Comment la Chine utilise le coronavirus comme outil de « propagande »

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Le pays de Xi Jinping, qui n’enregistre plus que des cas importés de Covid-19, met en avant sa politique d’aide aux autres pays touchés par le virus.
 
INTERNATIONAL – « La solidarité, ça ne s’instrumentalise pas ». La secrétaire d’État aux Affaires européennes Amélie de Montchalin a irrité la Chine ce dimanche 29 mars, en accusant le pays, ainsi que la Russie, de « mettre en scène » l’aide qu’elles apportent à d’autres dans la lutte contre le coronavirus.
« C’est parfois plus simple de faire de la propagande, des belles images et parfois d’instrumentaliser ce qui se passe », a lancé la secrétaire d’État dans l’émission « Questions politiques » sur France Inter. « À un moment donné la Chine a eu besoin de nous (…) on a envoyé 56 tonnes de matériel », a-t-elle rappelé, en référence à l’aide agrégée européenne. « On est solidaire. Point ».
Pékin a répondu dès ce lundi par l’intermédiaire de la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, dénonçant des propos « cyniques ». « J’ai entendu plusieurs fois des Occidentaux mentionner le mot de ‘propagande’ par rapport à la Chine. J’aimerais leur demander: à quoi font-ils exactement référence? », a interrogé Hua Chunying lors d’un point presse. « Que souhaitent-ils? Que la Chine reste les bras croisés face à cette grave épidémie (…) qui sévit dans les autres pays? Qu’elle reste indifférente? »
Les images de médecins mobilisés hors de la Chine
Experts médicaux envoyés en Italie, en Iran ou en Algérie, respirateurs livrés au Venezuela, masques chirurgicaux exportés dans l’est de la France… La Chine, qui semble avoir jugulé chez elle l’épidémie de Covid-19, a offert ces dernières semaines un important soutien humain et matériel aux pays en proie au virus, qui avait fait ce lundi plus de 740.000 cas d’infection, dont plus de 35.000 morts dans le monde.
Alors qu’il y a encore quelques semaines, les images de la situation en Chine suscitaient l’angoisse de l’Occident, qui voyait la vague arriver de son côté du monde, Pékin inspire désormais l’espoir aux pays touchés. Dans les rues, les habitants recommencent à sortir doucement. Les personnels de santé chinois, eux, sont désormais mobilisés à l’extérieur.
Comme le note le site de la chaîne d’informations Al Jazeera, la télévision publique chinoise CCTV diffuse largement les images des médecins chinois arrivant en Europe ou au Moyen-Orient pour aider à la lutte contre le coronavirus. La jumelle internationale de CCTV, CGTN, ainsi que le journal public Global Times, louent de leur côté la « générosité » de la Chine et les « qualités de direction » du pouvoir.
Le Quotidien du peuple, organe de presse officiel du Parti communiste chinois, souligne quant à lui « les avantages significatifs du système socialiste aux caractéristiques chinoises ». Et, dans une vidéo diffusée sur Twitter, met en avant « le nombre de couches de protection » portées par les soignants chinois, leur permettant de ne compter « aucun cas d’infection parmi les 40.000 médecins mobilisés dans la province du Hubei », berceau de l’épidémie.
En mettant en avant les moyens matériels du pays, le journal manque de préciser que, fin février, au moins huit soignants étaient morts en Chine après avoir été contaminés par le Covid-19, et notamment le docteur Li Wenliang, qui avait été réprimandé par la police après avoir donné l’alerte fin décembre sur la propagation du nouveau virus.
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