Législatives 2022 : Que se passera-t-il s’il y a cohabitation ?

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Les observateurs avertis n’écartent pas une cohabitation à l’Assemblée nationale lors des élections législatives du 31 juillet. Il faut le préciser, le vœu de l’opposition est d’avoir une majorité parlementaire à l’hémicycle et instaurer la cohabitation. Aussi, si Ousmane Sonko et Cie arrivent à obtenir la majorité à l’assemblée nationale, cette cohabitation annoncée sera une première dans l’histoire politique du Sénégal.

Interpellé par SeneNews pour faire le décryptage de ce débat agité au sein des landerneaux politiques, l’analyste Assane Samb estime que décrocher la cohabitation par l’opposition ne sera pas une chose facile. Autant, il soutient que la mobilisation lors des meetings ou de caravane ne veut rien dire. Dans le fond, tout dépendra de la volonté des électeurs. Dans un entretien accordé à nos confères de Jeune Afrique, Macky Sall, de son côté, a écarté totalement une cohabitation. “Vous savez très bien que, même dans les pays développés, c’est rarement une réussite. Je ne peux imaginer un tel scénario au Sénégal”, confie le chef de l’État à JA. En clair, pour Macky Sall, ce scénario n’est pas envisageable.

Le moins que l’on puisse dire est que les résultats des élections locales du 23 janvier 2022 restent dans la mémoire collective des observateurs de la scène politique. En s’y basant, ces résultats peuvent être le baromètre pour déterminer comment devraient se passer les joutes des législatives. En plus, la montée en puissance de la coalition Yewwi Askan Wi peut créer un basculement sur la carte électorale. Les villes de Dakar, Ziguinchor, Thiès, Guédiawaye, ont tombé dans l’escarcelle de Yewwi. Ce qu’analyse Assane Samb.

« C‘est vrai je doute que Yewwi soit une tradition populaire . D’ailleurs à Pastef, un des partis de la coalition a quand même fait une percée qui est appréciable, mais au delà dire que parce qu’il y a une forte mobilisation dans la rue , il y aura renversement de la majorité pour une cohabitation , je pense que la conclusion est hâtive. Nous réservons le droit simplement d’observer la situation et de voir les électeurs décider. Il faut rester prudent, je pense que toutes les coalitions sont mobilisées, surtout les deux grandes coalitions Yewwi et Benno . Mais on ne peut préjuger la victoire finale d’une quelconque coalition ».

D’après d’autres observateurs de la scène politique, il y aura bel et bien une cohabitation au niveau de l’assemblée nationale. Dans ce cas de figure, le gouvernement et le pouvoir législatif seront contrôlés par l’opposition. Le Président de la République va régner sans gouverner. L’Assemblée nationale pourra renverser le gouvernement si le Président refuse de nommer un premier ministre issu de l’opposition. L’analyse politique est d’avis qu’une cohabitation ne permettra pas à Macky Sall de gouverner et cela peut conduire à une stabilité institutionnelle.

« Comme conséquence : une stabilité institutionnelle parce que s’il y a pas de vote de budget, on ne peut pas exécuter le budget . C’est un scénario qu’on a observé en Guinée Bissau, avant l’arrivé de Umaro sissoco Embaló, quand il y avait le président José Mario Vaz, qui était en bisbille avec le président de l’Assemblée nationale à la même époque. Donc on le souhaite pas, ce qui est plus logique dans ce cas, s’il y a cohabitation , c’est que le président nomme un Premier ministre issu de l’opposition pour qu’il puisse gouverner. Donc, c’est ce scenario que l’opposition souhaite advenir. Bien sûr ça serait une façon d’abréger le pouvoir de Macky Sall . Et bien entendu de préparer 2024 mais la majorité ne souhaite pas ça du tout. Le président Sall va tout faire pour conserver sa majorité à l’Assemblée nationale pour éviter le spectre de la cohabitation », a analysé Assane Samb.

Avec une démocratie majeure, le Sénégal pourrait bien vivre une cohabitation. Mais de l’avis de Assane Samb, ce reversement de la carte électorale ne sera pas une chose aisée . « C’est une possibilité d’avoir une cohabitation de la 14 législature maintenant est ce que ça sera le cas ? L’opposition rêve de cela mais ça ne sera pas facile. Car une cohabitation, c’est le renversement de la majorité par l’opposition au sein du parlement. En terme clair, l’opposition devance la coalition majoritaire au pouvoir . Dans ce cas, il y a deux possibilités : soit le président de la République nomme un Premier ministre qui est issu de l’opposition pour qu’il puisse gouverner, soit le président refuse de le faire . Or, si le président refuse de le faire, l’Assemblée nationale peut procéder à un blocage du vote des lois et surtout du projet de loi budgétaire », a-t-il expliqué.

De son côte, la majorité présidentielle croit dur comme fer qu’il y aura pas une cohabitation lors des élections législatives. Selon eux, le système électoral sénégalais ne permet pas une cohabitation. De surcroit c’est le parti majoritaire qui contrôle la majeure partie des départements et le système du « Raw Gadou » rafle une bonne majorité sur la liste proportionnelle (nationale).

En somme, les sénégalais rêvent de voir une assemblée nationale viatique qui répond aux aspirations des populations, en contrôlant l’action du gouvernement. Cette 14 éme législature est attendue sur des questions cruciales et des projets de loi forte pour une démocratie majeure.

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