kamal Redouani a reçu des heures de vidéos internes, c’est à dire tournées par des jihadistes de “Daech”. Le grand reporter a d’ailleurs diffusé un des enregistrements visuels dans son documentaire. Pour le journaliste et son équipe, il s’agissait de mettre en lumière l’utilisation des jeunes par l’État islamique car on y voit un combattant originaire d’Afrique noire en train d’y tenir un discours guerrier. Seulement, le document n’a précisé ni la nationalité du combattant ni le contexte dans lequel cet enregistrement vidéo a été fait.
Dakaractu a enquêté et est en mesure de révéler que l’homme apparu dans cette vidéo n’est personne d’autre que le jihadiste sénégalais Elimane Diop. Abou Jafar de son nom de guerre, il a rallié la branche libyenne de l’État islamique vers le mois de mars 2015 à l’instar d’une trentaine de ses compatriotes. Très “réseau social” à l’époque, Elimane Diop qui a abandonné ses études supérieures à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pour faire allégeance à Abou Bakr al Bagdadi s’est fait connaitre après un commentaire sur le matricide commis par un syrien à Raqqa. Approché à l’époque par l’auteur de ces lignes, le jihadiste sénégalais ne s’était pas fait prier pour prédire le même destin si sa mère s’était rendue coupable d’”apostasie”. C’est dire qu’il était convaincu d’avoir embrassé le meilleur des sentiers.
Dans l’enregistrement révélé par le documentaire de Rédouani, il se rejouit des attentats de Belgique et profère de nouvelles menaces contre l’Occident. “Hier, c’était la France, aujourd’hui la Belgique, demain ce sera l’Angleterre. Wallahi on vous combattra, jusqu’à ce qu’il ne subsiste plus de fitna. On a réussi cette attaque en France, votre technologie ne vous portera pas en sécurité. Seul le repentir vers Allah vous mènera en sécurité. Tant que vos avions viendront nous frapper dans notre terre, Wallahi on fera des explosions, on vous enverra des voitures d’explosifs, on vous enverra des hommes qui aiment la mort comme vous aimez la vie”, débite l’ancien étudiant, arme en main.
Selon les résultats de nos investigations, cette vidéo aurait été enregistrée après les attentats qui ont fait 32 morts et 340 blessés à Bruxelles en mars 2016. Mais cette vidéo n’a jamais été utilisée par les canaux de propagande de l’État islamique qui ont pourtant plus d’une fois compté sur des citoyens sénégalais dans sa propagande. En témoigne l’apparition d’Abdourahmane Mendy alias Abou Shouhaib as-Senegali dans une vidéo de l’organisation jihadiste au début de l’offensive des forces misratis sur la ville de Syrte. Dans une tenue de combat, cet autre ressortissant sénégalais de la franchise libyenne de l’État islamique s’exprimait en wolof et appelait ses compatriotes à rallier la cause jihadiste. Le franco-sénégalais Ibrahima Ly purge une peine de 15 ans de travaux forcés dans une prison sénégalaise pour avoir, depuis la Syrie où il se trouvait, menacé l’Occident de nouvelles attaques après celle de Charlie Hebdo.

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