Mamadou Youri Sall sur l’évolution de la courbe de l’épidémie : « Notre erreur c’est… »

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Depuis quelques jours, la courbe de l’épidémie a une évolution en flèche et semble doucher toutes les prévisions d’une situation sous contrôle. D’après l’enseignant chercheur en modélisation mathématique à l’Ugb, Mamadou Youri Sall nos prévisions ont été faussées car on fonctionnait sur la base des fonctions de croissance épidémiologiques de l’Europe.

« L’évolution de la courbe de propagation est inquiétante. Depuis quelques temps, les cas communautaires augmentent. Quand les cas communautaires augmentent notre maîtrise de la situation devient difficile. Quand nous parlons de mathématiques, ce sont des fonctions de croissance avec des paramètres. Il me semble que si on avait dès le départ pris les paramètres d’ici, on pourrait faire des prévisions plus claires », déclare-t-il sur le plateau d’Objection sur Sud Fm.

Malheureusement, déplore l’enseignant-chercheur,  « l’épidémie nous a surpris. Mais les épidémies on les connait donc les fonctions de croissance épidémiologiques sont connues. Ce sont des données empiriques. Il me semble qu’on a essayé d’appliquer une fonction qui marche ailleurs sans l’adapter à nos réalités ».

« Notre erreur, c’est qu’on sait en Europe quand il y a un cas communautaire on sait que cela se multiplie par 2 voire quatre. Mais ici, quand-même cela ne peut pas être le cas. J’ai déjà entendu un médecin dire sur une chaine radio que quand on a un cas communautaire on a des risques d’avoir 2 ou 3 cas. Maintenant on constate que quand on a un cas communautaire, on peut avoir 10, 20 ou même 50 cas comme on l’a vu à Sédhiou », fait noter Sall.

Ses propos sont corroborés par la récente sortie du Dr Abdoulaye Bousso qui révélait l’existence de 14 clusters qui, à eux seuls, ont contaminé plus de 20% des cas recensés au Sénégal. Une raison, selon Mamadou Youri Sall, de « réajuster notre plan en disant : quand on est en face d’un cas communautaire, il faut multiplier par 15 ou 20 et avoir notre propre fonction de croissance pour pouvoir faire des prévisions. Sur cette base, on peut prévoir notre pic ».

« Le plafond de contamination c’est 100 cas »

L’enseignant en modélisation mathématiques annonce que depuis quelques temps, ses « collègues sont en train de travailler sur ces fonctions là » avec ces nouvelles données. « Il n’y aura pas de surprise maintenant », promet-il, « nos prévisions vont être ajustées et peut-être mieux appréciées pour avoir des progressions assez valables sur les 10 jours qui vont venir ».

« Le plafond de contamination pour moi, c’est 100, souligne-t-il. On l’a atteint une fois avec 104. Là on a le taux de croissance qui est fixe, stabilisé, entre 8 à 10 % à chaque fois qu’on dépiste 1000 cas. Espérons que cela ne va pas augmenter. Mais maintenant le taux de guérison aussi est à 10% ». Sur cette base, croit-il,  « on peut espérer atteindre notre pic d’ici une semaine ».

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