Décès d’Awa Diop : l’émouvant hommage de Babacar Gaye

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“Adieu Linguère

Il est difficile de fêter et

Eid-El-Kebir et l’instant d’une mort. Tabaski a empêché la mort de Ismaël. Tabaski acte la mort de Awa Diop.

Je viens d’apprendre le décès de ma sœur Awa Diop. C’est aussi surprenant que douloureux. Qui doit vivre? Qui doit mourir? Seul Dieu sait!

Awa, ma sœur, malgré la gravité de l’heure et la solennité du discours, permets-moi de continuer à te tutoyer dans cette eulogie que je te dois, mais aussi à tous ceux qui t’ont connue et aimée.

En ces moments de douleurs intenses, ce n’est pas ta mort uniquement qui s’exprime, mais c’est aussi la plénitude de ta vie.

Awa, tu as vécu comme Aline Sitoe, Ndate Yalla, Djeumbeut Mbodj, Mame Diara, Codou Bigue…Caroline Faye, Arame Diene. Tu es ma Linguère, ma muse. Je continuerai à te chanter, chère sœur adorée.

Le Pds, le militantisme, le courage, la fidélité et Rufisque, tu en fis la quintessence du monde et le sens de toute ta vie faite de sacerdoce.

Awa, tu n’as pas uniquement donné à ces mots leur vraie signification, tu les a réhabilités en leur donnant leurs titres de noblesse. Ils t’étaient communiels. Par ton altruisme, tu leur avais donné ton prénom Awa, ton charisme incontestable, ta loyauté à Me Wade, ton sens de l’altérité. Tes amis dont moi, te pleurent déjà.

Très tôt, nimbée d’une insouciance juvénile, aux côtés des pionniers comme Alioune Badara Niang, Rokhaya Seye Samake, Twenky, Alioune Souaré, tu embrassas d’une étreinte d’amour, le parti de ta vie, le Pds. Maître Abdoulaye devint alors l’homme de ton destin et un compagnon de tous tes combats pour les libertés et la démocratie. A tes côtés, Mères Thiooumbé Thiam, Ndamouté Fall, Moumy Samb, Ndeye Maguette Dieye etc…

Plusieurs fois élue député en reconnaissance de ton engagement, tu fus la seule femme nommée ministre lors d’un congrès. Les gouttelettes qui dégoulinaient de ton visage fait de sourires exprimèrent, ce jour-là, une émotion plus qu’un quelconque devoir de reconnaissance. L’assistance en fut émue.

Malgré ta reconduction au Gouvernement, par esprit chevaleresque, tu as demandé au Président Wade de te soulager de ces fonctions gouvernementales pour te permettre de rester auprès de tes nombreuses sœurs que les fous et succulents ” yendu” à “l’hôtel des députés” manquaient, et qui avaient été sevrées de l’humanisme que la pasionaria d’incarnation militante pouvait offrir.

Awa, tu va me manquer. Moi, ton Babs adoré, qui se rappelle encore cette folle fin de matinée où tu as fait irruption dans mon bureau à la Présidence de République, le foulard défait, le visage dégoulinant de larmes de meutrissures, pour te plaindre d’une décision ŕévoltante et inacceptable pour les femmes libérales, que le Président Wade voulait prendre. Ce jour-là, j’ai pu grâce à Dieu, assumer mes devoirs et abreuver de mon action, ta soif de justice. Heureusement pour l’honneur de nos braves amazones dont Ndeye Gaye Cissé, le patriarche me suivit dans mes recommandations.

D’abord pendant les municipales 1996 et élections générales en 1998 à Rufisque, ensuite en 1998 dans l’affaire Ousmane Ngom et enfin après la perte du pouvoir, les abonnés aux calomnies, les comploteurs et lez usurpateurs ont toujours tenté de vous présenter comme “l’infidèle”. Ils ont toujours échoué dans leur dessein de te salir et de te trouver une remplaçante (Aminata Tall de Section bleue, Awa Gueye Kebe, Aida Mbodj, Aïda Ndiongue et in fine Woré Sarr), sans succès car Dieu a toujours été du côté des justes.

Opiniâtre, tu as su, dans le sillage de ton aristocratie de naissance, déjouer toutes les calomnies et partir, enfin, rejoindre les siens, cet après-midi de Tabaski, depuis le grand lit de ton intimité que seuls les bien-aimés connaissaient. Al Sataru qui sait couvrir de sa Miséricorde.

 

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