Dmitry Viktorovich Kourakov, ambassadeur de Russie au Sénégal : « L’année 2022 est très importante pour nos relations bilatérales »

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L’ambassadeur de la Fédération de Russie au Sénégal, Dmitry Viktorovich Kourakov, a reçu ce jeudi 10 mars la presse pour une séance d’explications sur le conflit opposant son pays à l’Ukraine. Toutefois, l’occasion a été mise à profit pour faire l’état des lieux des relations bilatérales entre Moscou et Dakar.

Le diplomate russe a débuté en rappelant que les relations entre le Sénégal et la Russie « ont une longue histoire ». Il relève au passage qu’il n’y a pas de périodes pénibles du passé colonial, de tentative d’ingérence dans la vie intérieure ou d’imposition de soi-disant nouvelles approches contraires à la relation et aux traditions locales ».

Au contraire, il fait remarquer que la Russie a « toujours cherché des occasions de montrer ses intentions amicales et de soutenir les États africains. » Ce qui fait qu’après 60 ans de relations avec le Sénégal, « un dialogue politique stable a été maintenu entre nos États, qui a survécu à l’épreuve de la guerre froide, à la période de l’effondrement de l’URSS… »

En insistant sur l’importance que revêt l’année 2022 dans la coopération russo-sénégalaise, l’ambassadeur convoque « la composante économique » qui, à son avis, « acquiert une signification particulière. »

Le Sénégal, deuxième partenaire de la Russie, après l’Afrique du Sud…

En ce sens, il visite les chiffres des échanges économiques entre les deux pays et révèle qu’au cours de 11 mois de 2021, le commerce bilatéral a été multiplié par 2,2 fois par rapport à l’année précédente et s’est élevé à 513,3 milliards FCFA. Ce qui fait du Sénégal le deuxième pays subsaharien, après l’Afrique du Sud à commercer avec la Russie. « Et pour le Sénégal, la Russie est devenu l’un des plus importants fournisseurs (40% blé, ainsi que des produits pétrochimiques, des engrais, etc…) », poursuit le diplomate selon lequel, des efforts sont faits pour « diversifier » et « accroître la durabilité des relations commerciales, principalement par la mise en œuvre de projets communs à long terme. »

Ces projets concernent le développement des énergies renouvelables, des carburants et des complexes énergétiques, des transports et des infrastructures urbaines du Sénégal.

« En mai 2021, dans le cadre de la visite de l’Ambassadeur Extraordinaire, Chef du secrétariat du Forum du partenariat Russie–Afrique, Son Excellence Monsieur Oleg Ozerov, la première mission d’affaires de l’ACEA au Sénégal a eu lieu. Des représentants de la société d’Etat Rosatom, qui en faisaient partie, ont informé les partenaires sur les avantages des petites solutions nucléaires. PJSC PhosAgro s’est mis d’accord sur la fourniture d’engrais, en évoquant la possibilité d’organiser une ligne de conditionnement de ses produits dans l’une des zones économiques franches sénégalaises. LLC « Chetra » a mené des négociations sur la fourniture de bulldozers russes et a convenu d’une visite de partenaires sénégalais en Russie pour se familiariser avec la production et les échantillons de produits. En novembre 2021, Georgy Boos, président de BL GROUP International Lighting Corporation, s’est rendu au Sénégal avec la délégation russe qui comprenait également un représentant de la société pétrolière russe Zarubezhneft JSC. Dans le cadre de leur visite, le Président du Sénégal, Son Excellence Monsieur Macky Sall a reçu la délégation russe. Un certain nombre d’entretiens de haut niveau ont aussi eu lieu. La possibilité de construire ici une usine russe pour la production d’équipements d’éclairage, de participer à des programmes d’électrification de la République et de fournir des produits russes ont été discutées », liste l’ambassadeur.

Parmi les réalisations russes, le service digitalisé Yango lancé le 9 décembre à Dakar est cité, faisant du Sénégal le quatrième pays d’Afrique, après la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Cameroun et le 24e marché mondial où sont présentés les services du géant russe de l’informatique Yandex.

