La crise Covid-19 empêche certes de voyager, mais il est toujours permis de rêver à ces sites merveilleux, bien connus par leurs riverains et les ressortissants des pays concernés, mais pas forcément par le monde entier.
Lac Kivu, RDC
Partir de Goma en bateau pour se rendre à Bukavu, c’est faire l’expérience de l’Afrique des Grands Lacs dans toute sa splendeur. À mesure qu’on s’éloigne de Goma, surplombée par le volcan Nyiragongo et son perpétuel panache de fumée, les rives montagneuses et verdoyantes du lac Kivu, grand comme une mer intérieure (2 700 km2) sont d’une beauté à couper le souffle. En longeant les côtes paisibles d’Idjwi, la plus grande île lacustre d’Afrique, l’on ne peut s’empêcher de penser à l’incroyable potentiel touristique de ces lieux paradisiaques, situés à 1 460 mètres d’altitude entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Faits pour la dolce vita, ils sont malheureusement devenus l’enfer sur terre depuis le génocide des Tutsis en 1994, les deux guerres du Congo et les conflits armés qui n’en finissent plus de s’ensanglanter le Nord-Kivu.
Bisate, Rwanda
En bordure du Parc national des volcans, à deux heures de route de Kigali, dans le nord du Rwanda, le site de Bisate abrite un lodge extraordinaire de cases rondes, ouvert en 2017. Six « villas de forêt » aux toits de paille sphériques, inspirées par l’architecture des anciens palais royaux du Rwanda, offrent une retraite de luxe et design, avec baies vitrées sur une frise de montagnes. Ce nec plus ultra, bien connu des Rwandais, est situé entre lac et volcans, tout près des gorilles si recherchés. L’entreprise qui les gère, Wilderness Safaris, un opérateur d’éco-tourisme basé au Botswana a investi dans un programme de reboisement de l’un des derniers sanctuaires des gorilles des montagnes, une espèce menacée d’extinction.
Great Zimbabwe, Zimbabwe
Ce site archéologique médiéval, construit entre les XIe et XVe siècles par les ancêtres du peuple shona, a donné son nom au pays. Plus ancien que Tombouctou et Djenné, au Mali, il est le mieux conservé d’Afrique subsaharienne. Spectaculaire, avec ses hauts édifices de pierres assemblés sans mortier, il s’étend sur 730 hectares, et comprend une tour ronde de 22 mètres de haut. Il raconte la grande histoire de l’empire du Zimbabwe, fondé autour de mines d’or, et qui commerçait avec le monde entier. Des morceaux de porcelaine chinoise et de faïence persane du XIIe siècle ont été retrouvés lors de fouilles archéologiques, ainsi que des pièces de monnaie arabe liées aux sultanats omanis de l’actuelle Tanzanie.
L’île de Mozambique, Mozambique
Cette perle insulaire de l’Océan Indien, elle aussi inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, est difficile d’accès malgré le pont routier de 3 km qui la relie depuis les années 1960 à la côte. Elle est plus facile à rejoindre depuis la Tanzanie, par un vol de Dar-es-Salam à Nampula, que depuis Maputo, la capitale du Mozambique, à 2 500 km au Sud. Ce n’est ni Lamu au Kenya, ni Zanzibar en Tanzanie, devenues très touristiques, mais une ancienne ville fortifiée non moins marquée par des influences multiples : swahilie, indienne, arabe, perse, chinoise et portugaise. Ancien comptoir portugais de la route des Indes, l’île a donné son nom au pays, tiré du patronyme du sultan Moussa Mbiki. Elle offre un mix architectural et une gastronomie unique, en raison de ses influences diverses, outre les plages de sable blanc sur les eaux turquoise de l’océan Indien.
