Vélingara : Des centaines d’élèves vont rater la rentrée à cause des cérémonies de circoncision

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Ils seront plusieurs centaines d’élèves des écoles élémentaires du département de Vélin­gara, à manquer à l’appel, ce 14 octobre 2021, jour de rentrée des classes pour les élèves du Sénégal. Ce seront des potaches, d’un moyenne d’âge de 9 ans, des classes de cours d’initiation (Ci), des cours préparatoires (Cp) et des cours élémentaires 1ère année (Ce1). La raison ? Ils sont circoncis en ce moment et doivent, le temps de leur guérison, rester à la maison sous la surveillance de leurs aînés qui ont déjà subi la pratique.

C’est l’inspecteur de l’enseignement, Mamadou Dia­dhiou, qui en a fait le constat et l’a révélé au cours d’un Comité local de développement (Cld), tenu mardi dans la salle des réunions de la mairie de Koun­kané. Il a notamment fait savoir: «C’est un problème assez spécifique à la zone. Souvent les parents attendent la fin de l’hivernage pour circoncire leurs garçons. Ce qui fait que beaucoup d’entre eux n’auront pas la chance d’aller à l’école à l’ouverture et avec le slogan « Ubbi tey jang tey », qui est en train de devenir une réalité, ces enfants risquent de perdre des jours, des semaines, voire même des mois de cours et cela peut porter préjudice à leurs études».

Le sous-préfet de l’arrondissement de Saré Coly Sallé, Abdoul Konaté, qui a présidé la réunion, a donné ce conseil aux parents : «Les parents doivent faire le choix de circoncire leurs garçons juste en fin d’année scolaire. Là, ils auront la chance de guérir avant la rentrée des classes ».

Evidemment, c’est mal connaître les raisons qui poussent les parents à choisir cette période. C’est Ousmane Bâ, président de l’Union des comités de gestion de l’école (Ucge) de la commune de Kandiaye, qui en a levé un coin du voile. Il dit : «Les parents choisissent cette période parce qu’il fait moins chaud et aussi, c’est le début des récoltes coïncidant avec la fin de la soudure et des durs travaux champêtres, les enfants constituant une main-d’œuvre. Vous savez, quand on a des circoncis, ce sont leurs aînés de toute la communauté villageoise qui fréquentent leurs lieux de résidence, y mangent et sont souvent exigeants sur la qualité des mets préparés. Il faut donc être sûr que le grenier peut tenir le coup jusqu’à leur guérison ».

En vérité, ces jeunes circoncis ne restent pas à la maison pour la plupart du temps. Ils sont soumis à une forme de mendicité le long des routes du matin au soir. Il se dit, dans cette zone, que les prières de petits circoncis sont vite exaucées par le Seigneur. Aussi peut-on les apercevoir le long de la Rn6, pagne noué au cou, debout, les bras levés vers le ciel, le cou enfoui entre les bras espérant recevoir un jeton de chaque passant. Tant qu’il y a un passant en vue, ils peuvent être maintenus dans cette position debout et cela, pendant plusieurs heures sous le soleil, le plus souvent. Aucune voix pour s’élever et crier à la maltraitance des enfants, par peur de s’attaquer à une tradition très répandue certes, mais d’une autre époque.

Le Quotidien

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