Et si l’administration de Macky avait échoué dans sa communication de crise ?

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L’approche minimaliste de la science politique réduit la politique à des procédures de décisions publiques et des choix structurels d’organisation sociale qui se doivent d’être les plus efficaces possibles. Dans ce cadre, on est plus dans une logique managériale de la société. La politique sert à gérer la société, comme on gère une entreprise commerciale, sans autre forme de spécificité. En vertu de ces considérations, une décision politique est légitime dès lors qu’elle est efficace. En effet, l’efficacité d’une décision politique reste l’une des unités de mesure la plus importante du champs politique. La capacité pour un gouvernement à répondre positivement aux défis sociopolitiques de sa population avec une réussite certaine a toujours montré d’après les âges de l’ère contemporain la légitimité d’un pouvoir d’être à la hauteur.

Ainsi, dans l’arène politique, la communication a toujours tenu les hommes au pouvoir ou les a fait perdre le pouvoir. Dans ce cadre, la communication politique a dépassé largement les périodes d’élection durant lesquelles elle était en vogue seulement pour devenir un outil permanent d’influence de la population pour son enrôlement dans les décisions gouvernementales. La communication de la période de crise, comme celle dans laquelle le monde est actuellement plongé, est cruciale car elle procure de l’intérêt. Le code de popularité des discours gouvernementales en tant de crise est trop élevé, ce qui peut révéler trop vite les erreurs et errements des responsables politiques face à une population attentive. Car, dans ces circonstances, la population voit dans le gouvernement un sauveur juré pour faire face à la situation de dépression. Surtout si la politique gouvernementale initiée par le pouvoir en place est taxée de mimétisme et ne gagne pas la confiance exclusive d’une population méfiante à l’égard de ses politiques.

Par ailleurs, en temps de crise comme la période actuelle de l’expansion du Coronavirus dans le monde d’abord en Asie depuis décembre 2019 puis au Sénégal, avec le premier cas noté le 02 mars, la population est sous le chaos et cherche refuge auprès du gouvernement. De ce fait, pour réussir cette communication de crise, un double objectif se présente pour le gouvernement que sont : montrer au peuple sa capacité à être à la hauteur de ses demandes et exigences et de suite assurer un ralliement de l’opinion nationale avec celui du gouvernement.

Premièrement, chaque gouvernement après avoir gagné la légitimité de la représentation par les résultats des urnes mérite de convoiter la légitimité auprès de sa population par son efficacité. Ainsi, être efficace à cette période de crise veut dire sans amalgame prendre de bonnes décisions dans l’intérêt du peuple. Être en mesure de savoir la solution idéale à présenter à la Nation pour l’épargner du pire. Dans ce cadre, la réponse du gouvernement, même si ça ne plaît pas à tout les nationaux, doit être la meilleure pour assurer la survie de la République et ses acquis en mettant la sécurité sanitaire, économique et politique de la population au premier plan.

Macky Sall lors de ses deux sorties le 23 mars et le 11 mai, durant l’avènement de la pire crise du XXIe siècle, a été paradoxal dans ses discours et propositions gouvernementales. D’abord, l’état d’urgence et le couvre-feu, pour endiguer la propagation du virus, sont minimes ou insuffisants en voyant la courbe d’évolution du nombre de cas du coronavirus au Sénégal. Les décisions de l’administration Macky semble être incomplètes en référence aux secteurs affectés par la crise tel que l’éducation, l’économie ou les citoyens impactés.

Ensuite, le gouvernement donne l’impression d’être incapable de maîtriser l’avancée fulgurante de la maladie avec une tergiversation dans les décisions à travers la communication gouvernementale. En effet, la communication du gouvernement n’est pas rassurante et crée une peur et un manque de repère pour la population qui se sent mise à l’écart d’un ensemble de décisions. Ainsi face à un recul manifeste de présence de la seule structure possédant le monopole de la violence légitime, qui crée et installe de la distance avec sa population, cette dernière se voit sous une solitude et face à sa responsabilité à travers ses moyens limités pour subsister face à une situation sans précédent.

En second lieu, l’union autour de la politique gouvernementale était de bon augure au début. Mais devant la crise qui s’empire de jour en jour, la liberté d’expression permet aux groupements d’opinions de fonder de nouvelles pensées sur la situation. De plus, en croyant Benjamin Barbier, les citoyens des démocraties contemporaines n’acceptent plus de se taire : ils revendiquent. En effet, les partis politiques qui ont ont été conviés au Palais après le premier discours du Président se sont rebellés pour dénoncer la mauvaise gestion de la crise. La plus flagrante a été celle d’Ousmane Sonko qui dénonce la politique du gouvernement. En outre, la possibilité d’accès à plus d’informations ou de rumeurs à travers les réseaux sociaux et sites d’internet fait que la société civile n’adhère pas aux propositions du pouvoir en place et, pire, pense qu’il ne représente pas dignement leur intérêt. Ainsi, un climat de méfiance s’installe entre gouvernants et gouvernés. Une population sénégalaise de plus en plus connectée se montre sceptique aux discours du gouvernement et cherche les failles dans la communication. Ainsi, l’incapacité du gouvernement à maîtriser les informations de sa population procure l’établissement d’un contre pouvoir passif en désaccord avec les propositions gouvernementales.
De ce fait le gouvernement manque dans ce cadre sa communication de crise et risque de perdre électorat et confiance des Sénégalais pour l’avènement politique post-covid.

Rassoull junior étudiant en science politique à IMAN

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