Dans une lettre à Boris Johnson, le premier ministre français, Jean Castex, a déclaré ne pas pouvoir « accepter (…) que des policiers ou des militaires britanniques patrouillent sur nos côtes ; il en va de notre souveraineté ». Après la mort de vingt-sept migrants dans la Manche le 24 novembre, Paris et Londres tentent de se mettre d’accord pour mettre fin au trafic migratoire. Le premier ministre français, Jean Castex, a toutefois rejeté, jeudi 2 décembre, dans une lettre à son homologue britannique Boris Johnson, sa proposition de « patrouilles conjointes » sur le sol français afin d’empêcher le départ de migrants vers la Grande-Bretagne.
« Nous avons toujours accepté d’examiner et de discuter de bonne foi des propositions britanniques de renforcement de la coopération. Nous en avons accepté certaines, nous en avons décliné d’autres », écrit M. Castex dans ce texte. « Nous ne pouvons pas accepter, par exemple, que des policiers ou des militaires britanniques patrouillent sur nos côtes ; il en va de notre souveraineté », souligne-t-il.
Boris Johnson avait fait cette proposition lors d’une conversation téléphonique avec le président français, Emmanuel Macron, au lendemain du drame. Elle figurait également dans une lettre de M. Johnson à M. Macron – dont la publication sur Twitter par le gouvernement britannique a ulcéré Paris et provoqué une nouvelle crise entre les deux pays.
Renvoyer les migrants, « pas une option » pour la France
Dans son texte, M. Johnson proposait également « un accord bilatéral de réadmission pour permettre le retour de tous les migrants illégaux qui traversent la Manche ». « Renvoyer les migrants, pour nous ce n’est pas une option, ce n’est pas une manière sérieuse ou responsable d’aborder la question », a aussi affirmé une source à Matignon.
« Plus de 700 policiers et gendarmes arpentent chaque jour la Côte d’Opale, pour empêcher des embarcations de fortune de prendre la mer » vers l’Angleterre, souligne M. Castex dans sa réponse. « Une partie de ces opérations est réalisée avec la contribution financière de votre gouvernement, conformément à nos accords de coopération », rappelle-t-il.
« Cependant, ces efforts ne permettent que de contenir le phénomène, non d’y apporter une réponse durable », estime le premier ministre français, appelant le Royaume-Uni à mener « une politique de retour plus efficace » et à ouvrir « des voies d’immigration légale à ceux qui ont des raisons légitimes de vouloir se rendre » dans ce pays.
Le Monde avec AFP