La recrudescence des meurtres de femmes ces derniers temps continue de choquer l’opinion publique. Malgré toutes les lois visant à lutter contre les violences faites aux femmes, rien n’a vraiment changé. Elles continuent de subir toutes sortes d’agressions allant du viol au meurtre. Suffisant pour Amy Sakho, porte parole de l’Association des juristes sénégalaises (AJS), de réclamer, dans un entretien avec Infosrewmi, une loi sur le féminicide au Sénégal.
C’est le quotidien Walfadjiri qui a levé le lièvre en révélant les chiffres de l’horreur : 21 femmes ont été tuées en 14 mois au Sénégal. Pour Amy Sakho, avant même que Walfadjiri n’évoque ces cas, beaucoup d’organisations de femmes s’en étaient indignées. « Si vous vous souvenez bien, c’est de là qu’est venue la loi criminalisant le viol parce qu’on avait constaté que beaucoup de femmes avaient subies des tentatives de viol suivies de meurtres tandis que d’autres ont été tout simplement tuées par leurs conjoints. C’est ainsi que les organisations de lutte contre les violences faites aux femmes s’étaient liguées avec les parlementaires, le ministère de la Femme et des organisations de jeunes pour dire « Dafa Doy ! » « C’en est assez ! ». Le meurtre de la jeune Bineta Camara a été, parmi d’autres, le déclic qui avait poussé les femmes à s’indigner et réclamer une loi pour la criminalisation du viol et de la pédophilie ». Le président de la République mis au courant a exprimé son accord pour cette loi qui a été adoptée par l’Assemblée nationale », rappelle-t-elle. Toutefois, estime Mme Sakho, cela reste insuffisant. « Parce qu’aujourd’hui, je peux affirmer sans exagération qu’on en est arrivé au féminicide : tuer des femmes parce que ce sont des femmes. Les chiffres rendus publics ne concernent que les cas qui ont été médiatisés. Mais, il y a d’autres victimes de violences conjugales non signalées que les familles préfèrent ne pas ébruiter. On a voté beaucoup de loi pour les droits de la femme mais il est temps qu’on ait une loi sur le féminicide », a-t-elle dit plaidant pour une sensibilisation des populations sur le rôle et l’importance de la femme dans la société. L’AJS a d’ailleurs contribué à l’introduction à l’école des clubs de droit pour sensibiliser les enfants en leur enseignant que les hommes et les femmes sont égaux en droits et en devoirs.