Après-Brexit: Bruxelles et Londres s’opposent déjà sur les futures négociations

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La Commission européenne a adopté, ce lundi matin, les grandes lignes des négociations qu’elle entend mener avec le Royaume-Uni pour le futur accord au-delà du Brexit, effectif le 31 décembre 2020. Dans le même temps, de l’autre côté de la Manche, le Premier ministre britannique a lui aussi exposé sa vision.

Dans les négociations à venir, la Commission européenne propose trois axes majeurs, exlique notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. Le premier, le plus important, sera celui de l’accord commercial. Avec des problématiques bien concrètes : comment s’assurer que les produits et les marchandises puissent continuer à être échangés, comment assurer un marché des services, comment régler les questions douanières… Tout cela en mettant en place des garanties pour le respect de règles mutuelles afin d’éviter des situations de concurrence déloyale.

Deux autres axes de négociation ont aussi été présentés :  un volet sur la coopération en matière de défense et de sécurité, de coopération policière et judiciaire et un volet dit de gouvernance, afin de prévoir comment contrôler le bon respect des futurs accords.

Se préparer à « toutes les autres options »

Pour Michel Barnier, qui sera en charge de ces négociations, le délai pour négocier est très court et même si la négociation doit avoir des objectifs ambitieux, la complexité de certains sujets ne garantit pas un résultat pour le 31 décembre.

« Du côté européen, je recommande à tout le monde de bien continuer, maintenant, à se préparer, a-t-il déclaré ce lundi matin, en conférence de presse. De ne pas sous-estimer les changements qui de toute façon vont se produire. Et évidemment, tant que l’on n’a pas abouti, je recommande qu’on se prépare à toutes les autres options, [et] préparer l’hypothèse où il n’y aurait pas d’accord, en particulier dans certains domaines. Je pense notamment aux domaines du commerce et de la pèche . »

Intransigeance britannique

Et le discours tenu ce même lundi par Boris Johnson, ne devrait pas être à même de rassurer le négociateur européen. Dans sa première prise de parole après le Brexit, le Premier ministre britannique a dévoilé ses conditions pour conclure un accord de libre-échange avec l’UE. Et le message du Premier ministre est très ferme face à Bruxelles : il préfère renoncer à un accord plutôt que de signer un traité obligeant le Royaume Uni à s’aligner sur les règles communautaires, relate notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix.

Les Vingt-Sept ont peur d’être confrontés à une concurrence déloyale à leur porte et préviennent que si Londres opte pour une dérégulation sauvage, il n’obtiendra qu’un accord de libre-échange minimal avec un accès au marché unique limité et donc des frictions douanières.

Pour Boris Johnson, il n’est pas question pour le Royaume-Uni d’abaisser les normes et réglementations sanitaires, environnementales ou de protection sociale, clamant au passage qu’elles étaient de toute façon meilleures en Grande-Bretagne qu’en Europe. Nul besoin donc d’une relation trop proche et trop contraignante car le pays veut redevenir le champion du libre-échange après ce que Boris Johnson a qualifié de « décennies d’hibernation au sein de l’UE ».

Un accord comparable au Ceta

En fait, Boris Johnson cherche à obtenir un accord semblable à celui signé entre le Canada et Bruxelles, c’est-à-dire la suppression de la presque totalité des droits de douane sans alignement sur les règles communautaires.

Il prévient au passage que concernant la pêche, la priorité sera donnée aux bateaux britanniques. Et Boris Johnson de prévenir que si ce n’est pas possible, ce n’est pas un problème, le pays prospèrera quoi qu’il arrive et qu’il visera alors un modèle australien, ce qui est un euphémisme pour parler d’une sortie finale sans accord commercial puisque l’Australie opère selon les termes de l’Organisation mondiale du commerce.

Ce que ne dit pas Boris Johnson, c’est qu’il y aura de toute façon un impact économique significatif pour le pays puisque son refus de s’aligner impliquera le rétablissement de barrières commerciales.

RFI

 

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