Les cousins à plaisanterie: “Quand un Sérère rencontre un Diola…” (Par Ibou Diouf, journaliste)

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Ce jeudi 25 mars, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a été le théâtre d’affrontements entre étudiants diolas sous la bannière du mouvement “Kékendo” et Sérères du mouvement “Ndef Leng”. Une affaire qui ne laisse indifférent le journaliste de Tfm, Ibou Diouf qui poste sur son compte facebook un rappel historique concernant le cousinage à plaisanterie entre ethnies.

Texte in extenso

Quand un Sérère rencontre un Diola… ils se chambrent beaucoup, la taquinerie va bon train mais toujours dans la bonne humeur. En effet, ils sont cousins à plaisanterie ! Dans la société sérère, le cousinage à plaisanterie occupe une place extrêmement importante.

Cousinage à plaisanterie Sérère-Diolas

S’agissant tout d’abord du cousinage entre diolas et sérères, les historiens l’associent à la légende d’Aguène et Diambogne. En effet, ces derniers seraient deux frères qui auraient voyagé ensemble en pirogue. Arrivés aux environs de Sangomar (île située dans la région de Fatick), la pirogue aurait chaviré et les deux frères se seraient perdus de vue. Diambogne se serait dirigé vers les îles du Saloum et Aguène vers le sud du pays. Et d’après cette même légende, Diambogne serait l’ancêtre des sérères et Aguène celui des Diolas. C’est en référence à cette histoire que le cousinage entre sérères et diolas serait né.

Cousinage à plaisanterie Sérère-Peulh

Pour ce qui est ensuite du cousinage entre sérères et Peuls, il est rattaché historiquement à la migration des deux ethnies. En effet, selon certaines versions, après avoir quitté l’Egypte, Sérères et Poulars auraient atterri à la vallée du fleuve Sénégal où ils auraient vécu pendant une certaine durée avant que les sérères ne prolongent leur voyage vers l’intérieur du pays. C’est de cette cohabitation que serait né le cousinage entre Poulars et sérères.

Sénégal

Pour beaucoup d’observateurs, si le Sénégal a su rester stable socialement, c’est en grande partie lié au travail de nos aïeuls qui, par le biais de certaines pratiques, ont réussi à jeter les bases d’un véritable Etat-nation. En effet, nos aïeuls ont réussi à instaurer et consolider une certaine paix sociale à travers le culte du pardon et de la tolérance. Ainsi, contrairement à d’autres pays Africains, le Sénégal a su avoir le génie de transformer la différence ethnique en richesse culturelle à travers un certain nombre de coutumes et d’usages. Parmi ces pratiques garantes de notre paix sociale, le cousinage à plaisanterie occupe une place de choix.

Taquinerie

Le cousinage à plaisanterie est une sorte de taquinerie que certaines ethnies sénégalaises s’autorisent entre eux. En effet, par ce pacte, deux ethnies cousins s’autorisent mutuellement à se “chambrer” et même parfois à se critiquer sans que personne ne se fâche. C’est un moyen de stabilisation sociale dans la mesure où il est rare de voir au Sénégal deux personnes issues de deux ethnies cousines s’affronter et ce, quelques soient les intérêts en cause. Au contraire lorsque deux personnes découvrent qu’elles sont issues d’ethnies cousines, elles développent spontanément une amitié et une solidarité au nom de ce pacte.

Esclavage

Généralement, il tourne autour de l’esclavage. Chacun se dit être le roi de l’autre et l’appelle de manière ironique «mon esclave ». Le sérère dit que le diola et le Poular sont ses esclaves et vice versa. Chacun considère qu’il peut tout faire à l’autre sans problème. Ce cousinage entre ethnies se manifeste aussi par une sorte de tolérance.

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