[Grand reportage] Passerelles de Dakar (2/2) : À la Patte d’Oie, des vigiles pas si dissuasifs

0 19

A la passerelle de Patte d’Oie, la mairie a envoyé des volontaires pour empêcher l’installation des vendeurs. Cependant, si leur présence peut être dissuasive la journée, les marchands attendent leur départ à 19h pour s’installer.

A cette heure de la soirée, les marchands s’arment de lampes torche  pour éclairer leurs commerces. Commence alors un tapage sonore à l’aide de mégaphone et autres moyens pour appâter les passants qui peinent souvent à se frayer un chemin à cause du flux et des encombrements.

« Même en Europe, vous trouverez des marchands ambulants »

Modou, vendeur de chaussures pour enfant occupe les lieux depuis plus de cinq mois. Coincé dans un pull-over beige pour contrer le vent frisquet qui sévit sur les lieux, le commerce facile, il reconnait être dans l’illégalité.

« Dakar c’est la capitale, donc nous sommes tous ici à la recherche d’un gain. Ce n’est pas normal de vendre sur ces lieux, mais nous n’avons pas le choix, se justifie ce ressortissant de Bambey. Même en Europe, vous trouverez des marchands ambulants dans l’illégalité. »

Mais ces arrangements avec la légalité ne sont pas sans conséquence pour Modou et ses camarades. Il arrive que, sans l’air d’y toucher, les piétons les sanctionnent. « Quelques fois des passants nous insultent ou trébuchent exprès sur nos affaires », confie-t-il dans un éclat de rire.

S’agissant de la présence des volontaires de la mairie, il ne semble guère ébranlé. Il se permet même de les caricaturer : « C’est une façon de montrer qu’ils travaillent, même si tout le monde sait qu’ils n’ont aucune utilité. »

En ce début de soirée, l’obscurité gagne petit à petit les lieux, les passants hâtent le pas pour échapper à la fraîcheur qui sévit sur Dakar. C’est à ce moment que le marché commence à s’animer. Les petits commerçants sont en poste jusqu’à 00h, voire au-delà.

A quelques jets de pierre de là,  Omar tient son étal de chaussettes. Pour ce jeune Saloum-Saloum, les  autorités étatiques  sont les principales responsables, car dit-il, ils ont une mauvaise politique de l’emploi.

« S’il y avait du travail dans ma localité d’origine, j’y serais resté, mais nos activités saisonnières ne durent que trois mois alors qu’on doit travailler toute l’année », se dédouane-t-il.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.