Betty’s Bay, Afrique du Sud
Plage et montagne, les pieds dans l’eau avec les pingouins, cette baie est un lieu de villégiature prisé par les Capetoniens. Ils s’y retrouvent entre amis pour les fêtes de fin d’année, au cœur de l’été austral, dans des villas louées au bord des vagues chaudes de l’océan Indien, loin des cohortes de touristes dans leur ville. Le site offre une immersion dans la nature, avec de nombreux chemins de randonnée dans le fynbos, la flore particulière de cette région au climat méditerranéen, mais aussi dans la culture, si l’on s’y attarde pour rencontrer les Sud-Africains du cru.
Chutes de Kalandula, Angola
Autres trésors touristiques méconnus, l’Angola abrite des chutes non moins spectaculaires que celles de Victoria au Zimbabwe. Les chutes de Kalandula tombent sur 100 mètres de haut, dans la province de Malanje, sur un site qui ne compte qu’un seul hôtel. Cette province située dans le nord de l’Angola compte aussi des rapides, des parcs naturels et des possibilités de trekking sur des sites historiques : elle abrite en effet l’ancien royaume Matamba de la reine Njinga, qui s’est battue au XVe siècle contre l’invasion coloniale portugaise, qui fit de l’Angola une colonie de peuplement.
São Tomé-et-Principe
L’intégralité de ce pays, le plus petit d’Afrique avec les Seychelles, est à visiter. L’archipel montagneux, ancienne colonie portugaise, offre des criques désertes et des sentiers de randonnée encore non fréquentés, outre une culture métissée qui se caractérise par un état d’esprit « leve-leve », ou « léger-léger ». Surnommées « Stressless Islands », les deux îles principales sont décrites comme étant plus proche de l’Amérique latine que de l’Afrique sur le plan culturel. La danse traditionnelle de la « puita » serait l’ancêtre de la samba, tandis que le carnaval du Mardi-Gras se double d’autres festivités, comme le théâtre de plein air Tchiloli et le ballet Dança Congo, où les acteurs jouent les rôles du diable et du féticheur dans une transe festive.
Pays bassari, Sénégal
Loin des stations balnéaires de la Petite Côte, le pays Bassari, joignable à partir de la ville de Kédougou, au sud-est du Sénégal, permet une incursion dans le parc naturel du Niokolo-Koba, mais aussi, et surtout dans une Afrique « authentique ». Sa population, organisée en classes d’âge, dans laquelle le passage est marqué par des rites d’initiation, est réputée pour avoir préservé sa culture animiste. Les archers bassaris, chasseurs et cultivateurs, se sont retranchés dans un habitat troglodyte sur les plateaux du Sénégal Oriental, pour fuir les razzias esclavagistes et l’islamisation. Ils vivent aujourd’hui entre le Sénégal et la Guinée, sur les contreforts du majestueux massif du Fouta-Djalon.
Dakhla, Maroc
Dunes et lagon, « les Antilles du Maroc » se trouvent en plein essor depuis 2003, des journaux de sports nautiques lui ayant consacré des articles. Prisée par les surfeurs, kite-surfeurs, Dakhla, située dans le Sahara occidental, offre un mélange spectaculaire de mer et de désert. Elle dispose d’un petit aéroport desservi par la Royal Air Maroc, mais s’y rendre par la route représente un périple, puisqu’elle se trouve à 650 km au sud de Layoune et près de 1 700 km de Rabat. Logée sur une étroite péninsule de 40 km, Dakhla détonne par son climat tempéré, et reste hors des sentiers battus du Maroc, même si elle attire 3 000 surfeurs par an, surtout en hiver.
Thugga, Tunisie
Non loin de la ville de Béja, au nord-ouest de la Tunisie, se trouve « la petite ville romaine la mieux conservée d’Afrique du Nord » selon l’Unesco, qui l’a classée au patrimoine mondial en 1997. Mieux que Carthage, donc, Thugga déploie des vestiges vieux de 17 siècles sur plusieurs hectares. Rangées de colonnes, théâtre antique, mosaïques, Thugga donne aussi les signes, dans son urbanisme, d’une cohabitation entre colons romains et autochtones « numides », dans ce qui fut le Maghreb du IIIe siècle.
Avec RFI