Il ay 15 ans jour pour jour, Serigne Mbacké Sokhna Lô quittait ce bas monde le 1 juin 2005 plongeant ainsi les mourides et les fidèles musulmans dans le désarroi total. Mais Sénégal7 qui ne déroge jamais à la règle s’est fait le devoir impérieux de revisiter la trajectoire de cet homme multidimensionnel dont au aura jamais assez de parler de son œuvre grandiose.
Sous le coup du destin, la naissance, Serigne Mbacké Sokhna Lô a de réels avantages sur les autres membres de la grande famille de Serigne Touba.
Il est l’aîné de Serigne Cheikh Mbacké, surnommé Gaïndé Fatma, lui-même premier fils de Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké.
Calife des mourides après la mort du fondateur en 1927, ce dernier a hérité des biens, des « talibés », mais aussi des « cheikh » (compagnons distingués) de Cheikh Ahmadou Bamba.
Ce patrimoine est revenu à Serigne Mbacké Sokhna Lô.
Aîné des 49 enfants de Gaïndé Fatma, décédé le 11 mars 1978, il est né en 1934 à Touba.
Dès son jeune âge, il est confié au maître d’école coranique Serigne Mafall Fall, à Taïf, qui l’a initié à « la parole de Dieu » puis à la théologie.
En 1952, il débarque en Algérie « pour approfondir ”sa” connaissance du Livre Saint et de la Sunna du Prophète Mohammed ».
Avant de se retrouver deux ans plus tard, toujours à la poursuite du savoir, en Mauritanie.
Un pays qui lui colle encore à la peau. Il y a pris et repris femme, et y compte encore de nombreux amis.
Devenu le calife de Darou Khoudoss (dénomination de la concession paternelle à Touba) en 1978, Serigne Mbacké Sokhna Lô s’est fixé comme défi de faire mieux, sinon autant que son père, le premier descendant de Cheikh Ahmadou Bamba à avoir visité le monde, compris la nécessité de s’ouvrir à la modernité, bâti une fortune dans le négoce international, conduit des voitures de luxe, construit des maisons en dur…
Première autorité religieuse subsaharienne à défendre une motion de soutien au peuple palestinien, dès les années 1960, Gaïndé Fatma a eu des liens très étroits avec Yasser Arafat, Sékou Touré, Félix Houphouët-Boigny, William Tolbert, Mohammed V puis Hassan II…
Serigne Mbacké Sokhna Lô a entretenu ces nombreuses relations jusqu’à ce que la mort y mette un terme. Non sans se faire son propre « réseau » parmi les grands de ce monde.
Il est reçu avec les honneurs dans les palais du roi Mohammed VI, d’Omar Bongo Ondimba, de Maaouiya Ould Taya, de Teodoro Obiang Nguema.
L’homme fort du nouvel émirat pétrolier équatoguinéen a dépêché un avion spécial pour amener le marabout à Malabo, le 15 octobre 2004. Les « bénédictions » de l’arrière petit-fils de Cheikh Ahmadou Bamba sont courues par bien des têtes couronnées.
Serigne Mbacké Sokhna Lô a hérité de Gaïndé Fatma le goût de construire. Au bâtiment en dur érigé en pionnier par son père en 1954 à Taïf, il a répliqué par un château, achevé en 1998, qui tranche avec le décor rustique de ce village.
Dans cette demeure aux somptueuses bâtisses dérobées aux regards par de longs murs, le visiteur est ébloui par le marbre, l’électroménager dernier cri, le mobilier importé du Maghreb, l’exubérance de la maroquinerie et de la robinetterie, mais aussi par la cour verdoyante illuminée par des lampadaires au style gothique.
Coût de l’ouvrage : 1,5 milliard de F CFA (2,28 millions d’euros). Abdoulaye Wade, qui y a dormi le 5 juin 2004, a confié à des proches avoir été frappé par le luxe et le bon goût des lieux.
Les hôtes de marque se succèdent dans ce village de 3 062 âmes et 350 concessions, perdu dans la brousse à 27 km de Touba, la capitale du mouridisme.
Des ressortissants de pays de la sous-région, des Mauritaniens notamment, y séjournent par dizaines, pendant de longs mois. Taïf sait mettre les petits plats dans les grands.
Comme dans un festin sans fin, le marabout égorge chaque jour dix moutons et trente poulets pour nourrir sa famille et ses visiteurs. Réputé bien s’occuper de ses hôtes, il leur offre à leur départ boubous, parfum, argent.Il était riche comme crésus et en profitait pour satisfaire tous ceux qui venaient lui rendre visite.Il était un guide religieux exceptionnel.