Covid-19 au Sénégal : un nouveau pic n’est pas à exclure

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Le coronavirus poursuit sa propagation dans notre pays où il tue silencieusement. Hier encore, deux patients ont perdu la vie. L’un est âgé de 70 ans et l’autre a 86 ans. Au cours des examens effectués hier, 124 cas sont revenus positifs alors que 18 patients sont toujours dans un état critique entre les mains des services de réanimation. Interrogé par Le Témoin, le médecin Dr Mohamed Lamine Ly a indiqué qu’il faudrait s’attendre à l’augmentation des cas avec la levée des restrictions. A cet effet, il a estimé que le ministre a peut-être raison sur le pic qu’il avait annoncé l’autre semaine. Selon lui, il se pourrait que ce pic soit passé et qu’on soit dans une autre phase avec la levée des mesures.

La pandémie a encore causé, au jour du mercredi 10 juin, d’autres morts au Sénégal. Deux personnes ont perdu la vie et plus de 100 cas sont revenus positifs des tests virologiques. C’est ce qu’a annoncé le ministre de la santé et de l’Action sociale. sur les 1205 tests réalisés, 124 sont revenus positifs, soit un taux de positivité de 10,2 %. Un taux qui a battu le record des autres jours de la semaine dernière.

 « Une courbe constante » selon Dr Mohamed LY
Selon le médecin Dr Mohamed Lamine Ly, l’épidémie est toujours dans une courbe constante. « Pour moi, la situation est en plateau depuis plusieurs semaines. On ne peut pas dire qu’elle a changé radicalement depuis la levée des restrictions. Avant de parler d’un changement, il faut qu’il y ait, sur plusieurs jours, une augmentation sensible des cas. Or, on est toujours dans la fourchette des 90, 100, 110, 120 etc. C’est plutôt en plateau, il n’y a pas d’accélération », a-t-il expliqué à nos confrères de Le Témoin.

A cet effet, ce spécialiste de Santé publique souligne qu’il ne faut pas qu’on se leurre avec la levée des restrictions en voyant la situation s’aggraver. « Il faut s’attendre effectivement à une augmentation des cas communautaires. Parce que les gens circulent plus à Dakar et plus encore à l’intérieur du pays », a-t-il averti. Par ailleurs, sur la fiabilité des tests qui ne refléteraient pas l’ampleur de la pandémie, Dr Ly souligne qu’il faudra un échantillonnage pour avoir la situation générale. « Les tests actuels ne permettent pas de saisir la totalité de la réalité et il y a une partie que nous ne maîtrisons pas dans l’épidémie. On a la partie visible de l’iceberg, mais il y a des cas positifs qui sont asymptomatiques, donc qui ne sont pas pris en compte dans les statistiques. De ce fait, il faudrait faire des échantillonnages ou des dépistages aléatoires pour avoir une meilleure idée de la prévalence du virus dans le pays », a-t-il fait savoir.

Pour les cas dits asymptomatiques, il indique qu’on ne peut affirmer de façon péremptoire qu’ils ne sont pas contagieux. « C’est vrai, y a des éléments nouveaux consistant à dire que ces cas ne sont pas contagieux. Mais les chercheurs de l’OMS eux-mêmes ne sont pas sûrs de ça. C’est juste une hypothèse », a-t-il avancé. Revenant sur les tests que le ministère a confiés à des instituts depuis le début de la pandémie, Dr Mohamed Ly exprime sa satisfaction par rapport au travail fait. « Les tests PCR sont quand même plus sensibles et plus spécifiques. On se félicite vraiment de donner des tests que le ministère va utiliser dans le cadre de son schéma de dépistage. Les tests à la perception sont lents, mais plus spécifiques que ceux rapides » précise l’interlocuteur du journal.

« Au rythme où les choses avancent on pourrait parler d’un second Pic »

Evoquant le Pic de la pandémie annoncé depuis plus d’une semaine par le ministre Abdoulaye Diouf Sarr, le médecin en Santé publique, Dr Ly, indique que c’est bien possible que le Pic soit effectivement dépassé, tout comme il est possible qu’on ne l’ait pas atteint. Car, au rythme où vont les choses, on pourrait parler d’un second Pic. « Rien ne garantit qu’on ait déjà atteint le Pic. Il faut parfois qu’on soit humbles et modestes. C’est vrai que le ministre n’est pas médecin, mais il a des sources de renseignements en tant que ministre de tutelle que moi je n’ai pas. D’après ma petite expérience, rien ne garantit qu’on ait atteint le Pic. parce qu’il y a une circulation active du virus actuellement. on peut bel et bien dépasser les chiffres de la semaine dont il a parlé. C’est très possible que ces chiffres soient dépassés. Ce sera le vrai Pic ou un second Pic », selon l’ancien patron de la Polyclinique de Dakar.

Dans la même dynamique, le Dr Mohamed Ly est revenu sur les raisons pour lesquelles le continent noir a subi moins de dégâts que d’autres parties du monde. « En Afrique, nos populations sont plus jeunes. Or, on a remarqué que la maladie tuait les personnes âgées. Chez nous, très peu de personnes atteignent les 70 ou 80 ans parce que beaucoup meurent très tôt. Donc, notre espérance de vie est moins élevée que dans les pays européens. Il y a aussi le niveau d’urbanisation à savoir que les gens entrent plus en contact dans les pays européens que chez nous. Il y a des trains, des métros, des aéroports. Là-bas, les gens ont plus d’occasions d’être en contact et se contaminer. En Europe ou en Amérique, on peut circuler sur plusieurs centaines de kilomètres en une journée. Tu es infecté et tu peux aller contaminer d’autres, loin de ta ville. Alors qu’ici, la circulation n’est pas aussi facile. Les gens ne font pas la navette de région en région comme en occident. Le virus migre de communauté en communauté. on peut quitter Rome pour partir à Naples, par exemple, dans un restaurant ou un bar bondé de gens. Eux aussi quittent la ville pour se rendre à paris, Milan etc. là-bas, ça circule plus vite. Alors qu’ici, c’est pas pareil », a argumenté le médecin.

Qui a aussi expliqué les causes qui ont fait foirer les mesures de restrictions prises pour stopper le virus. « Quand on fait des restrictions, il faut des mesures d’accompagnement. On ne peut pas demander à des commerçants, des transporteurs qui font des voyages interurbains, de se confiner, sans mesures d’accompagnement. Le président de la République a fait un Programme de résilience économique et social. Donc, l’argent débloqué aurait dû être utilisé pour ça. Pour qu’on puisse dédommager les gens qui ont un manque à gagner, parce qu’ils doivent rester à la maison sans circuler. Mais si l’on a l’argent et qu’on ne dédommage pas les gens, on sera contraint de faire face à la réalité économique », a conclu le Dr Mohamed Ly.

Le Témoin

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