Seul face à l’orage : Macky Sall “ressuscite” le Premier ministre !
Le Président Macky Sall en a traversé des mauvaises passes. Des manifestations consécutives à l’affaire Ousmane Sonko aux vagues successives de la pandémie du Covid-19 et ses conséquences désastreuses sur l’économie en passant par la pression sociale, le Chef de l’état a souvent été seul face à l’orage. Plus de rempart, pour endiguer les assauts et plus de bouc émissaires pour supporter les échecs. La suppression du poste de premier ministre était passée par là. Une situation qui a sans cesse reposé la question de la pertinence de la suppression du poste de Chef du Gouvernement. En décidant de s’accommoder encore d’un Chef du Gouvernement Macky Sall rectifie le tir :
Le Président de la République a décidé réinstaurer le poste de Premier ministre. Une décision justifiée, par les engagements diplomatiques du Chef de l’état et nécessité de mieux coordonner l’action gouvernementale, “le président a senti la nécessité de mettre un Premier ministre pour mieux huiler la coordination des affaires gouvernementales sans que ce soit à son niveau. Pourquoi ? À cause du contexte diplomatique. Parce que le président de la République va être le président en exercice de l’Union africaine. Ce qui fait qu’il consacrera une partie de son énergie aux relations diplomatiques, à l’Union africaine”, a déclaré le ministre d’état Ismaïla Madior Fall. Une thèse officielle qui cache mal les réalités de la solitude du pouvoir.
L’affaire Sonko-Adji Sarr et les événements du mois Mars :
La barque présidentielle a été fortement secouée par l’affaire Sonko-Adji Sarr. Le Chef de l’état en première ligne s’est exposé aux attaques de ses adversaires dont certains n’ont pas hésité à appeler à sa démission. L’absence d’un “fusible” a été durement ressenti par la majorité présidentielle. Le poste de Premier ministre ne faisant plus parti de l’architecture institutionnelle du Sénégal. Le Président de la République en a décidé ainsi après sa réélection. Une mesure motivée par une volonté de donner corps au “Fast track”, “ces réformes ont été engagées dans le souci d’aller vite parce que nous sommes dans un quinquennat. Nous devons travailler pour que les réformes et les projets puissent impacter les populations le plus rapidement possible. Il faut mettre en œuvre le PAP 2 (Plan d’actions prioritaires) avec une diligence particulière. Et pour cela, il faut éviter les goulots d’étranglement. Il faut qu’on puisse élaguer les branches inutiles de l’arbre de prise de décision”, avait expliqué Macky Sall aux députés de la mouvance présidentielle. Seulement, depuis cette décision, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Le coronavirus est venu bouleverser toutes les prévisions.
La Covid-19, l’économie en berne et les pressions sociales :
Face à la crise sanitaire, le Sénégal s’est trouvé en eau trouble. En dehors de ses conséquences désastreuses sur la santé publique, le coronavirus a plombé l’économie. La croissance économique s’est écroulée comme un château de carte. Le Chef de l’Etat a été souvent obligé de monter seul au front, face à des syndicats qui ne cessaient d’accentuer la pression sur l’exécutif. Les restrictions imposées par la nécessité d’endiguer la pandémie avaient fini par exaspérer les populations qui refusaient de plus en plus de s’y soumettre. Le Président de la République était le réceptacle de toutes les colères, s’exposant ainsi à toutes les critiques, là où un Premier ministre aurait joué son rôle de “bouclier”. La mise en quarantaine du Chef de l’état, après avoir été en contact avec un cas positif, avait ravivé le débat sur la pertinence de la suppression du Premier ministre.
Macky Sall a été également la cible favorite des opposants qui n’ont cessé de le clouer au pilori et ses échecs sans cesse brandis à une opinion de plus en plus impatiente. C’est d’ailleurs face à ces assauts répétés que le Président Macky Sall a senti l’obligation de répondre à ses adversaires avec son fameux, “personne ne peux m’intimider”… Il n’avait personne pour le faire.
senegal7