Le Sénégal risque d’être seul au combat pour l’annulation de la dette africaine. C’est en substance l’avis du Dr Khadim Bamba Diagne. L’économiste estime qu’on parle de la dette africaine, mais en réalité, les difficultés de cet endettement concernent plus le Sénégal que les autres pays africains. « Le problème, par rapport à la dette multilatérale, est que seul le Sénégal est au bord du gouffre. Les autres pays comme le Nigéria ou la Côte d’Ivoire sont à moins de 40% du taux d’endettement. Donc, cette dette n’est pas un problème africain. C’est un problème sénégalais. C’est pourquoi, le Sénégal sera seul dans ce combat. Ce qui rend la chose difficile. Le président Macky Sall, depuis 2019, parle de la dette, mais malheureusement, le Sénégal est le seul pays africain qui est au bord du gouffre », a-t-il déclaré.
Cette idée que Khadim Bamba Diagne a défendue à la ’’Matinale d’Iradio (90.3 Fm)’’, qui a analysé, ce jeudi, le Sommet France Afrique, n’est pas partagée par Habib Ndao. Le Directeur exécutif de l’Observatoire de la Qualité des Services financiers parle de ’’Solidarité de raison’’. « Macky Sall ne demande pas le Sénégal seulement. Il a fait cet appel pour l’Afrique. C’est une erreur de dire que seul le Sénégal est concerné par l’annulation de la dette. La preuve, un pays comme le Nigéria son niveau d’endettement est faible, 40%. Mais, ce pays a besoin de mobiliser 60% de ses recettes pour assurer le service de la dette. Pourquoi ? Parce que sa dette est principalement une dette commerciale avec des taux d’intérêt élevé », renseigne M. Ndao.
Concernant le sommet, Khadim Bamba Diagne estime qu’il profite plus aux Français qu’aux Africains. Pour lui, c’est la France qui est dans une situation de récession économique et pense qu’elle peut relancer ses entreprises au niveau de l’Afrique où beaucoup de choses sont à reconstruire. « La France a créé le besoin et les conditions de satisfaction de ce besoin en montrant que l’Afrique a besoin d’investissements directs étrangers. Pour cela, elle va lancer son secteur privé à venir conquérir des marchés au niveau du continent africain », a-t-il déclaré.
Toutefois, a estimé Diagne, le Sénégal pourrait bien trouver son compte à ce sommet si jamais le président Sall parvenait à convaincre les institutions financières pour annuler la dette multilatérale. « Des économies comme celle du Sénégal sont au bord du gouffre. C’est pourquoi Macky Sall cherche à avoir le soutien des institutions financières internationales pour pouvoir lever des fonds à des taux d’intérêts qui sont moins faibles. Le Sénégal voudrait également qu’en ces temps de crise, les institutions internationales jouent leur rôle en essayant d’accompagner les économies, qui sont à presque 70% du taux d’endettement, à lever des crédits concessionnels », analyse l’économiste.