Onze cas communautaires en 10 jours… Touba file droit vers une situation insoutenable. Rien que pour ce mercredi, 4 cas communautaires ont été détectés dans la cité religieuse, en plus des 7 malades affectés via ce type de contamination déjà sous-traitement. Ce qui fait un total de 11 cas communautaires en plus des cas contacts suivis confinés au niveau du centre de santé de Darou Marnane.
Si ce type de cas préoccupe intensément les autorités, c’est que par son nombre mais surtout par les profils des malades qui, en plus du fait qu’ils sont victimes de la transmission communautaire, se présentent comme étant des personnes qui sont très fréquentées et qui fréquentent beaucoup de lieux et de personnes.
Ces profils qui inquiètent
Le commerçant de Ocass…
Le 11 avril 2020, alors que tout le monde espérait que Touba allait afficher zéro à son compteur-coronavirus, un nouveau cas communautaire allait être déclaré. Il s’agit de ce commerçant âgé de 55 ans environ, monogame, demeurant dans une concession de 15 personnes. D’où déjà le caractère inquiétant de son profil. Commercant au marché Occass, reçu au poste de santé de Khaira le 08 avril pour fièvre, toux et douleurs diffuses, il bénéficiera de 3 prélèvements dont 2 avec résultats douteux et un troisième finalement concluant. Dans cet intervalle, combien de personnes, l’homme a-t-il contaminé même si des investigations pour établir le line listing des contacts a été, par la suite menée. L’homme sera d’ailleurs, quelques jours plus tard transféré à Dakar.
Le vigile et le quincaillier…
Un jour plus tard, c’est autour de ce vigile d’être ramassé à « Tali Bu Bess » non de la voie ferrée. L’homme qui gère la sécurité rute de deux commerces au centre ville et au marché Ocass souffrait déjà trop lorsqu’il a été récupéré par les services médicaux de Touba. Il présentait déjà l’ensemble des symptômes attendus chez un malade du coronavirus. Autrement dit, il a traîné sa maladie pendant plusieurs jours en plus du fait qu’il habitait aussi un grand immeuble. Devant les boutiques sous sa responsabilité, combien de personnes lui ont dit bonjour ? Combien de personnes ont touché les poignets de ses portes?
Son profil n’est pas loin de celui du quincailler de Madyana. Ce vieux de plus de 60 ans officie dans un commerce très fréquenté et dans le quartier le plus populaire de Touba. Il est aussi réputé très assidu au marché Ocass de Touba.
Le marayeur et le vendeur de lait caillé…
Quand on est vendeur de poisson, on est forcément en contact avec les femmes. Un marayeur de Touba confie à Dakaractu qu’il reçoit en moyenne devant son étal en moyenne 50 femmes le jour. « J’ai 25 clientes qui me sont fidèles. Le même nombre de femmes que je ne connais pas marchande avec moi tous les jours en moyenne », nous dira Saourou. Ces 50 femmes rentrent dans 50 foyers différents. Combien de personnes sont exposées au virus mathématiquement ?
Son profil est presque identique à celui du vendeur de lait caillé. Compte non tenu du fait qu’il vend une marchandise consommable sans cuisson et très prisée en cette période de chaleur à Touba, l’homme parcourt au quotidien des centaines de cantines pour écouler son produit. Sa capacité de contamination est par conséquent énorme.
L’agent de santé et le bijoutier…
Biologiste, cette dame semble être le cas communautaire qui pourrait contaminer le moins de personnes que tous les autres. Les deux foyers qu’elle pourrait infecter sont l’hôpital Matlaboul Fawzeini et la maison familiale. Pour ce qui concerne l’hôpital (où en dehors des malades qui viennent effectuer des analyses) tout le monde se protège. Chez elle, par contre son époux, qui est aussi une blouse blanche , et ses parents sont exposés.
Il y a aussi le bijoutier de Touba. L’homme, immobile dans sa bijouterie et avec une vitrine comme barrière avec ses clients, pourrait aussi ne pas contaminer un nombre important de personnes. Rien de scientifique ! Mais la pression est plus forte pour les autres cas.
Les 2 derniers cas…
Toutes des femmes, leurs profils restent encore à être établis. Néanmoins, il reste évident qu’à Touba, les femmes sont plus mobiles avec ces activités qu’elles mènent dans les marchés et autres lieux publics et privés, surtout que ces dernières habitent les quartiers périphériques de la cité. Des quartiers généralement surpeuplés et évoluant dans des conditions de vie précaires.
Comportements encore inadéquats
Si le port de masque est devenu presque une règle à Mbacké, à Touba, tout demeure encore très timide. Au marché Ocass (qui sera fermé à patir de demain totalement pour tout le monde et ce, pendant trois jours avant d’être rouvert juste pour le commerce supposé essentiel), les masques enroulés autour des mains ravissent la vedette à ceux qui enveloppent nez et bouche de leurs propriétaires. Autrement dit, une bonne partie des populations ne s’en procurent que pour se soustraire au contrôle des forces de l’ordre dont la présence est loin de cerner tous les coins et recoins du marché.
Si chez beaucoup les poignées de mains sont bannies, il saute à l’œil nu que les règles de distanciation sociale sont carrément ignorées.
Au niveau des véhicules dits « Mbacké-Touba », le nombre de personnes à bord est réduit et parfois le port de masques effectif. Des masques, toutefois, arrachés dès la montée ou la descente de la voiture lorsqu’on est à l’abri des yeux des forces de l’ordre. Autrement dit, il faudra largement plus que la fermeture des marchés ou le contrôle des véhicules de transport pour couper la chaîne de transmission.
Dakaractu