Isabel dos Santos accuse l’État angolais d’avoir falsifié des pièces à conviction contre elle

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La femme d’affaires angolaise Isabel dos Santos a affirmé mardi qu’une partie de ses biens ont été gelés dans son pays et au Portugal dans le cadre d’une enquête pour détournement de fonds publics sur la foi d’un faux passeport signé… Bruce Lee.
Le parquet général de Luanda a aussitôt démenti ses accusations, qualifiées de « plaisanterie ».
Fille de l’ancien président Jose Eduardo dos Santos (1979-2017), la milliardaire est accusée par la justice angolaise et le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) d’avoir pillé les caisses de son pays pour nourrir ses affaires privées.
Selon le parquet général angolais chargé du dossier, ces détournements ont été évalués par le gouvernement de Luanda à 5 milliards de dollars.
Mme dos Santos, 47 ans, dirige un empire constitué de nombreuses sociétés dans les secteurs de la téléphonie ou des mines et a acquis des participations dans d’autres groupes, notamment bancaires, au Portugal.
Les justices angolaise et portugaise ont ordonné le gel de ses comptes bancaires et la saisie de certains de ses avoirs dans les deux pays.
Dans un communiqué distribué par une agence de communication, Isabel dos Santos a accusé mardi les procureurs chargés de l’enquête d’avoir ordonné ces sanctions sur la foi d’un « passeport falsifié ».
« La copie d’un faux passeport a été utilisée pour fabriquer des preuves auprès de tribunaux angolais (…) les autorités angolaises et portugaises se sont fiées à un passeport portant la signature de Bruce Lee, l’acteur de kung fu des années 1970 », affirme le texte.
Mme dos Santos a elle-même diffusé sur son compte Twitter une photo du document selon elle falsifié.
« Plaisanterie »
« Au regard de ces preuves falsifiées, il est désormais clair que l’Etat angolais (…) a fabriqué un dossier destiné à obtenir une décision injuste et illégale contre moi », a déploré Mme dos Santos.
Selon le communiqué, le document mis en cause a été découvert par ses avocats fin avril 2020 lorsqu’ils ont eu accès au dossier d’instruction.
Interrogé par l’AFP, le porte-parole du procureur général angolais, Joao Alvaro, qui s’occupe du dossier a qualifié les allégations de Mme dos Santos de « plaisanterie ».
Dans un communiqué publié en soirée, le parquet général a précisé que le passeport présenté comme faux par Mme dos Santos faisait « précisément l’objet d’une enquête pour vérifier son authenticité » et que le gel de ses avoirs était fondé sur d’autres « documents laissant soupçonner des détournements » de fonds.
En outre, a précisé le parquet, les avoirs gelés au Portugal ont été ordonnés sur la foi d’une décision de justice à laquelle « n’était attachée aucune copie de passeport ».
Pendant ses trente-huit ans au pouvoir, Jose Eduardo dos Santos a mis l’économie de son pays, un des plus pauvres du monde malgré ses réserves de pétrole, en coupe réglée au profit d’une poignée de proches.
Depuis qu’il est président, Joao Lourenço a fait le ménage au sein des institutions, des entreprises publiques et de l’appareil sécuritaire du pays au nom de la lutte contre la corruption.
Outre Isabel dos Santos, son demi-frère Jose Filomeno, ancien patron du fonds souverain angolais, est lui aussi poursuivi pour détournement de fonds.
Au début de cette semaine, sa sœur, la députée Tchizé dos Santos, a perdu son appel devant une haute cour angolaise. Elle a intenté un procès après que le Parlement ait décidé de lui retirer son mandat pour absentéisme chronique. Des accusations qu’elle nie. Elle affirme, au contraire, s’être absentée pour prendre soin de ses enfants malades. Elle aurait même fourni des certificats médicaux au Parlement, selon le quotidien Novo Jornal.
La famille de l’ex-président a démenti catégoriquement tout détournement de fonds publics et dénoncé une chasse aux sorcières « politique » contre elle.
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