Initiatives législatives et manifestations contre l’antisémitisme

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Il faut légiférer pour endiguer le “foisonnement des paroles haineuses, antisémites ou racistes, sur les réseaux sociaux”, estime Edouard Philippe, sur fond de manifestations communes des partis politiques contre la hausse des faits antisémites. “Il faut être totalement déterminé, je dirais presque enragé, dans notre volonté de lutter, avec la conscience claire que ce combat est ancien et qu’il durera longtemps”, déclare le Premier ministre dans un entretien publié mardi par L’Express.

La lutte contre l’antisémitisme “passe par la dénonciation, l’éducation, la formation et la sanction”, ajoute-t-il en précisant que les hébergeurs doivent créer les conditions du respect de la loi française et être jugés responsables “s’ils n’arrivent pas à retirer les contenus”. “Je sais que cela se heurte à certains obstacles, et mon objectif n’est pas de contraindre la liberté d’expression.

Cela passera par une loi, si possible avant l’été”, poursuit-il sans se prononcer sur le véhicule législatif à privilégier. Le gouvernement a présenté jeudi les grandes lignes de son plan d’action contre le cyberharcèlement, qui prévoit entre autres une obligation de retrait des contenus haineux par les plateformes comme Facebook, Twitter, YouTube et des actions de sensibilisation.

Le secrétaire d’Etat Mounir Mahjoubi avait annoncé à cette occasion qu’une loi serait présentée dès le deuxième trimestre 2019. Les faits antisémites ont augmenté de 74% l’an dernier, passant de 311 en 2017 à 541 en 2018, après deux années de baisse, selon le ministère de l’Intérieur.

FRONT COMMUN, RN EXCEPTÉ

Le chef du gouvernement, plusieurs ministres de premier rang mais aussi François Bayrou, Laurent Wauquiez et François Hollande participeront mardi à des manifestations communes contre l’antisémitisme, notamment place de la République à Paris à 19h, à l’initiative du Parti socialiste. “Je ne veux pas participer à une instrumentalisation politicienne”, s’est expliquée mardi sur Europe 1 Marine Le Pen.

“Je ne vais pas là ou je ne suis pas souhaitée et désirée”, a-t-elle déclaré. Le Rassemblement national (ex-FN) prévoit des initiatives distinctes d’hommage aux victimes d’antisémitisme. Le président du Sénat, Gérard Larcher, et le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, iront pour leur part se recueillir au Mémorial de la Shoah.

“C’est le geste symbolique des deux présidents d’assemblée parlementaire pour réaffirmer leur attachement aux valeurs de la République et leur détermination commune à ne jamais céder à la haine et à la violence”, écrivent-ils dans un communiqué. Le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, qui rencontrera ce mardi à Berlin ses homologues allemands, a assuré qu’il serait “de tout coeur” dans les manifestations. “J’ai le sentiment parfois qu’on a oublié notre Histoire”, a-t-il dit sur RTL.

“Je voudrais que tous les enfants français se rendent au mémorial de la Shoah et qu’ils voient le statut des Juifs d’octobre 1940 annoté de la main du maréchal Pétain.” En parallèle, une autre initiative législative émanant d’une trentaine de députés de la majorité et visant à punir l’antisionisme au même titre que l’antisémitisme est attendue à l’Assemblée, sans faire pourtant l’unanimité.

“Je suis réservé, j’appelle à la prudence et surtout à la réflexion très approfondie avant de faire des annonces intempestives”, a déclaré sur BFM TV Richard Ferrand. “Nier le droit d’Israël à exister est évidemment inacceptable et dissimule bien souvent une forme d’antisémitisme, c’est indéniable”, a-t-il dit. “Ensuite, faut-il pour autant prendre une loi qui pourrait laisser entendre que critiquer la politique d’Israël (…) pourrait être assimilé à un délit”, s’est-il interrogé, redoutant des “problèmes de discussion interminables”.

Julie Carriat, avec Jean-Baptiste Vey, édité par Jean-Stéphane Brosse et Yves Clarisse

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