« Abusée » par son père : Karine apprend que son agresseur sort de prison faute de preuve

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Alors qu’elle était « en processus de pardon pour en terminer avec ce calvaire », une femme qui affirme avoir été abusée sexuellement pendant des années par son père a appris par les médias la semaine dernière que son agresseur avait fait appel, qu’il a obtenu la tenue d’un nouveau procès et qu’il était libéré sans condition.

En septembre 2020, après que son père, Gilles Gilbert, eut été reconnu coupable et condamné à huit ans de prison, Karine Gilbert avait fait lever l’ordonnance de non-publication afin de pouvoir parler de son expérience à visage découvert et d’inciter d’autres femmes à dénoncer.

Depuis ce temps, alors que son père était incarcéré, elle avait entamé un processus de pardon avec sa psychologue pour « en finir avec ce calvaire ».

Dans les médias

La décision récente de la Cour d’appel du Québec, qui a ordonné la tenue d’un nouveau procès pour Gilles Gilbert, estimant que le juge de première instance avait fait preuve de préjugé à l’endroit de l’accusé en raison de ses mœurs « particulières », est cependant venue tout chambarder.

Celle qui n’a jamais été informée que son père avait fait appel de la décision a appris cette semaine, dans les médias, qu’il y aurait un nouveau procès.

Karine Gilbert, qui dit avoir vécu des agressions dans les années 70 et 80 pour finalement porter plainte en 2013, manque de mots pour parler de son état depuis cette décision.

« Ça me tombe dessus comme une tonne de briques », « je suis sonnée », c’est dur à avaler », lance-t-elle sans être capable de trouver de mots assez forts pour s’expliquer.

Le coup est encore plus difficile à encaisser en réalisant qu’elle devra témoigner à nouveau, en plus d’être contre-interrogée une nouvelle fois sur ce que lui aurait fait subir son père. « Je suis pressée comme un citron », avoue-t-elle.

Pas d’égard pour les victimes

Plus encore, la libération de Gilles Gilbert, 78 ans, qui découle de la décision de la Cour d’appel, fait en sorte que l’accusé est actuellement libéré sans condition.

Lors du premier procès, le septuagénaire était en liberté, mais était soumis à des conditions, notamment de ne pas importuner ses présumées victimes, ce qui n’est pas le cas pour le moment.

Elle en veut donc au système judiciaire. « Ça ne fait pas sérieux », lâche-t-elle. Elle croit que la Cour d’appel est « allée chercher la faille », sans égard aux victimes.

« Mes forces pour revivre un nouveau procès sont à plat », dit celle qui craint de devoir retourner en arrêt de travail pour absorber le choc. Sans trop savoir comment, elle entend tout de même retourner en cour pour avoir gain de cause.

La Cour d’appel estime que le juge de première instance a été influencé par des préjugés parce que l’accusé pratiquait l’échangisme et le nudisme, notamment. Les trois juges d’appel ne se sont pas penchés sur la preuve proprement dite.

TVA Nouvelles

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