Le pouvoir a beau se défendre de faire de la traque une arme pour promouvoir la transhumance, mais la réalité est là. Sur les 25 dignitaires libéraux soupçonnés d’enrichissement illicite, seuls Karim Wade, Oumar Sarr, Abdou Aziz Diop sont restés au Pds. Les autres ont rejoint la mouvance présidentielle ou sont sur le point de le faire.
Sans le dire explicitement, Abdoulaye Wade accuse le président Macky Sall d’exercer un chantage sur Madické Niang pour le pousser à se présenter à la prochaine présidentielle, et cela contre l’avis du Pds qui a déjà investi Karim Wade, lors d’un congrès extraordinaire. L’objectif du candidat Macky Sall serait d’éparpiller les voix favorables au Pds, selon le Pape du Sopi.
«Objectivement, c’est une candidature de collusion, une candidature téléguidée par Macky Sall qui cherche désespérément, et par tous les moyens, un second mandat que les Sénégalais ne sont pas prêts à lui accorder. Il faut croire que les pressions qu’exerce Macky Sall sur Madické Niang sont irrépressibles au point que notre ami accepte le suicide politique», déclare le secrétaire général national du Pds.
En effet, Madické Niang a été cité par le procureur Alioune Ndao comme faisant partie des 25 dignitaires de l’ancien régime devant être traduits devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Mieux, il faisait partie de la liste de sept personnalités du régime Wadien frappées par une mesure d’interdiction de sortie du territoire national. Mais, son dossier semble être au point mort. Personne ne sait l’état de l’instruction de son dossier.
Et le procureur spécial près la Crei, Alioune Ndao, avait été limogé parce qu’il s’entêtait à vouloir l’entendre. C’est pourquoi, à l’instar de Wade, beaucoup pensent à des pressions venant de l’Exécutif pour favoriser la transhumance ou susciter des candidatures au sein du Pds, la première force politique de l’opposition, pour la fragiliser. Les libéraux ont toujours accusé le président Macky Sall d’utiliser l’arme de la traque des biens dits mal acquis comme une arme de dissuasion pour contraindre des dignitaires du Pds à transhumer.
Sur les 25 dignitaires libéraux soupçonnés d’enrichissement illicite, seuls Karim Wade et Tahibou Ndiaye ont été jugés et condamnés. Et à l’exception d’Oumar Sarr, ancien ministre de l’Habitat et actuel coordonnateur du Pds et son protégé Abdou Aziz Diop, secrétaire général des cadres libéraux, les autres ont rejoint la mouvance présidentielle.
L’ancien ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom, qui était pourtant sous le coup d’une interdiction de sortie du territoire national, s’est payé le luxe d’accompagner le président de la République et d’embarquer dans l’avion de commandement pour un voyage en Guinée Conakry. A défaut de pouvoir intégrer l’Apr à cause du refus du ministre chef de cabinet du président de la République, Moustapha Diakhaté, Ousmane Ngom soutient activement et ouvertement le président Macky Sall avec son mouvement politique dénommé Libéral ca kanam.
Aïda Ndiongue, la «tata» de Karim Wade a récemment rejoint la mouvance présidentielle. Elle a été reçue tout dernièrement par le président de la République. Pourtant, comme Madické Niang et Ousmane Ngom, elle avait été citée parmi les 25 dignitaires de l’ancien régime devant être traduits devant la Crei.
Pis, elle a été emprisonnée durant 17 mois, accusée de détournement de deniers publics, de faux, usage de faux, escroquerie et d’enrichissement illicite à hauteur de 47 milliards 675 millions de francs Cfa.
Mais à la surprise générale, l’ex-sénatrice libérale Aïda Ndiongue, considérée à tort ou à raison comme l’argentière du Pds, a été blanchie. Contre toute attente, le tribunal a ordonné la mainlevée et la restitution de ses biens qui avaient été saisis. L’Etat qui réclamait des dommages et intérêts d’un montant de 25 milliards de Francs a été débouté.
Baïla Wane, l’ex-directeur général de la Lonase fait partie lui aussi des 25 personnes citées à comparaître devant la Crei, mais il roule maintenant pour le président Macky Sall.
Samuel Sarr, ancien ministre de l’Energie, a créé sa propre formation politique et a déclaré sa candidature à la prochaine présidentielle. Il se considère comme un opposant au président Macky Sall, mais beaucoup le soupçonnent de rouler pour le candidat de Benno Bokk Yaakaar.
Sa candidature ressemble plus à une stratégie visant à affaiblir l’électorat libéral au profit de Macky Sall. Samuel Sarr a avoué lui-même avoir soutenu financièrement des candidats, comme Ousmane Faye, Pape Samba Mboup et Farba Senghor, aux dernières élections législatives qui ont passé l’essentiel de leur campagne à dénigrer Wade et sa formation politique.
Comme Samuel Sarr, Abdoulaye Baldé a déclaré sa candidature à la présidentielle à venir. Mais comme Samuel Sarr, le leader de l’Union des centristes du Sénégal (Ucs) semble se positionner dans l’opposition molle. Il est tout le contraire des radicaux tels Karim Wade, Ousmane Sonko, Abdoul Mbaye, Issa Sall, Idrissa Seck etc. La pause pour ne pas dire la fin de la traque des biens mal acquis s’expliquerait par la transhumance des personnes citées.