C’est un pays trahi qui se réveille ce jour le moral aux talons, sa démocratie, son unique force de proposition d’antan, aux chiens, et le résultat d’un scrutin législatif, piégé dès le début par les confections politiciennes des listes en compétitions, jeté à la figure d’un peuple pris en otage -et confronté aux menaces multiples, d’une économie moribonde à une insécurité multipolaire, réduit à pleurer le reste de ses larmes.
Est-il encore nécessaire de dire que Macky Sall a reçu hier une fessée historique, jamais enregistrée dans la vie politique du pays, malgré ses fraudes industrielles et la participation active à leur déploiement d’un Etat profond ayant vendu son âme pour de petits privilèges ?
C’est un Macky Pyrrhus, à la victoire volée, indigne, incapable de s’élever pour se soumettre au verdict des urnes, qui confirme ce que ses connaisseurs savaient de lui : il n’est pas du genre à feindre d’être un démocrate. Certains s’offusquent lorsqu’on évoque, comme ici, la nécessité de faire appel aux baïonnettes pour le déloger mais hélas cet individu est retranché dans ses bases, son laboratoire, pour y mener sa guérilla contre la volonté populaire.
D’aucuns, portés par un populisme bon enfant et tonifiés par la prégnance des réseaux sociaux, jouent aux révolutionnaires salonnards, qui font assaut de formules gamines, du genre : “Résistance” !
C’est qu’on en est à cette impasse aussi parce qu’au-delà des actions nocives du régime de Sall, ce qui se dit son opposition, de ses leaders politiques à ses militants, a pêché par un enfantillage désarmant depuis l’annonce de la tenue de ce scrutin. Nul ne niera que le revers injuste est une rançon de l’incompétence des principales figures, vrais ahuris, des membres de la principale coalition qui faisait face au régime.
Ce sont en effet les dirigeants du mouvement Yewwi Askan Wi, et, accessoirement ceux du Wallu, plus opportunistes qui ont su tirer leur épingle du jeu, qui, par leurs manipulations népotiques, des choix de candidats inconnus au bataillon de la lutte démocratique, la couverture d’acteurs en leur sein frappés par des crimes économiques, judiciairement sanctionnés, sa nullité en termes d’anticipation et de contre-offensive pendant que le pouvoir préparait ses fraudes, et, pour tout dire, leur angélisme, jusqu’à être incapables de monter la campagne de dénigrement international et national qu’il fallait pour exposer le sanguinaire voleur qu’est devenu Macky Sall, qui a permis à ses petites mains de fraudeurs électoraux d’oser défier le choix, exorbitant, du peuple contre lui.
Ne pinaillons pas. C’est parce que des rescapés de régimes ayant failli ont su s’enrober avec la tenue du discours national, se sont inventés une nouvelle virginité politicienne, que les électeurs ne se sentent pas chauffés à blanc pour sortir et opposer au régime démocraticide son refus face au forfait, le plus crasse, de notre histoire politique.
Cette défaite, foncièrement injuste, résultant d’un crime dans la vieille tradition connue de Sall, est la conséquence des petitesses de ces leaders qui, au sein surtout de Yewwi ont voulu manigancer à leur seul avantage, dans un investissement politicien, pour récolter les fruits des espoirs et des votes d’un peuple pourtant prêts à s’offrir à cette coalition -malgré ses limites objectives, politiques et morales.
A les voir, pleins de fatuité, on sent qu’ils n’ont rien compris. Penser que les foules qui se pressaient autour de leurs caravanes le faisaient parce qu’elles se pâmaient, convaincues, de leur panache et pertinence, ce fut la maldonne. L’électorat n’a été vent debout que pour…débouter Macky Sall mais, pénétrés d’un hubris inqualifiable autant qu’injustifiable, les conquérants dégarnissaient leurs flancs et avançaient sans même avoir l’humilité de s’associer aux figures et voix crédibles du pays. C’est qu’en Pangloss immatures et cyniques, ils pensaient qu’ils pouvaient eux-aussi voler la volonté du peuple pour se refaire une santé.
Le résultat est là, un vrai tas de ruines, causé par leurs mauvais plans. Déjà, on fait semblant, à leur niveau, d’oublier les bêtises qui ont conduit à la confection de listes rejetés et à l’inclusion dedans de taupes du pouvoir si ce ne sont de dévoués de causes individuelles dont certains pensent pouvoir “cuisiner” la loi pour amnistier les criminels, légalement sanctionnés ou menacés, en leur sein.
