Dialogue national : « La sincérité du pouvoir est sujette à caution » (Juge Dème)

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Pour le juge Ibrahima Dème, le plus grand facteur de blocage du dialogue national, c’est l’absence de confiance entre l’opposition et le pouvoir.

Le dialogue national sera lancé ce mardi. Pensez-vous que les parties aboutiront sur un consensus fort ?

Le début du processus du dialogue se tient dans des circonstances assez difficiles à cause d’un climat délétère consécutif à la contestation des résultats de l’élection présidentielle par une bonne partie de l’opposition. Néanmoins, une démocratie ne peut pas évoluer si les acteurs ne se rencontrent pas pour discuter des questions d’intérêt national. Dans tous les pays du monde, on ne peut pas toujours être d’accord sur tout mais l’opposition et le pouvoir se rencontrent parfois pour discuter sur des sujets d’intérêt général. Mais au Sénégal, c’est la sincérité du pouvoir qui est sujette à caution.

Comment ?

L’année dernière un mois après avoir fait un forcing pour imposer à l’opposition la loi sur le parrainage, le pouvoir a appelé à un dialogue qui n’a abouti à rien de concret. Il y a trois semaines, le président de la République a décidé de faire voter par sa majorité à l’Assemblée une mesure majeure : la suppression du poste de Premier ministre avant de revenir pour dire qu’on est ouvert au dialogue, ce n’est pas cohérent. Il faut beaucoup de la sincérité et de la cohérence de la part surtout du pouvoir pour établir des rapports de confiance.

Le pouvoir se dit ouvert quant au choix d’une personnalité neutre pour conduire le dialogue. Cela vous rassure-t-il ?

Si le pouvoir est sincère dans la volonté d’instaurer un dialogue franc et constructif, il ne peut que prendre en compte certaines exigences de l’opposition. Le choix d’une personnalité ou de plusieurs personnes neutres et respectées pour arbitrer le dialogue est un gage pour établir une confiance mutuelle entre les acteurs et les conditions d’un véritable dialogue utile pour les sénégalais.

Quelle doit être, selon vous, la posture de l’opposition sur cette question ?

L’opposition doit rester unie et vigilante. Elle doit se concerter et s’accorder sur des bases objectives avant de prendre la décision de participer ou non au dialogue. Bien entendu, le dialogue n’aura d’intérêt qu’avec la participation de l’opposition significative. Pour le moment, elle doit rester exigeante quant aux préalables nécessaires pour garantir un dialogue dans lequel l’opposition ne doit pas accepter de servir de faire valoir. Car, avec un pouvoir qui nous a habitués à la ruse, la vigilance doit être de mise.

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