Partout où il est passé, le premier des Sénégalais s’est offert un bain de foule lors de cette tournée qu’il a bien voulu qualifier d’économique. Même si des inaugurations ont été faites ça et là, et des promesses tenues sur le plan purement social et économique, il n’en demeure pas moins que l’incursion du président Sall dans le Sénégal des profondeurs ait une forte connotation politique. Il ne saurait être autrement si l’on sait que le patron de Bennoo Bokk Yaakaar, malmené par les évènements de mars dernier, a besoin d’u tout pour se redorer l’image de leader charismatique et maitre incontestable du landerneau politique sénégalais.
La président Macky Sall est depuis quelques jours en communion avec une partie de son peuple à qui il a dédié une tournée économique. Conformément à ses charges et aux attentes placées en lui depuis 2012, il fait le tour de ces quelques contrées du pays soit pour inaugurer des chantiers arrivés à termes soit pour faire des promesses ou engagements sur la base des doléances reçues. En tout état de cause, ce rendez-vous avec le Chef de l’Etat et son peuple aura permis au Commandant en chef, plus que de tâter le pouls de la population, soigner les maux dont celle-ci souffre de façon endémique. On retient surtout l’inauguration d’établissements de santé tels que l’hôpital régional Amath Dansokho de Kédougou, l’hôpital régional Thierno Birahim Ndao de Kaffrine en sus de l’inauguration de la route de Nganda entre autres activités. A cela s’ajoutent des projets de construction de nouveaux aéroports à Kédougou et Tambacounda, la reconstruction de ceux de Saint-Louis et Ourossogui entre autres.
Cependant, ce serait trop faire preuve de naïveté que de croire que la tournée du président est uniquement économique. Naturellement, derrière le voile de ce qualificatif se dresse un rideau très épais de politique. La vérité est qu’il n’y a aucune décision de le plus haute autorité politique qui ne soit sous-tendue par des raisons purement politiques. En lançant sa tournée, le président Sall qui avait besoin de se rassurer quant au soutien du monde rural envers lui et son régime, s’attend à de véritables retombées sur le plan politique et électoral. Même s’il se défend d’être en campagne électorale en déclarant que « lorsque que le président de la République est en tournée économique, il n’est pas en campagne électorale, il vient voir l’état d’exécution des différents projets, les blocages, les difficultés pour donner un coup d’accélérateur, puisque la raison de vivre de l’Etat, c’est la satisfaction des populations », on ne peut pas dissocier ces inaugurations de l’aspect politique. D’ailleurs, à Kaffrine, le président lui-même avait usé de sa casquette de chef de parti pour faire une déclaration purement politique envers ses souteneurs:
« Je sais que de l’autre côté, certains se permettent de dire que je suis venu dans le cadre économique et j’en profite pour parler de politique, mais je sais qu’ici à Kaffrine, il est clair que la coalition a déjà remporté les élections ».
Qu’à cela ne tienne, Macky Sall qui avait besoin d’une bonne occasion de se refaire son image politiquement écornée lors des manifestations de mars dernier, est en train de sortir la tête de l’eau. Une sorte de remontada est en train d’être infligée à l’opposition qui, profitant de l’ »affaiblissement » du président Sall, surpris par la mobilisation de la jeunesse, avait multiplié les rencontres entre acteurs. Après avoir tenu un discours pondéré où il déclaré avoir « compris » sa jeunesse, le Chef de l’Etat avait dans un premier temps organisé un conseil présidentiel sur l’emploi des jeunes dont il a d’ailleurs profité pour dire avec fermeté que ce qui s’est passé ne se reproduira pas.
Cette tournée dans les régions de Kaffrine, Kédougou et Tambacounda entre de ce fait dans le cadre de cette reconquête de popularité. Ces foules compactes qui l’ont accueilli à chaque étape, le président en avait besoin pour se rassurer et oublier qu’il a été mis à minorité, ne serait-ce que pendant une semaine. Et oui, la première semaine du mois de mars a vu la chaise du président vaciller à cause des remous d’une violence inouïe. Entretemps, il faut oser le reconnaitre, le leader de Pastef, Ousmane Sonko, a réussi à « amollir » Macky Sall d’habitude si hardi en discours et actes envers l’opposition. Son discours au soir du 8 mars résonne toujours du fait de sa pondération jamais constatée. Après cette parenthèse difficile, le Commandant en chef de Bennoo Bokk Yaakaar avait besoin de « récupéré » sa légitimité qui a quand même pris un sacré coup.
Là il tient une bonne occasion, surtout à quelques mois des élections locales de janvier 2022 dont l’issue sera déterminante pour une troisième candidature ou non de Macky Sall. C’est pourquoi sa communication à Kaffrine a été très claire quand il déclare: « ce qui reste à faire, c’est de travailler dans l’union si vous avez les mêmes ambitions et la même volonté à me soutenir. L’heure n’est pas à la division. En plus, être maire ou autre, importe peu. Si vous avez confiance en moi, alors écoutez moi, car nous avons toujours eu de bons résultats depuis que nous avons commencé à cheminer ».
Avec SeneNews