La question, Léninienne, est dès lors celle de savoir : Que faire ?
Face à cette impasse, davantage née des bourdes et de la médiocrité d’une opposition en panne de générosité intellectuelle, conceptuelle et humaine, on ne peut que se satisfaire de ce qu’in fine le rejet de Macky Sall n’est pas seulement massif mais irréversible et pourrait être, sous peu, irréversible.
La gravité de la crise, sous des formes multiples, ne lui donne aucune marge de manœuvre. Le laisser seul au gouvernail d’un avion national qu’il ne sait pas piloter et dont le kérosène s’évanouit, c’est commettre un suicide collectif.
Le sauvetage doit s’enclencher par la mise en place dès à présent d’un gouvernement de salut public, de sursaut, où il n’aurait plus la latitude de perpétuer ses choix erronés, du nullard qu’il est doublé d’un voleur. Les hommes et femmes qui l’encadrent ont échoué, incapables d’autre chose à part leurs fanfaronnades et âneries verbales…
Au surplus, la nation dépasse la médiocre personne d’un Macky Sall manifestement dépassé par l’ampleur des défis autant que par l’étendue de ses échecs. En n’importe quelle autre’ démocratie, il aurait même été contraint à abdiquer, sous la menace de la rue et des armes.
Bien plus, dans un monde devenu plus que jamais VUCADD -vulnérable, incertain, complexe, ambigüe, divers et disrupté-, l’union sacrée, non au nom d’une quelconque compromission, est l’unique voie qui reste. On ne peut plus faire comme si le pilote Sall ne nous mène pas vers un crash imminent.
Il est impératif de se préparer à jeter les bases, dès maintenant, du scrutin présidentiel de 2024 qui devra être préparé par des institutions honnêtes et au-dessus de la mêlée mais l’urgence c’est de vaincre la longue gueule de bois dans laquelle le Sénégal se trouve plongée.
Les forces de l’opposition qui ont comploté jusqu’à faire perdre au peuple le fruit de sa détermination politique, en plus d’être souvent des gadgets, pour beaucoup d’entre eux, entre les mains crapuleuses de Macky, qui sait les faire chanter, doivent se montrer moins euphoriques.
L’heure de vérité est venue. De grâce, épargnez-nous vos jérémiades, si Macky ose faire ce qu’il a fait c’est qu’il sent qu’il a affaire à des “Nooy-Nekhs”, ses acolytes qui se posent en faux opposants. Ces médiocres ignorent jusqu’à leur médiocrité qu’ils tentent de cacher par une arrogance en se cachant derrière leurs obligés chargés d’insulter à tout va. La vérité c’est que la défaite d’hier est la leur, qui met en plein jour leur incompétence que leurs joues gonflées et les mines satisfaites ou formules wolofisées travaillées ne suffisent pas à masquer.
Il faut le leur dire : ces gens sont incompétents devant les enjeux de l’heure mais veulent s’imposer à la tête du peuple. Voilà où ça mène, c’est la voie assurée vers…nulle part, comme d’habitude.
Ce sont des alliés objectifs à la pérennisation du pouvoir dont le peuple ne veut plus. Macky, bien que ses quatre appuis par terre, battu par les urnes, rit d’un sourire narquois, en sachant qu’en face il a des tartes qu’il a maintes fois retournées dans des compromissions et des crimes qui les rends édentés…
C’est pourquoi, j’appelle, pour ma part, à ce que le métier soit sérieusement remis sur l’ouvrage. Toutes et tous, sur le pont, Sénégalaises et Sénégalais, on ne soustraite pas son destin à des parieurs de loto politique….
C’est le temps de mettre fin à cette farce, du pouvoir actuel à ses oppositions qui font plus rire qu’autre chose, et d’engager, avec les forces véritables du pays, la reconquête par le peuple de sa vie.
Adama Gaye* est un opposant du régime de Macky Sall en exil…
PS: CNRV, Cena, Cour Constitutionnelle et Cour Suprême participent de la même pantalonnade et on peut s’attendre que ces instances valident les fraudes du Fouta qui ont perverti le cours de la démocratie. Elles doivent être aussi supprimées et remplacées par de nouvelles institutions.