Emmanuel Macron annonce la fin de l’Opération Barkhane au Sahel

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Emmanuel Macron a annoncé jeudi la fin de l’opération Barkhane de lutte contre les jihadistes au Sahel, dans le cadre d’une « transformation profonde » de la présence militaire de la France dans la région.

C’est un tournant majeur qui se prépare dans la lutte contre le jihadisme dans le Sahel. Emmanuel Macron a annoncé, jeudi 10 juin, une amorce de réduction de l’opération militaire antijihadiste Barkhane, notamment au Mali, frappé par un récent coup d’État, lors d’une conférence de presse à l’Élysée en amont du G7.

Le calendrier et les modalités de la fin de l’opération Barkhane seront dévoilés fin juin, selon le chef de l’État.

« Évidemment, la France n’a pas vocation à rester éternellement au Sahel (…). Il est vraisemblable qu’il faille adapter le dispositif Barkhane », avait déclaré un peu plus tôt le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en déplacement à Abidjan, sans plus de précisions.

L’opération Barkhane et la situation au Sahel étaient au menu d’une réunion du conseil de Défense mercredi, selon plusieurs sources consultées par l’AFP, ayant toutes requis l’anonymat.

Paris déploie quelque 5 100 soldats contre les jihadistes affiliés au groupe État islamique et à Al-Qaïda, un soutien de taille aux armées affaiblies des États du Sahel qui peinent à les combattre seules.

Mi-février, lors d’un sommet à N’Djamena avec les partenaires du G5 Sahel (Tchad, Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie), le président français avait annoncé que Paris ne comptait pas réduire « dans l’immédiat » les effectifs de Barkhane.

Il avait toutefois esquissé une stratégie de sortie, à la faveur de renforts européens prêts à les rejoindre, alors que la France combat massivement les jihadistes au Sahel depuis début 2013.

Pas de négociations avec les jihadistes

La France a engrangé des succès tangibles contre l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) et les organisations affiliées à Al-Qaïda regroupées au sein du GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), sans enrayer toutefois la spirale jihadiste.

À l’approche de l’élection présidentielle de 2022, cet effort militaire de longue haleine suscite aussi des interrogations croissantes en France, alors que 50 soldats ont été tués au combat depuis 2013.

Le chef du GSIM, Iyad Ag Ghaly, responsable de très nombreuses attaques au Burkina, au Mali et au Niger, apparaît désormais comme l’objectif prioritaire de Barkhane.

« Clairement, aujourd’hui, c’est Iyad Ag Ghali qui est la priorité numéro une (…). Pour nous c’est la personne qu’il faut absolument réussir à capturer, voire neutraliser si ce n’est pas possible de le capturer, dans les prochains mois », soulignait le commandant des opérations spéciales, le général Eric Vidaud, le 3 juin sur France 24.

La situation s’est compliquée ces dernières semaines, d’une part avec la mort brutale du président Idriss Déby au Tchad, et surtout le deuxième coup d’État en huit mois au Mali, pays central de l’opération Barkhane.

Les soubresauts politiques au Mali interrogent la présence française, notamment car une partie des dirigeants maliens souhaitent entamer un processus de négociation avec certains groupes jihadistes.

La France a déjà annoncé le gel de ses opérations conjointes avec l’armée malienne pour condamner le coup d’État, et soutient les pressions internationales exercées par la Cédéao et l’Union africaine pour pousser les autorités maliennes à organiser une transition vers un pouvoir civil et des élections en 2022.

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