L’enquête a démarré il y a six mois. Elle a débouché, ce mardi, sur l’arrestation de quatre personnes, dont le rappeur Mohamed Sylla, aussi connu sous le surnom de MHD. Placées en garde à vue par les enquêteurs du 2e district de police judiciaire, elles ont été mises en examen pour homicide. L’artiste parisien, âgé de 24 ans, et deux autres individus ont été placés en détention provisoire. Un autre a été placé sous contrôle judiciaire. Les enquêteurs sont persuadés que MHD est impliqué dans l’agression mortelle d’un jeune homme, l’été dernier. Ce qu’il nie.
Dans la nuit du 5 au 6 juillet 2018, une quinzaine de jeunes s’en sont pris à la victime, à l’angle des rues Saint-Maur et Tesson, dans le Xe arrondissement. Un déchaînement d’une violence inouïe. Vers 3h du matin, elle a été passée à tabac et poignardée, selon nos informations, à une vingtaine de reprises. Les pompiers ont bien essayé, durant de longues minutes, de le réanimer en pratiquant un massage cardiaque. Mais le jeune homme, âgé de 23 ans, est décédé des suites de ses blessures. Ses agresseurs, eux, ont pris la fuite, certains en voiture.
Une rivalité ancienne
Les policiers du 2e DPJ, chargés de l’enquête, vont privilégier l’hypothèse d’un règlement de compte sur fond de rivalité entre une bande du quartier de la Grange-aux-Belles, dans le 10e arrondissement, et une autre du quartier Chaufournier, dans le 19e arrondissement. Un conflit qui dure depuis plusieurs années et qui a déjà fait plusieurs victimes. Dernier épisode en date : en mars 2017, un homme de 29 ans avait été tué, avenue Simon Bolivar. Deux autres avaient été grièvement blessée : l’un d’eux avait été frappé avec une barre de fer, l’autre avait reçu des coups de couteau, relatait LCI à l’époque.
Cette fois, les enquêteurs vont étudier les témoignages, exploiter les images de vidéosurveillance, effectuer un travail sur la téléphonie. Très vite, ils identifient la voiture utilisée par certains des agresseurs. Il s’agit d’une Mercedes qu’ils ont retrouvé carbonisée… dans le 19e arrondissement. Or, cette voiture appartient à la star montante du rap français, interprète du tube « Afro Trap 3 (Champions League) ». La famille de l’artiste habite justement dans la cité Chaufournier. Le juge d’instruction a finalement décidé qu’il devait être interpellé et mis en examen.
De nouvelles interpellations ?
D’autres interpellations pourraient avoir lieu, indique à 20 Minutes une source policière. Le nouveau phénomène du rap français, lui, « conteste toute implication dans cette rixe, sa présence sur le lieu des faits n’étant pas avérée », insiste son avocate, maître Elise Arfi, dans un communiqué, soulignant qu’il n’a jamais été « impliqué dans des conflits entre bandes rivales ». Contactée par 20 Minutes, elle explique que « rien dans le dossier n’atteste de sa culpabilité ». Elle assure que la voiture en question était « utilisée par plusieurs personnes du quartier » car son client est souvent « sur les routes ».
D’ailleurs, Mohamed Sylla avait contacté en juillet dernier le juge d’instruction et lui avait indiqué « qu’il se tenait à la disposition de la justice pour expliquer les circonstances dans lesquelles sont véhicule avait pu être utilisé dans le cadre de cette affaire », poursuit l’avocate. Soulignant que son client n’a pas d’antécédent judiciaire, elle entend faire appel de son placement en détention provisoire. « Il est dans l’incompréhension, ajoute la pénaliste. On a attendu le jour où il devait partir en tournée à l’international pour l’interpeller. »