Avortement médicalisé : l’AJS milite pour les victimes de viol et d’inceste

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Amy Sakho, la porte-parole de l’Association des juristes sénégalaises, a, s’appuyant sur les récents meurtres de femmes, plaidé, dans l’entretien accordé à Infosrewmi, pour une loi sur le féminicide au Sénégal. Elle est également revenue plus en détails sur les causes qui ont poussé l’AJS à préconiser l’avortement médicalisé dans certaines situations.

« On a commencé à plaider pour l’avortement médicalisé depuis 2013. Mais nous ne sommes pas les seules à être impliquées pour la lutte. 22 organisations se sont regroupées au sein d’un comité appelé Comité de plaidoyer pour l’avortement médicalisé. Il est coordonné par l’AJS mais vous y retrouvez les femmes médecins, le réseau Islam et population, les sages-femmes, les infirmiers, les journalistes en santé, population et développement, etc. On a créé ce comité suite à une étude menée en 2010 par le ministère de la Santé. Elle avait pour but de déterminer pourquoi les femmes perdaient la vie pendant l’accouchement. L’étude a montré qu’on avait jusqu’à 8 et 13% de mortalité maternelle au Sénégal. La cause ? 50% des femmes admises aux urgences avaient eu recours à un avortement clandestin. L’étude avait également montré que l’avortement clandestin était la 5e cause de décès maternel dans notre pays. C’est suite à cela que nous avons fait le tour du Sénégal pour recueillir des recommandations. Il en est ressorti qu’on devrait prévoir des exceptions dans la loi interdisant l’avortement clandestin. Je rappelle qu’on n’est pas contre cette loi mais on milite pour que les victimes de viol, d’inceste (dont la plupart sont des mineures qui ne peuvent pas supporter une grossesse) soient autorisées à avorter médicalement avant le délai de 120 jours. A ce propos, nous avons discuté avec des religieux qui nous ont expliqué la procédure d’implantation de l’âme dans le corps du fœtus et qu’avant les 120 jours, on ne peut pas encore parler d’avortement car à ce stade, il n’y a que la formation d’un caillot de sang », a-t-elle dit avant de rappeler que l’Etat du Sénégal a ratifié le protocole de Maputo. Mais malheureusement, regrette-t-elle, notre Code pénal n’autorise exceptionnellement l’avortement que quand la vie de la mère est menacée. Et même dans ce cas, il faut que trois médecins de structures différentes arrivent au même diagnostic. Pour Amy Sakho, si on respecte cette procédure, la femme peut perdre la vie avant que les conditions ne soient réunies pour l’avortement médicalisé.

La porte-parole de l’AJS d’indiquer que la loi interdisant l’avortement a de lourdes conséquences. « En 2012, nous avons fait une étude, en collaboration avec des Allemands, qui a montré qu’il y a eu au Sénégal 51500 avortements en une année dont 16700 complications ayant entraîné une hystérectomie. Par ailleurs, la dernière étude faites dans les prisons pour femmes a montré que 16% parmi les détenues ont commis un infanticide et 3% un avortement clandestin ce qui fait de la plupart des doubles victimes. C’est tout cela qui avait abouti au plaidoyer pour l’avortement médicalisée », explique-t-elle.

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