Covid-19: le variant Omicron peut-il être le dernier variant?

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La vague Omicron continue de se propager à travers le monde. Première région concernée, l’Europe – principal foyer actuel de la pandémie – enregistre des niveaux de contaminations au Covid-19 inédits, par centaines de milliers désormais en France. Dans le pays, les autorités affirment pourtant que cette vague pourrait être la dernière. Les spécialistes eux, se montrent prudemment optimistes. Le variant Omicron est en train de supplanter tous les autres et devient majoritaire dans de nombreux pays. Avec 32 mutations sur sa protéine Spike, le dernier variant classé « préoccupant » par l’OMS est en effet très contagieux.

C’est cette protéine Spike qui lui sert de clé pour entrer dans nos cellules, et cette nouvelle clé mutée permet une infection encore plus rapide. Le variant Omicron est donc en train de doubler le variant Delta a un rythme affolant.

Une déferlante qui n’a pas empêché le ministre français de la Santé, Olivier Véran, de se montrer optimiste et d’affirmer que « cette cinquième vague pourrait être la dernière dans le pays ».

Pour de nombreux spécialistes, cette affirmation n’est pas réaliste. En tout cas pas en ces termes. Car si certains virus peuvent être éradiqués comme la variole par exemple, Bruno Canard, spécialiste des coronavirus et directeur de recherche au CNRS, rappelle que ce n’est pas le cas du Sars-CoV-2, qui provient de l’animal et qui pourra toujours repasser à l’homme.

Nouveaux variants

Par contre, Bruno Canard estime qu’il est en effet possible que cette vague soit la dernière qui affecte autant nos sociétés, avec un grand nombre de victimes et des systèmes hospitaliers débordés.

« Est-ce que Omicron est ce dernier virus ? On ne peut pas le savoir, mais ce dont on se doute, c’est qu’Omicron étant tellement puissant dans sa conquête de la planète, qu’il risque d’infecter la majorité des êtres humains. Donc, il va apporter une immunité aux hommes. Est-ce que cette immunité sera suffisante pour barrer l’accès à un nouveau variant ? C’est une possibilité », explique-t-il.

Il est quand même plus vraisemblable qu’on ait à l’avenir l’émergence de nouveaux variants. Le virus continue en effet de circuler et donc d’évoluer. Toutefois, le chercheur Bruno Canard estime qu’on se dirige de toute façon vers un virus de plus en plus inoffensif grâce aux vaccins ainsi qu’à l’immunité acquise avec Omicron et les précédents variants.

« À mesure que les variants s’accumulent, dit-il, il y a quand même une immunité cellulaire qui reste et qui protège, partiellement en tout cas, contre les prochains variants. Des travaux récents montrent que cette immunité étant toujours présente quel que soit le variant, on va petit à petit vers des formes qui sont moins graves. On voit d’ailleurs qu’il existe des coronavirus bénins qui ont certainement été très virulents au début où ils sont apparus quand ils sont passés de l’animal à l’homme, et puis ils ont été petit à petit matés par notre système immunitaire. »

Affaiblissement du virus

Nous pourrions donc nous retrouver avec un virus bénin ou au moins tolérable avec lequel nous pourrions vivre comme c’est le cas avec la grippe par exemple, un virus qui a un comportement similaire pour l’instant au Sars-CoV-2.

Il pourrait y avoir ainsi une épidémie chaque hiver et un vaccin actualisé régulièrement, avec l’apparition de variants plus dangereux régulièrement, comme c’est le cas pour la grippe tous les 15 ans, environ. La grippe A en 2009 et 2010 par exemple, a fait entre 150 000 et 575 000 victimes selon les estimations.

Mais encore faut-il qu’Omicron se comporte bien comme prévu, souligne le professeur Olivier Bouchaud, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Avicenne de Bobigny. Il préfère se montrer prudent :

« On peut toujours espérer, mais de là à affirmer ou d’avancer avec beaucoup de crédibilité que c’est effectivement la dernière souche et qu’après on sera débarrassé du Covid, c’est aller vite en besogne. »

L’épidémiologiste confirme que les virus ont tendance, dans leur évolution naturelle, à s’affaiblir dans le temps :

« Omicron marque un petit tournant par rapport aux souches qu’on a eues jusqu’à présent puisque, certes, il est plus transmissible, mais il a perdu gravité. Donc c’est en ce sens que ça peut être un signal vers un début d’amoindrissement de la virulence du virus. Mais soyons très prudents, le Covid-19 nous a habitués à beaucoup de facéties et de péripéties, il faut se garder d’être trop affirmatif. »

De plus, il rappelle que si le variant Omicron est moins dangereux que le variant Delta, avec trois fois moins de formes graves selon les dernières études provenant de Grande-Bretagne, le très grand nombre de personnes infectées pourrait quand même mathématiquement mener à un grand nombre d’hospitalisations et de morts. Il est donc de toute façon trop tôt pour se réjouir.

Source : RFI

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