COMMENTAIRE- La vidéo de la honte

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L’image de la honte. «C’est fou ce qu’ils font», peste un homme. «C’est scandaleux ce comportement des Baye Fall», tempête un autre. L’homme vêtu de tenues patchwork, mélange de tissu, fourre une partie de son corps à travers la fenêtre ouverte du taxi, un autre feint de se coucher sous le capot, le taximan ralentit, puis tente un coup d’accélérateur, freine…ralentit. Le spectacle est désolant au beau milieu de la circulation dakaroise. Ce n’est pas une mise en scène, ni un sketch «nul» d’une télévision à déguster le soir après la coupure du jeûne.

Mais une réalité abrupte qui horripile notre résignation, agresse notre indulgence. C’est grave. C’est vilain. Et même si nous ne voulons pas regarder la réalité en face, cela interpelle notre conscience. Ce n’est pas normal. Rien ne peut le justifier.

Ce ne serait pas juste que sous le sceau de la religion, l’on se permet tous les abus. Il faut que cela cesse. Ces petits riens si l’on n’y prend garde risquent d’enfanter des monstres. Il faut que les autorités religieuses rappellent à l’ordre, ces quelques «petits esprits» qui sous le prétexte de la religion insultent l’intelligence, rackettent sans vergogne tout le monde. Aujourd’hui, c’est le taximan, hier c’est la fille qu’on tapote, qu’on interdit de circuler librement et qu’on somme d’ouvrir sa pochette. Et personne ne dit rien. Même le touriste qui vient de débarquer y laisse ses quelques sous et son indignation désespérée. Quand même…

Pendant ce temps, on salit le riche legs de Mame Cheikh Ibra Fall. Cet élégant «soufi» compagnon de Cheikh Ahmadou Bamba qui a fait du travail le ciment de sa bonne conduite, qui a fait du travail un sacerdoce. Ces gens là ne sont vêtus que de leurs haillons et ils n’ont rien de Baye Fall pour revendiquer quoi que ce soit. Il faut que l’autorité mette de l’ordre à toute cette anarchie qui mine notre commun vouloir de vivre ensemble. L’image de ces Baye Fall en train de rançonner pour des petites pièces sonnantes et trébuchantes les gens dans les rues et ruelles de Dakar est une honte. Que l’on ne vienne pas nous rétorquer que cela personne ne peut y mettre fin. Qu’il faut leur laisser, faire ce qu’ils veulent. La passivité de tous, le silence de tout le monde est une complicité qui risque de torturer notre conscience. Mettre le holà à ces comportements dégradants serait un grand bien. Une œuvre de salubrité publique. A défaut de ne rien donner…dites non !

 

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