Suspension du vaccin d’AstraZeneca dans des pays européens : le Sénégal doit-il réajuster sa stratégie de vaccination ?

0 8

L’espoir qu’avait suscité le vaccin d’AstraZeneca en Ecosse où des résultats encourageants ont été enregistrés vient-il de s’estomper ? Ce jeudi 11 mars, le Danemark a suspendu ce vaccin après des rapports de cas graves de formation de caillots sanguins chez des personnes ayant reçu ce produit. 

 Cependant, il n’est pas encore établi que c’est le vaccin qui est à l’origine de ces troubles de la circulation sanguine. Par mesure de précaution, les autorités sanitaires  danoises préfèrent jouer la carte de la prudence en attendant d’y voir plus clair. Le Danemark a été suivi par l’Islande et la Norvège.

 La réaction enregistrée chez les sujets vaccinés avec le produit d’AstraZeneca et de l’Université d’Oxford au Danemark risque de porter un coup dur à la campagne de vaccination lancée dans les pays pauvres.

Depuis le 24 février, le dispositif Covax a entamé la distribution à grande échelle de ce vaccin sous licence Serum Institute of India. Selon l’alliance du vaccin Gavi qui co-pilote cette instillation avec l’Oms et l’Unicef, 17 millions de doses ont été distribuées dans plus de 20 pays dans le monde depuis cette date.

 À l’image de beaucoup de pays africains, le Sénégal a reçu 324.000 doses représentant la première partie de son quota gratuit de 1,3 million d’injections le 3 mars dernier et devrait accueillir le reste dans moins de trois mois. Selon les informations de Dakaractu, les premières injections d’AstraZeneca ont été faites dans le cadre de la stratégie de vaccination nationale.

 Avant l’arrivée de ce produit, notre pays avait acquis un lot de 200 000 doses auprès du laboratoire chinois Sinopharm pour vacciner les cibles prioritaires que sont le personnel de santé et le troisième âge, sans oublier les personnes vivant avec des comorbidités.

 Les nouvelles en provenance de Copenhague devraient-elles être suivies avec la plus grande attention ? C’est le moins que les autorités sanitaires puissent faire d’autant plus que le Danemark a remarqué ces formations de caillots de sang après avoir décidé d’autoriser le vaccin aux 65 ans et plus.

 Contacté par Dakaractu, le Dr Abdoulaye Kébé Dia préconise la prudence à défaut d’une suspension de la campagne de vaccination au Sénégal. « Le principe de précaution doit prévaloir dans la mesure où certains pays l’ont adopté. Il y va de la sécurité des patients mais aussi pour rassurer les populations sur la rigueur scientifique et la transparence appliquées dans la gestion de cette pandémie », conseille le docteur en sciences de la Santé basé aux États-Unis.

 En réalité, ce sont sept pays européens qui ont suspendu la vaccination avec AstraZeneca. En Autriche, la mort d’une soignante de 49 ans suite à de graves troubles de la coagulation avait entraîné le retrait du même vaccin. Dans la foulée, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie et le Luxembourg avaient décidé d’arrêter temporairement l’inoculation d’AstraZeneca à leurs citoyens.

 Surveillance de l’Innocuité du vaccin recommandé

 Au Sénégal et dans les autres pays africains, c’est l’avis du Groupe consultatif stratégique d’Experts (SAGE) qui a prévalu. Cet organe de l’Organisation mondiale de la Santé a recommandé l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca pour les 65 ans et plus et dans tous les pays où les nouveaux variants (britannique, sud africain et brésilien) n’ont pas encore atteint des proportions inquiétantes.

 L’Afrique du Sud a suspendu sa campagne avec Astrazeneca après avoir constaté qu’il n’était efficace qu’à 22% sur le variant 501Y.V2 . Le reste du stock acheté auprès du SII cinq (05) dollars la dose a été offert à l’Union africaine (UA) qui le mettra sans doute à la disposition des pays qui en formuleront le besoin.

 Ce variant n’étant présent que dans une cinquantaine de pays tous continents confondus, le Convact, groupe d’experts de l’Union africaine à laquelle appartient le Professeur Souleymane Mboup, a demandé son administration dans les territoires où il est absent ou sa présence est moindre.

 En revanche, le virologue sénégalais avait également plaidé pour la surveillance de l’innocuité du vaccin. « La surveillance doit être de mise dans l’utilisation de ce vaccin et toute constatation d’effets néfastes doit être suivie d’une suspension systématique », nous avait confié le président fondateur de de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (IRESSEF).

 Pour l’heure, les informations dont disposent Dakaractu ne font état d’aucun effet secondaire chez les premières personnes qui ont pris ce vaccin au Sénégal. Nos tentatives d’entrer en contact avec le Comité consultatif de suivi de la vaccination sont restées vaines…

Avec Dakaractu

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.