Les préparatifs sont en cours pour le deuxième sommet Russie-Afrique. L’évènement à venir sera une étape importante vers la formation des mécanismes de partenariat durable avec l’Afrique, la suppression de divers obstacles dans le cadre de la promotion de projets communs.

Sur le plan de l’éducation, l’ambassadeur se réjouit de la bonne coopération qui permet à la fédération russe de fournir des bourses d’État dans ses universités. « En deux ans, nous avons réussi à faire passer le nombre de sénégalais sélectionnés annuellement pour étudier en Russie de 25 à 35 personnes. Et ça sans compter plusieurs dizaines de sénégalais qui optent de faire leurs études en Russie à leurs propres frais », ajoute le diplomate.

Soulignant qu’il y a « 193 nationalités » en Russie et 277 langues parlées dont 36 utilisées dans le système d’enseignement public, l’ambassadeur s’est dit « heureux et fier de constater qu’un nombre considérable de sénégalais vit en Russie ». Il précise que « la plupart d’entre eux sont des étudiants qui font leurs études dans les meilleures universités russes, ainsi que les sénégalais ayant obtenu volontairement la nationalité russe par voie de mariage ou par naissance. »

L’invasion de l’Ukraine, vue par l’ambassadeur russe…

Se prononçant sur la crise qui oppose son pays à l’Ukraine, l’ambassadeur reprend les termes utilisés dès le début de l’offensive russe pour justifier l’invasion. « Les objectifs de l’opération militaire spéciale sont la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine, la protection de la population de Donbass ainsi que la Fédération de Russie de la menace militaire imposée par les pays de l’Otan, qui tentent d’utiliser le territoire ukrainien pour créer une tête de pont contre notre pays », rétablit-il.

Il se lance ensuite dans une opération de dénonciation des errements auxquels Kiev se serait livré depuis le début de cette guerre. « La menace dont les civils ukrainiens font face aujourd’hui ne vient pas de l’armée russe, qui ne frappe que des cibles militaires avec des armes de précision, mais du régime de Kiev, qui a fait régner la terreur sur ses concitoyens, et des « bataillons des nationalistes » qu’il ne contrôle pas. Les ultranationalistes placent des chars, de l’artillerie et des lance-roquettes multiples devant les jardins d’enfants, les écoles et les hôpitaux installent des positions de tir sur les toits des immeubles d’habitation et se cachent derrière des femmes et des enfants.

Des soldats russes capturés sont soumis à des tortures sadiques. Les bandits ukrainiens filment les tortures et se vantent de leur cruauté ostentatoire. Des criminels ont été libérés des prisons ukrainiennes. La décision criminelle du régime de Kiev a été de remettre des dizaines de milliers d’armes à feu (plus de 10 000 unités rien qu’à Kiev) aux premières personnes venues. Des bandes armées de maraudeurs et de voleurs sévissent actuellement dans les villes d’Ukraine.

Les bandits tirent sur les citoyens ordinaires sans avertissement. On enregistre l’utilisation de munitions remplies de phosphore par les forces armées ukrainiennes qui sont interdites par le troisième protocole de la Convention des Nations Unies de 1980 sur les armes inhumaines », dénonce l’ambassadeur de la Fédération de Russie.

Oui au dialogue, mais…

Au sujet des sanctions annoncées par l’Occident contre la Russie, il répond que le gouvernement russe apportera toute l’assistance nécessaire aux banques sanctionnées, notamment aux deux plus grandes du pays, VTB et Sberbank. Il annonce dans la même veine que les « sanctions de l’UE ne resteront pas sans réponse ferme ». « Le décret présidentiel est signé le 8 mars par lequel la décision est prise de sanctionner les exportations et les importations de certains produits avec les pays qui ont imposé les sanctions contre la Russie », renchérit Dmitry Viktorovich Kourakov.

En revanche, l’ambassadeur Kourakov rappelle que « le président Vladimir Poutine a confirmé que la Russie est ouverte au dialogue avec la partie ukrainienne, ainsi qu’avec tous ceux qui veulent la paix en Ukraine mais à condition que toutes les exigences russes soient satisfaites ». C’est dans cette dynamique que le président russe a eu des entretiens avec ses homologues dont le président du Sénégal, ce mercredi 9 mars.

Avec Dakaractu

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