Impact du coronavirus sur l’agriculture : Le Cncr dresse un sombre tableau

0 19

Le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr), dans une déclaration, fait le point des effets néfastes de la crise du coronavirus sur les activités agro-sylvo-pastorales et halieutiques de ses membres.

Un secteur agro-sylvo-pastorale sinistré. C’est le tableau qu’a dépeint le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr).
«La crise du Covid-19 est venue s’ajouter aux effets d’une campagne agricole 2019-2020 dont les résultats ont été mitigés, en dépit de l’engagement de nos membres et des efforts du gouvernement. Elle (campagne) a été caractérisée par des performances relativement limitées et disparates selon les régions. Les principales raisons sont liées à une installation tardive de l’hivernage, une pluviométrie moyenne à déficitaire et à une répartition inégale dans le temps et dans l’espace. Occasionnant un allongement de la période des semis dont une bonne partie n’a pas pu boucler le cycle végétatif», déclare le président du Cncr. A cette date, indique Nadjirou Sall, «la majorité de nos membres déclarent l’épuisement du stock vivrier familial et ont recours aux marchés pour acheter leur nourriture jusqu’aux prochaines récoltes. Leur effectif ira crescendo, faisant craindre une période de soudure longue et plus difficile que d’habitude, aggravée par cette pandémie aux conséquences néfastes sur l’économie rurale.
Les récoltes n’ayant pas atteint les prévisions escomptées, nos fédérations impliquées dans des systèmes de contractualisation avec les industriels et opérateurs de marchés, se sont retrouvées en défaut de paiement, faute de solvabilité de leurs membres débiteurs. La perturbation de ce système vertueux de contractualisation, inventé par les paysans pour se protéger des méfaits des spéculateurs et intermédiaires d’occasion, aura des conséquences sévères sur l’accès aux intrants de qualité pour la prochaine campagne. Les réserves de semences constituées par nos fédérations en année normale ne pourront pas couvrir les besoins de nos membres cette année».
Pire, souligne M. Sall, «la fermeture des loumas hebdomadaires où ils écoulaient poules, moutons, chèvres, fruits, légumes, céréales, etc., pour maintenir une trésorerie familiale durant la saison sèche, a aggravé la situation alimentaire des familles.
Nos exploitations horticoles dont la vente de leurs productions a coïncidé avec l’arrivée du Covid-19, traversent une situation très difficile avec la restriction du transport interurbain qui empêche l’écoulement de la forte production de légumes et de fruits vers les grandes villes.
En zones irriguées, les exploitations agricoles craignent des difficultés majeures avec les restrictions dans les transports. La campagne de contre-saison en cours les préoccupe quant à la sécurisation de la production (récolte rapide et stockage), la commercialisation et le remboursement des crédits aux banques dans ces conditions de quasi-confinement et de stricte limitation des contacts et des échanges, moteurs de l’économie rurale. Cela est indispensable pour la réussite de la campagne hivernale et l’atteinte des objectifs du programme de riposte dans la filière riz».

Eleveurs désemparés
L’Elevage n’est pas épargné. A en croire le Cncr, «les transhumants sont encore présents dans les zones de repli du bétail au Sénégal oriental et au Sud du pays. Avec les restrictions dans les déplacements, la mobilité des communautés pastorales et agropastorales est très difficile voire impossible, ce qui complique l’accès du bétail aux pâturages et aux points d’eau. Le m3 est payé à 500 francs Cfa par les éleveurs dans ce contexte où les revenus sont considérablement réduits, voire inexistants. En effet, la fermeture des marchés hebdomadaires les laisse sans source de revenus pour faire face à leurs besoins élémentaires (alimentation, soins de santé…). Ainsi, à court d’argent, les éleveurs sont contraints de brader le bétail ou de l’échanger contre des sacs d’aliment concentré suivant un rapport très défavorable. Les risques d’insécurité alimentaire et nutritionnelle sont accrus pour les communautés pastorales comme pour le bétail».

Filière avicole impactée
Concernant l’aviculture, relève l’organisation paysanne, «l’annulation de grands événements religieux, les restrictions sur la mobilité, la fermeture d’hôtels, de restaurants et de certains marchés et d’autres lieux de commercialisation ou de consommation de masse ont causé de réelles difficultés dans l’écoulement des produits avicoles qui ont fortement impacté la filière avicole sénégalaise».

Recul des débarquements
Quid de la Pêche ? Nadjirou Sall et ses collaborateurs renseignent que «le secteur est aussi fortement impacté par la fermeture ou la réduction du temps d’ouverture des quais de pêche». «Nos membres constatent une baisse des débarquements entraînant une réduction significative des revenus des pêcheurs. Avec la fermeture des aéroports, les usines d’exportation qui prenaient 80% des captures ne s’approvisionnent plus auprès de nous. Les femmes transformatrices rencontrent des difficultés pour l’accès à la matière première et pour écouler leurs productions avec les restrictions dans le transport interurbain et la fermeture des marchés et surtout des loumas. Face à cette situation, la sécurité alimentaire des communautés de pêcheurs est ainsi lourdement affectée», affirme le président du Cncr. Face à ce contexte difficile, le Cncr regrette «la non prise en compte des produits horticoles et avicoles dans les kits alimentaires destinés aux ménages vulnérables au moment où les restrictions sur les déplacements et la fermeture des marchés (loumas) ont empêché l’écoulement de la production».

 

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.