Que les observateurs nationaux et internationaux se le tiennent pour dit : «si rien n’est fait pour juguler les menaces» qui pèseraient sur la présidentielle de dimanche prochain, la conférence des représentants des quatre candidats de l’opposition «f(era) face». Celle-ci a exprimé sa position en conférence de presse, ce jeudi. Nous vous proposons ci-dessous en intégralité la déclaration liminaire lue à cet effet.
CONFERENCE DE PRESSE DES REPRESENTANTS DES 04 CANDIDATS
TEXTE LIMINAIRE
Mesdames et Messieurs les journalistes, bonjour.
Merci d’être venus répondre à notre invitation.
C’est à notre corps défendant, que nous vous convions à une conférence de presse à 24 heures de la clôture de la campagne électorale et à 48 heures du jour du scrutin.
Mais il nous faut encore alerter, nous n’avons cessé d’ailleurs d’alerter l’opinion nationale et internationale relativement aux dérives du pouvoir en ce qui concerne le processus électoral au Sénégal, entaché d’irrégularités depuis le référendum de mars 2014.
Nous voulons aujourd’hui toucher du doigt, les problèmes, qui le jour du scrutin ou au lendemain du scrutin seraient sources de tension dans le pays et pourraient nous plonger dans des lendemains incertains.
Notre alerte s’adresse particulièrement aux parties prenantes à l’élection (CENA, Conseil Constitutionnel, observateurs nationaux et internationaux).
Nos plénipotentiaires ont d’ailleurs rencontré ce 20 février 2019 les observateurs de l’Union Africaine et leur ont fait part de nos préoccupations.
Si rien n’est fait pour juguler les menaces, qu’on ne viennent pas nous dire, après le scrutin, la fameuse phrase ‘’ Il n’y a pas eu d’irrégularités susceptibles d’entacher la sincérité ou la transparence de l’élection’’. Il y aura bien élection non transparente et nous ferons face.
I-QUID DU FICHIER ELECTORAL ?
Jusqu’à ce jour, l’article L. 48 du code électoral qui permet à tout parti politique d’avoir un droit de regard et de contrôle sur le code électoral n’a pas été respecté.
Néanmoins, conformément aux dispositions de l’article L 11 du code électoral, le fichier a été remis aux candidats en version électronique et en version papier le 4 Février 2019.
Ce document nous a permis de constater plusieurs incohérences et omissions douteuses.
A-LES MANIPULATIONS DOUTEUSES DU FICHIER ELECTORAL
Après analyse par nos experts de différents documents, un ajout d’environ 31500 inscrits a été effectué.
Il s’y ajoute :
6.682.075 électeurs fixés par arrêté 20025 du 24 Aout 2018 pour le compte du parrainage
6.683.043 électeurs dans le fichier en notre possession et remis officiellement par la Direction Générale des Elections,
Soit une augmentation encore de 968 électeurs après la fermeture de la période de révision exceptionnelle des listes électorales.
B-DES OMMISSIONS VOLONTAIRES ET FRAUDULEUSES
La non-conformité entre le fichier physique et le fichier électronique avec un certain nombre de centres de vote et de bureaux de vote qui n’existent que sur le fichier électronique et non sur le fichier papier a été identifié, alors que le fichier en papier fait office de listes d’émargement des électeurs votants le jour du scrutin !
A l’étape actuelle de nos investigations, les exemples suivants sont décelés :
· Département de Guédiawaye
Commune de Medina Gounass :
Le problème concerne ici la totalité des électeurs du Centre de vote de l’école primaire Medina Gounass.
Commune de Golf Sud :
La totalité des électeurs des BV 9 et 10 et une partie des électeurs du BV 8 dans le centre de vote du Lycée des Parcelles Assainies sont concernés.
· Département de Mbour
Commune de Mbour :
4 centres de vote sont touchés par ces manquements :
1. Ecole Badara SARR
2. Ecole Hamadou Lô
3. Ecole Cheikh Demba NIANG
4. Ecole Diamaguene 2
· Italie
14 villes manquent dans la circonscription de MILAN
19 Villes omises dans la circonscription de ROME
Nb : Les listes complètes de ces villes sont disponibles
II-La Confection abondante et sélective de duplicatas et les déplacements massifs des électeurs de l’opposition
A-LES ENSEIGNEMENTS FACHEUX DU PARRAINAGE :
· L’identification à priori des électeurs potentiels de l’opposition avec la violation du secret du vote par l’application du parrainage unique assorti de menaces judiciaires en cas d’inscription sur deux ou plusieurs listes (Article L.68)
NB : Disposition non appliquée et sans explication jusqu’à présent !
