Intégrons l’hypothèse où Macky Sall renonce à une 3e candidature en 2024 ! En supprimant le poste de Pm, il avait relié ce fait à la volonté d’éviter que le chef du gouvernement soit perçu comme un dauphin. Maintenant que le poste revient, l’on pense que le futur Premier ministre sera son potentiel successeur. Sauf que l’on ne voit pas trop parmi ses lieutenants, quelqu’un qui réunit les conditions pour remporter la prochaine présidentielle. En dehors de Macky Sall, l’Apr est une armée mexicaine condamnée à ne pas survivre à son règne. Il faut alors explorer d’autres pistes !
Le successeur peut sortir de la famille libérale. Idrissa Seck ? « Gloria » ? Qui sait ? Idy ne part pas avec la faveur des pronostics, puisqu’il sait fait hara-kiri en rejoignant la mouvance présidentielle par un reniement qui entame sa crédibilité.
Par contre, Karim Wade conserve toutes ses chances, d’autant plus que la coalition dont le Pds était le pivot, est sorti deuxième des législatives de 2017.
En d’autres termes, l’on peut assister à un scénario à la congolaise. En écartant ses principaux rivaux Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi qui incarnaient l’opposition radicale, le président Joseph Kabila a instigué machiavéliquement son remplacement par Félix Tshisekedi, fils d’un opposant historique tout comme Karim Wade.
Ainsi, le futur candidat de Benno bok yakkar pourrait n’être qu’un faux-dauphin, dans le rôle de Emmanuel Ramazani Shadary candidat fantoche du camp de Kabila à la dernière présidentielle congolaise.
En définitive, aphone depuis les retrouvailles de Massalikul Jinaan, le Pds, qui évite soigneusement d’entrer dans une adversité frontale avec Macky Sall tout en grillant Ousmane Sonko dans l’affaire Adji Sarr, pourrait ramasser les dividendes de cette expectative prudente par une intronisation de Wade-fils à la congolaise.
L’hypothèse postulerait une double-implication : « enterrer l’opposition radicale » autour de Ousmane Sonko, selon le mot d’ordre émis par Mahmouth Saleh et prédisposer Macky Sall à une vision plus sereine de sa retraite.
Autre chose : on n’a pas fait lien, mais la décision portant restauration de la Primature intervient au lendemain de la visite du secrétaire d’Etat américain à Dakar. Or, aussi bien pour Abdoulaye Wade, Alpha Condé que pour Alassane Ouattara, Washington a opposé son veto à un 3e mandat, conformément à une doctrine bien observée depuis Barack Obama. La France, de son côté, ne serait plus ce gendarme dans sa propre sphère d’influence africaine, pour indiquer la conduite à tenir. Toutefois, Paris n’avait pas souscrit à une 3e candidature de Alpha Condé, même s’il a fermé les yeux sur le cas Ouattara.