En France, Belhassen Trabelsi, le beau-frère de l’ex-président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, a été placé ce lundi en détention provisoire à Marseille. Il a été inculpé pour « faux aggravé et blanchiment en bande organisée ». L’homme d’affaires très en vue sous le régime Ben Ali avait été interpellé la semaine dernière dans le sud de la France. Sa présence sur le sol français interroge. Lui qui avait fui le Canada en 2016 après y avoir trouvé refuge en janvier 2011. La Tunisie a demandé l’extradition de cet homme qui fait l’objet de 17 mandats de recherche en Tunisie et de 43 mandats d’amener internationaux.
Pendant près de 20 ans, de 1992 à janvier 2011, le clan Trabelsi va amasser une fortune considérable en ayant recours à la corruption et aux menaces. Belhassen Trabelsi est le chef de ce clan. Le frère aîné de la fratrie a alors des participations dans tout un ensemble de sociétés.
« Cela va de grandes sociétés, des cimenteries, il avait des participations dans l’aviation, dans la télévision, dans tout genre d’affaires, l’immobilier… Rien ne se faisait sans le clan des Trabelsi et, particulièrement, le plus aimé d’entre eux, Belhassen », détaille Mokhtar Trifi, ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme.
Dans un câble diplomatique révélé en 2011 par Wikileaks, un diplomate américain alors en poste à Tunis s’indigne : « Belhassen n’a aucun scrupule en affaires, tous les moyens lui sont bons », écrit-il. L’homme et son clan passent donc en force pour obtenir ce qu’ils veulent.
Quasi-monopole
Ce que confirme l’historienne franco-tunisienne, Sophie Bessis : « Ils avaient un quasi-monopole sur toute la passation de marchés de l’Etat. Ensuite, les Trabelsi, et Belhassen Trabelsi particulièrement, prenaient sous la contrainte des participations dans des sociétés privées parmi les plus importantes du pays. Et quand les propriétaires des sociétés privées ne cédaient pas au chantage de la famille, ils se voyaient affectés par des redressements fiscaux extrêmement importants. »
Au final, le clan au pouvoir captait fin 2010 plus de 21% des bénéfices réalisés par le secteur privé. Un chiffre incroyable révélé en 2014 par la Banque mondiale.