Colin Powell, secrétaire d’État sous George W. Bush, est mort du Covid-19

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Ancien chef de la diplomatie américaine, Colin Powell est mort à l’âge de 84 ans de « complications liées au Covid-19 ». Premier Afro-Américain à avoir occupé le poste de chef d’état-major des armées, il avait ensuite défendu l’intervention américaine en Irak, en 2003, considérant que son intervention aux Nations unies était une tache sur sa réputation.

Colin Powell, fils d’immigrés jamaïcains devenu un grand général décoré puis le premier secrétaire d’Etat afro-américain, a eu sa carrière ternie en incarnant le soutien indéfectible à la guerre en Irak. Mort de complications liées au Covid-19 lundi à l’âge de 84 ans, l’ancien chef d’état-major des armées a prodigué son expertise militaire à de nombreux responsables américains, dont quatre présidents, confortant une réputation d’homme d’honneur distant de la mêlée politique.

« Le général Powell est un héros américain, un exemple américain et une grande histoire américaine », avait déclaré George W. Bush en annonçant sa nomination au poste de secrétaire d’Etat en 2000. Sa « grande intégrité, son profond respect pour notre démocratie et son sens du devoir et de l’honneur de soldat » sont des « qualités qui feront de lui un grand représentant de tous les habitants de ce pays », avait-il salué.

Une réputation écornée à jamais
Mais, en un discours prononcé devant le Conseil de sécurité de l’ONU en février 2003, sur les armes de destruction massives (ADM) prétendument détenues par l’Irak, Colin Powell a écorné sa réputation à jamais. « C’est une tache parce que je suis celui qui a fait cette présentation au nom des États-Unis devant le monde, et cela fera toujours partie de mon bilan », expliquait-il en 2005.

Né le 5 avril 1937 à Harlem, Colin Powell a grandi à New York, où il a étudié la géologie. En 1958, il s’engage dans l’armée, et est d’abord envoyé en Allemagne de l’Ouest. Plus tard, il s’illustre par sa bravoure sur les champs de bataille au Vietnam, où il est blessé. Lors d’une deuxième mission dans ce pays d’Asie, en 1968-1969, il se retrouve chargé d’enquêter sur le massacre de My Lai.

Le ton de son rapport sur cet événement, durant lequel l’armée américaine avait tué des centaines de civils désarmés, avait été critiqué car il semblait, pour certains, rejeter toute faute imputable aux militaires. Ce massacre est l’un des épisodes les plus noirs de la guerre du Vietnam et de l’histoire de l’armée américaine. « À la guerre, ce genre de choses horribles se produisent de temps en temps, mais elles sont toujours à déplorer », avait-il déclaré plus tard.

La doctrine « Powell »
De retour à Washington, il s’est rapidement élevé jusqu’au sommet de la hiérarchie, devenant le conseiller national à la sécurité de Ronald Reagan, puis le chef d’état-major des armées des États-Unis sous George H. W. Bush et Bill Clinton, de 1989 à 1993. L’expérience de Colin Powell au Vietnam comme jeune soldat l’a conduit à développer la dénommée « doctrine Powell », selon laquelle si les États-Unis doivent intervenir dans un conflit étranger, ils doivent déployer une force puissante avec des objectifs politiques clairs.

Pour beaucoup d’Américains, il a été le visage de la première guerre du Golfe en 1991, contre l’Irak. Pendant un temps, il avait même envisagé de se présenter à l’élection présidentielle. Mais, après sa retraite de l’armée en 1993, il s’était consacré au travail en faveur des jeunes défavorisés, avant que George W. Bush ne le choisisse pour diriger le département d’État.

« J’espère que cela sera source d’inspiration pour les jeunes Afro-Américains », a-t-il souhaité dans son discours d’intronisation en 2000. De ses quatre ans au département d’Etat, l’Histoire a d’abord et avant tout retenu la décision d’envahir l’Irak en 2003. Avant ce tournant, Colin Powell était apparu plus mesuré, dépensant son énergie à contrebalancer l’influence des faucons au sein du cabinet de George Bush ou tentant d’emporter l’adhésion de pays étrangers en faveur de la guerre en Irak, souvent en vain.

Un républicain plus à gauche
Ses opinions, plus à gauche, en faisait un républicain pas comme les autres, même si le parti était souvent heureux de le présenter comme une preuve de son caractère inclusif. « Je suis toujours un républicain. Et je pense que le parti républicain a plus besoin de moi que le parti démocrate », soutenait-il en 2014. « Vous pouvez être un républicain et vous sentir fortement concerné par des questions telles que l’immigration et l’amélioration de notre système éducatif et faire quelque chose pour certains problèmes sociaux qui existent dans notre société. » Depuis 2008, il a soutenu des candidats démocrates à la présidence : Barack Obama, Hillary Clinton et Joe Biden. Il avait épousé sa femme Alma en 1962, et eu trois enfants : Michael, Linda et Annemarie.

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