Affaire Capitaine Touré : Des universitaires contredisent Cheikh Oumar Hann

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A peine après avoir entamé une nouvelle carrière d’enseignant à l’Iam (Institut africain de Management), l’ex- capitaine Seydina Omar Touré, radié de la gendarmerie nationale, s’est vu notifier la rupture du contrat qui le liait à cet établissement privé d’enseignement supérieur.

L’IAM aurait subi des pressions du Gouvernement pour rompre le contrat qui le liait à l’ancien officier de gendarmerie. De fait, -le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a soutenu dans un communiqué, pour expliquer la mesure prise par l’école de Moustapha Mamba Guirassy, que «l’enseignement reste une vocation et non un refuge».

S’expliquant largement, les services de M. Cheikh Oumar Hann indiquent que « le gouvernement du Sénégal s’est doté d’un système d’enseignement supérieur de qualité, basé sur les exigences de performance applicables au public et au privé. Concernant le privé, les cahiers de charge relatifs à leurs activités accordent une importance particulière aux infrastructures et surtout aux profils de leur personnel enseignant.

En effet, plus de 2 000 docteurs, parfaitement bien formés pour assurer tout type de cours magistraux et d’encadrement, sont disponibles sur le marché du travail. Les Etablissements privés d’enseignement supérieur (Epes) sont délégataires d’une mission de service public d’enseignement, et disposent d’un agrément de l’Etat ».

Pour terminer, le ministère dit réaffirmer sa «ferme» décision de veiller au profil de ces enseignants appelés à enseigner dans nos universités et autres établissement d’enseignement supérieur public et privé, ainsi qu’à leur probité et au strict respect des institutions de la République. Une sortie malencontreuse doublée d’un argument malhonnête, selon le Pr Hady Bâ.

«L’argument est malhonnête. La Faculté de Droit de Dakar recrute et titularise régulièrement des assistants non titulaires d’une thèse. Et Amadou Abdoul Sow le sait. Il a été recteur par intérim. Je pense qu’ils le font exprès. Le ministre était à l’Eps qui recrute beaucoup d’enseignants non titulaires de thèses. Je pense que c’est juste de la stupidité et de l’arrogance. Ils voient le post face de Touré et ils s’énervent et décident d’agir», s’est indigné, Pr Bâ qui, parlant des qualifications requises pour enseigner dans le supérieur, explique que «les universités sénégalaises recrutent régulièrement des enseignants chercheurs n’ayant que le Master et les titularisent».

Poursuivant, il estime qu’»il appartient aux établissements d’enseignement supérieur de choisir leur personnel selon les besoins de leurs étudiants». Pr Hady Ba tient surtout à rappeler que «le principe d’autonomie de l’enseignement supérieur empêche quiconque, y compris le DGES qui n’a pas le courage de signer de son nom, de s’immiscer dans les affaires internes des EPES». Allant plus loin, cet enseignant du supérieur soutient que «le DGES devrait être démis de ses fonctions suite à ce lamentable communiqué. C’est la crédibilité du système d’enseignement supérieur sénégalais qui est en jeu. Ceci dit, vu ce qui nous sert de ministre, je ne suis pas sûr qu’il reste la moindre crédibilité à notre tutelle», a martelé le chargé des revendications du Sudes/Esr qui dit s’exprimer à titre personnel.

Un communiqué d’une impertinence doublée d’une farce…

Le communiqué du ministre n’est donc qu’une impertinence doublée d’une farce de très mauvais goût, de l’avis de cet enseignant chercheur à l’université Assane Seck de Ziguinchor qui soutient mordicus que le Master 2 fait partie des diplômes requis pour enseigner dans supérieur, et «pas seulement le doctorat». «C’est le Dea et le Master 2. L’enseignant va alors débuter comme assistant (chargé de travaux dirigés) le temps de soutenir sa thèse et de faire l’agrégation, notamment à la Faculté de Droit. Le département recrute, mais c’est le rectorat qui valide. Le département recrute puis la Fac ou l’Ufr valide et le rectorat entérine «, a-t-il fait savoir comme pour dire que la plupart des enseignants qui interviennent dans les universités ne sont pas des docteurs. En plus du diplôme, l’intéressé n’a pas non plus besoin d’une autorisation pour enseigner dans le supérieur. Notre interlocuteur soutient que c’est un argument irréfléchi, et le communiqué du ministre serait illégal. Déjà, l’article 36 stipule que, «pour être nommés au poste d’Assistant, les candidats doivent être titulaires, au moins, d’un Master ou d’un titre jugé équivalent». Aussi dans la réforme des grades, on demande de «donner la possibilité aux assistants de dispenser des cours magistraux pour combler le déficit de personnel enseignant». Pour l’enseignant chercheur à l’Université de Ziguinchor, «le ministre s’est complètement planté» car ce sont tous les grades et titres qui enseignent à l’Université.

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