· La notion de parrainage hors région utilisée comme arme pour rejeter un grand nombre de parrains et éliminer 22 candidats à l’élection présidentielle et qui risque de la même manière d’empêcher à ces mêmes électeurs de voter le jour du scrutin,
· la création de plusieurs nouveaux centres de vote sous le prétexte fallacieux de rapprocher les électeurs de leurs adresses électorales sans leurs avis dans les zones ou le candidat se sait faible. Exemple dans la commune de Touba Mosquée (278.834 électeurs) dans le département de Diourbel avec 08 nouveaux centres de vote qui polarisent plus de 50.000 électeurs et dont la majorité attendent leurs duplicatas,
· et durant la même période, le candidat sortant convoie le jour au vu et au su de tout le monde, des centaines de leurs militants avec une forte coloration ethnique pour une production sélective et partisane de duplicatas,
· le déplacement inexpliqué de 244 électeurs des pays de la Scandinavie pour les contraindre à aller voter aux Pays Bas sur un trajet de 15h de route alors qu’il existe un bureau en Suède ; le même procédé étant utilisé au niveau de la France et partout ailleurs dans la diaspora.
III-Le positionnement du département de Podor (22 communes) comme le cœur de la machine de fraude du candidat sortant
· 141.215 électeurs 2012 répartis dans 221 centres de vote et 389 bureaux de vote
· 207.955 électeurs en 2019 répartis dans 238 centres de vote et 480 bureaux de vote
· Une augmentation exponentielle de 66.740 électeurs répartis dans 17 nouveaux centres de vote et 91 nouveaux bureaux de vote en 7 ans !
Cas de la petite commune de BOKEDIALOUBE de l’ex ministre de l’Intérieur avec ses 27.539 habitants
· 13.261 personnes ayant 18 ans et plus (Chiffre de l’ANSD)
· 18.337 électeurs en 2019, soit un surplus de 5076 électeurs transférés avec des personnes dont la plus part proviennent des pays frontaliers et qui ont eu à obtenir leurs actes de naissance grâce aux nombreuses audiences foraines très fréquentes dans cette localité du Nord.
Nous demandons aux Observateurs nationaux et Internationaux, à la CNA, aux Juridictions impliquées dans l’élection présidentielle de :
1. Chercher à demander une explication à l’évolution du nombre d’inscrits dans le fichier entre la période du 23 Aout 2018 et le 4 Février 2019 alors que la révision des listes électorales était déjà close,
2. Demander l’explication sur la réparation des omissions volontaires dans le fichier électoral ( qui fera office de listes d’émargement pour les représentants des candidats dans les BV),en mettant à la disposition des observateurs la bonne version complète du fichier à titre comparatif et leur permettre en cas de manquement de palier sans délai ce préjudice
3. S’assurer que le fichier électoral et la carte électorale qui serviront d’outils de travail au Conseil constitutionnel , juge des élections, soient identiques à ceux donnés aux candidats pour juguler surtout l’existence d’éventuels bureaux fictifs
4. Exiger la liste complète de tous les électeurs déplacés pour motif de rapprochement à leurs adresses électorales et ayant bénéficier de duplicatas ; et renseigner de manière chiffrée sur l’état de production et de mise à disposition de ces duplicatas à leurs ayants-droits
5. permettre aux électeurs déplacés très loin de leurs lieux de vote (Les 244 électeurs de la Scandinavie) de voter exceptionnellement dans un bureau crée à cet effet dans leurs pays de résidence afin de leur éviter 15 heures de route vers les Pays Bas
6. ouvrir une enquête pour élucider les incohérences notées dans l’évolution de l’électorat de la commune de Bokedialoube et le nombre impressionnant de nouveaux actes de jugement de naissance dans toutes les communes frontalières du Nord du pays
7. rendre transparent le dispositif de délivrance des ordres de mission avec l’implication des mandataires des candidats et des observateurs et rendre publique la liste des concernés. TOUS LES ORDRES DE MISSION DEVRONT ETRE EPINGLES AUX PROCES-VERBAUX DEPUIS LES BUREAUX DE VOTE
8. s’accorder sur les modalités pratiques d’encadrement réglementé du vote de tout électeur détenteur de sa carte d’identité CEDEAO, avec les indications d’un centre et d’un bureau de vote et dont le nom ne figure pas sur la liste d’émargement de ces dits lieux
9. S’assurer de la disponibilité de TOUT le matériel électoral (bulletins, urnes, isoloirs, encre indélébile, et tous les autres accessoires)
10. enfin, la récusation de la présence de tout représentant du Ministère de l’Intérieur dans les commissions de recensement de votes et exigeons l’application à la lettre des dispositions réglementaires de l’article LO.138 du code électoral.
Nous n’allons pas conclure sans dire que nous avons été informé d’éventuelles tentatives de sabotages du vote le 24 février 2019 dans le département de Mbacké et plus précisément à Touba. Les mêmes actes pourraient être perpétrés à Dakar.
Nous demandons au Ministre de l’intérieur et au Haut Commandant de la Gendarmerie en zone rurale de prendre leur responsabilité pour sécuriser le vote.
Par ailleurs une stratégie de mise en retard du déploiement du matériel électoral est en train d’être orchestrée dans les régions de Dakar, Thiès et Ziguinchor.