A-t-elle été violée par le chauffeur de taxi clando Abdou Lahat Sokhna qu’elle a mortellement poignardé. C’est cette énigme que les enquêteurs de la Brigade de gendarmerie de Nguinth cherchent à démêler suite à la consultation gynécologique ordonnée par le procureur de la République dans le cadre de l’enquête ouverte. Igfm qui a rencontré la mère de la fille revient sur le film de ce drame.
Née le 26 juillet 2003 à Chérif Lô, F.Lô a vu sa vie basculer ce dimanche. En quittant son village natal Ndiakhaté, dans le département de Tivaouane, cette élève en classe de 3e ne savait pas que son existence rurale si paisible allait se transformer en cauchemar en ville. Avec ses amies notamment S.Diakhaté et M.Mbaye, elles ont quitté, avant-hier, leur village pour se rendre dans un baptême au quartier Fahu, dans la commune de Thiès-Est. Arrivées dans la cité du rail, au rond-point Nguinth, elles ont marché quelques pas avant de stopper un taxi clando à quelques mètres du commissariat central.
«Elle a demandé au chauffeur d’appeler son père pour qu’il lui indique le chemin à suivre puisqu’elles se sont perdues en chemin. Son père dit au chauffeur de les déposer devant la grande porte du stade Lat Dior où il viendra plus tard les chercher», renseigne sa mère Bigué Ndiaye. Elle signale que lorsque le chauffeur du taxi clando, répondant au nom d’Abdou Lahat Sokhna né le 29 janvier 1994 à Silmang Thiès, raccroche son téléphone, il roulera quelques mètres plus loin avant de dire aux filles que leur père lui a dit d’amener l’une d’elle et de laisser les deux autres après le stade parce que la voiture qui vient les chercher n’avait que deux places disponibles. Toute furieuse, S.Diakhaté et M.Mbaye vont descendre du véhicule. Elles s’interrogent sur cet acte du père de leur amie qui a demandé au chauffeur d’amener sa fille et qu’elles attendent qu’une autre voiture vienne les chercher.
«Demba Diakhaté m’a appelé pour me dire de trouver un moyen pour aller chercher les filles qui étaient perdues. Personnellement, je ne connaissais personne autour de moi qui pouvait aller les chercher. Finalement, il y est allé. Il n’a pas trouvé les filles à l’endroit où il avait demandé au chauffeur de les déposer. Il m’a rappelé pour m’informer de cette situation. Je lui ai donné le numéro de téléphone de M.Mbaye. Quand il la contacte au bout du fil, elle lui dit que ma fille est partie avec le chauffeur qui leur a fait comprendre que c’est le père de celle-ci qui lui a donné ces instructions», souligne-t-elle. Et d’ajouter: «Lorsque Demba Diakhaté retrouve les deux filles qui n’étaient pas loin de sa position, elles lui racontent ce que le chauffeur leur a dit. Alors il leur fera comprendre qu’il n’a jamais dit au chauffeur de les laisser en chemin et de conduire sa fille. Il m’a signalé qu’il lui était d’ailleurs impossible d’avoir ma fille au bout du fil. Il tombait à chaque fois sur sa boîte vocale. On était tous inquiets».
Poursuivant ses propos, elle déclare : « finalement, beaucoup de personnes qui étaient au baptême ont tenté d’appeler sur le numéro de ma fille en vain. C’est sur les coups de 14 heures que nous avons quitté le baptême pour aller à sa recherche. On ne savait pas par où commencer. Nous sommes alors partis faire une déclaration à la police. Nous sommes retournés à l’endroit où le chauffeur avait déposé les filles. Avant même qu’on arrive sur les lieux, j’ai reçu un appel.Un homme a voulu savoir si j’étais la mère de F.Lô (qu’elle appelle par Sokhna). Il me dira qu’il l’a trouvée à la sortie de la ville vers le village de Keur Bara Kaïré sur l’autoroute à péage. Il m’apprend qu’elle était blessée. On lui a suggéré de nous rencontrer au poste de police des Parcelles Assainies étant entendu qu’on ne connaissait pas le village qu’il nous a indiqué. Quand j’ai trouvé ma fille, elle saignait au bras».
«Je lui ai demandé ce qui s’est passé. Elle m’a dit qu’elle a été blessée par le chauffeur de taxi. Elle me raconte sa mésaventure et me signale que le chauffeur qui l’a conduite en brousse avait cherché à la violer. Il n’était pas parvenu à la maîtriser. Il a alors sorti un couteau pour l’intimider. Sokhna ne s’est pas laissé faire. Le chauffeur lui dit qu’il va la tuer si elle continue à lui résister et la blesse au bras. Elle se battra jusqu’au bout avec lui pour ne pas lui permettre d’arriver à ses fins. Au moment où il a voulu assouvir sa libido, elle se saisit du couteau lui planque quelques coups au corps sans trop savoir où elle le plantait. Atteint, le chauffeur s’est affalé au sol. Elle prend ses bagages dans la voiture et décampe. Quand elle m’a dit que le chauffeur était blessé, j’ai dit à mes accompagnants de retourner à la police pour qu’on aille ensemble identifier l’agresseur de ma fille. Nous y sommes rendus avec un policier. Ma fille ne se retrouvait plus parce qu’elle ne connaissait pas cet environnement. C’est au moment du retour qu’elle a pu repérer le pont sur l’autoroute à péage que le chauffeur avait emprunté. Elle a pu avoir des repères. Quelques mètres plus loin, nous avons aperçu le véhicule. Sur les coups de 16h, nous avons trouvé le chauffeur couché par terre face contre terre. Baignant dans une mare de sang, il était sans vie».
Mame Fama GUEYE (Envoyée Spéciale à Thiès)