SOUVENIR!!! THIAROYE 44 – 74 ANS D’OUBLI, D’HUMILIATION ET DE PIED DE NEZ

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Il y a 74 ans aujourd’hui, plusieurs dizaines de « Tirailleurs sénégalais » subissaient un massacre pour ce qui devint l’une des pages les plus sombres de la collaboration entre la France et l’Afrique. Ces soldats, au nombre de 1280, qui avaient combattu pour la libération de la France lors de la Seconde guerre mondiale au point d’en être prisonniers des nazis après la défaite de l’armée française en juin 1940, étaient ensuite renvoyés au Sénégal. Renvoyés au Sénégal, ils sont alors confinés au camp militaire de Thiaroye, dans la banlieue de Dakar, en vue d’être ventilés dans leurs pays d’origine respectifs pour ceux d’entre eux qui n’étaient pas Sénégalais.

Démobilisés, ils réclament l’argent qui leur est ainsi dû (pécules, primes, rappel de solde de captivité, etc.). Cet argent devait leur être versé, selon une circulaire du Gouvernement français, en deux parties (un quart à 15 minutes de leur embarquement en France et le reste une fois à Dakar). Une promesse qui n’a jamais été respectée. Difficile de savoir pourquoi. Toujours est-il que c’est le début d’une tragédie.

Le 27 novembre 1944, un contingent de 500 hommes devant rejoindre Bamako et des colonies du Sud, refuse de partir sans être payés. Le lendemain, le général Marcel Dagnan chef de la division Sénégal-Mauritanie prend l’initiative de les rencontrer, en l’absence de son supérieur, le général de corps d’armée Yves de Boisboissel, qui chapeaute toutes les troupes de l’AOF et du gouverneur civil, Pierre Cournarie. Chahuté par les tirailleurs, Dagnan prend mal l’affront et décide d’organiser la riposte, avec l’accord de ses deux supérieurs précités. « Ma conviction était formelle : tout le détachement était en état de rébellion. Il était nécessaire de rétablir la discipline et l’obéissance par d’autres moyens que les discours et la persuasion », écrit-il dans son rapport.

Le 1er décembre 1944, les tirailleurs sont rassemblés sur l’esplanade du camp de Thiaroye et le général Dagnan donne l’ordre à l’armée d’encercler le camp et d’ouvrir le feu sur eux. Selon le témoignage d’El Hadj Doudou Diallo recueilli par la RFI en 1994 et rapporté par France Inter, les tirailleurs ne menaçaient pas le général Dagnan contrairement à ses dires. « Ils n’étaient pas incorrects. Ils étaient fermes, décidés. Mais patriotes. Nous avons demandé tout simplement ce que nos camarades français ont reçu. Alors, le général nous dit : « Restez calmes, nous allons nous occupez de la situation. Dans deux ou trois jours, la question sera réglée. Nous lui avons fait confiance. Deux ou trois jours après, nous avons vu les soldats encercler le camp de Thiaroye. Et ce qui s’est fait s’est fait… »

Le bilan est lourd mais le nombre de victimes n’est jamais révélée à cause sans doute d’une tentative de maquiller l’histoire du drame. Les différentes sources chiffrent le nombre de morts à plus d’un millier : entre 1200 et 1700. Tous enterrés dans une fosse commune au sein du camp Thiaroye, qui, autre honteuse ironie de l’histoire, n’a rien à voir avec le cimetière des martyrs où un hommage leur est rendu. Il n’y sont pas.

emedia

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