La 28e édition du sommet France-Afrique se tient sans les présidents du Continent. Le président français a décidé de donner une nouvelle touche à cet évènement qui passe au crible les relations entre la France et l’Afrique. Cette année, la jeunesse du continent est à l’honneur. Une opportunité mise à profit par ces « représentants » du continent pour dire leurs vérités au chef de l’État français.
Dans un cadre plutôt soft, les ambassadeurs de l’Afrique et de sa diaspora n’ont pas caressé leur hôte dans le sens du poil. Par exemple Adam Dicko a interpellé le président Macron sur sa propension à se passer pour le sauveur du Mali. « Nous sommes au Mali pour aider le Mali. J’ai envie de vous dire que si ce n’étaient pas les africains, il n’y aurait pas de France aujourd’hui. Nous sommes liés. Arrêtez de dire que vous êtes venus nous aider. Parce que le terrorisme ne menace pas que le Mali. Vous êtes aussi menacé ! Arrêtez de nous culpabiliser sur une position de victime », a lancé l’activiste malienne, applaudie par la salle.
Après l’avoir écouté, le chef de l’Etat français répond : « Je ne vous culpabilise pas. J’essaie de restaurer un dialogue réciproque. On n’est pas là simplement pour nos intérêts ».
Quelques instants plus tôt, le président français s’est vu rappeler que « ce qui se passe au Sahel est la conséquence de ce qui a été fait en Libye ». Sans passer par quatre chemins, Emmanuel Macron assume le rôle joué par la France dans la déstabilisation de la Libye. « Ce que vous avez dit sur la Libye, je l’ai dit à plusieurs reprises comme président. On n’a pas respecté la souveraineté d’un peuple et ça c’est une erreur », admet-il.
Quand elle a pris la parole, Eldaa Koama, entrepreneure burkinabé n’a pas fait baisser la tension. Pour elle, l’heure de se comporter en sauveur du continent est révolue. « Si on doit vivre ensemble, ça sera dans l’interdépendance et dans le respect », insiste-t-elle. Un franc-parler qui a par moment provoqué l’hilarité de la salle et du président français qui partage la « clarification sémantique » de l’oratrice. « Je ne parle pas d’aide. Je ne pense pas qu’on va développer qu’un ou développer un continent », ajoute Emmanuel Macron qui a été bien secoué par l’intervention de l’activiste sénégalais, Cheikh Fall.
Le fondateur d’Africtivistes a invité le président français « à prendre ici et maintenant des engagements forts, des décisions fortes pour reconnaître et accepter de demander pardon au continent africain. » « Je vous appellerai à cesser de coopérer, de collaborer avec ces présidents dictateurs en Afrique. Je vous inviterai à cesser cette pseudo-opération paternaliste ; programmer un dispositif de retrait progressif et définitif de vos bases militaires en Afrique…», poursuit le cyberactiviste, entre autres attentes.
« C’est pas vrai qu’on oubliera le passé et ses blessures. Il faut les assumer et ça passe par un discours de reconnaissance, de considération et de capacité à aller au-delà », rétorque Emmanuel Macron.
Malgré leur discours de vérité à leur hôte, les jeunes africains invités à ce sommet essuient de critiques véhiculées sur la toile. Les voix hostiles qui se sont fait entendre soutiennent que c’est une rencontre qui vise à soumettre davantage l’Afrique. Pour les pro-sommet, c’est une occasion de dire de vive voix ce qu’ils pensent de la coopération franco-africaine.
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