Youssou Diop : Une vie pour Hizbou Tarkhiya

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Enseignant, conférencier, Youssou Diop le successeur de Atou Diagne fait figure de sommité au sein du Hizbou Tarkhiya en matière de science religieuse. Très engagé, sa vie se confond avec celle du mouvement depuis presque 40 ans.

Sa nomination à la tête du dahira Hizbou Tarkhiya n’a rien d’un hasard. C’est plutôt la consécration d’un engagement qui date de plusieurs décennies. Avec Youssou Diop comme guide moral de cette organisation religieuse, c’est simplement le numéro 2 qui devient le nouveau patron, puisqu’il a été le secrétaire général du Dahira avant la mort de Atou Diagne, emporté vendredi dernier 22 janvier par le Covid-19.

Pour dresser le portrait du nouveau promu, Mourtallah Sy se contente d’une formule assez ramassée. «Sa qualification et son identification, c’est travailler pour Serigne Touba. Il ne connaît pas autre chose. C’est un mouride saadikh (véridique)», déclare-t-il.

Youssou Diop et le Hizbou Tarkhiya, c’est une histoire d’amour et de dévotion de près de 40 ans maintenant. Lorsqu’il intégrait le dahira dans sa prime jeunesse, celui-ci en était à ses balbutiements à la rue 10, avec comme quartier général une petite chambre.

Né à Rufisque en 1963, le jeune Youssou a été envoyé à l’école française. Mais l’ancien élève du lycée Maurice Delafosse et Van Vo n’a pu résister à l’appel du Hizbou Tarkhiya. A 20 ans environ, il plaque les études pour se mettre entièrement au service de Cheikh Ahmadou Bamba. A rue 10, le jeune adulte était un permanent, il logeait au siège et n’avait aucune préoccupation que les activités du dahira. « Personne n’a jamais été son patron hormis le Hizbou Tarkhiya », tient à souligner Mourtallah Sy.

C’est là qu’il démarre également une formation pour les sciences religieuses. A l’époque, le daara (siège) était un lieu de formation continue. Il y avait une ébullition culturelle intense. « Des écrits de imam Ghazali, et d’autres savants étaient lus et traduits », se souvient Mourtallah Sy. C’est dans cet environnement que Youssou Diop finit par acquérir « une solide formation culturelle ».

Dans le mouridisme, quelqu’un qui apprend des livres comme Massalikoul Jinaan ou Mawahibou Khoudoss est considéré comme étant presque au sommet en matière de science religieuse. Or, Youssou Diop a déjà appris ces écrits de Bamba.

Envoyé au Maroc par Serigne Abdou Lahat

Avant sa nouvelle nomination, il était sur tous les fronts. Enseignant, formateur, il supervisait les équipes culturelles et encadrait les chanteurs religieux. Bref, tout le volet scientifique passe par ses mains. « C’est à lui qu’on montre tout, il valide avant exécution », précise notre interlocuteur.

Cette reconnaissance scientifique ne date pas d’aujourd’hui. En effet, en 1989, il a été envoyé au Maroc par le khalife Serigne Abdou Lahat pour un séjour de 8 à 9 mois. L’objectif était de superviser le travail d’impression à Dar El Kitab de certains livres de Cheikh Ahmadou Bamba traduits en français.

De même, il était toujours envoyé par Serigne Atou Diagne pour animer des conférences annuelles en Gambie, ou des journées culturelles en Côte d’Ivoire. « C’est lui gérait aussi tous les grands dossiers de Hizbou Tarkhiya », renchérit Mourtallah Sy qui l’a connu depuis 1985.

Durant 40 ans, assure-t-il, son engagement pour le mouridisme n’a jamais été pris en défaut. Il a d’ailleurs quitté la capitale sénégalaise dans les années 94-95, quand il fallait transférer la direction générale de Hizbou Tarkhiya de Dakar à Touba. Depuis lors, Youssou Diop réside dans la cité de Bamba.

C’est cet homme réputé « ouvert, conciliant et plein de sagesse » qui a la lourde charge désormais de présider à la destinée de Hizbou Tarkhiya et surtout de préserver le legs de Atou Diagne. Devant le khalife général des mourides Serigne Mountakha, il a pris l’engagement de rester sur le chemin déjà tracé. Autrement dit, ce ne sera qu’une question de prolongement.

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