Mort de George Floyd : Le policier D. Chauvin condamné 270 mois de prison!

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Le policier américain Derek Chauvin avait été reconnu coupable en avril du meurtre de George Floyd. Il a été condamné à 22 ans et demi de prison, soit 10 ans de plus que la peine prévue.

Le policier blanc Derek Chauvin a été condamné vendredi 25 juin à 22 ans et demi de prison pour le meurtre de l’Afro-Américain George Floyd, une lourde peine qui reflète l’impact planétaire du drame. « Le tribunal vous condamne à la détention pour une période de 270 mois, soit dix ans de plus que la peine » prévue par le barème du Minnesota, a déclaré le juge Peter Cahill, treize mois jours pour jour après la mort du quadragénaire noir à Minneapolis. « Ma décision n’est pas basée sur l’émotion ou la sympathie » « ni sur l’opinion publique », a-t-il ajouté. « Je ne cherche pas à envoyer un message. »

L’avocat de la famille de George Floyd a salué le verdict retenu, estimant qu’il œuvrait à la « réconciliation » de la nation. « Cette condamnation historique fait franchir à la famille Floyd et à notre nation un pas de plus vers la réconciliation en leur permettant de tourner la page et en désignant des responsables », a estimé Ben Crump sur Twitter.

« Condoléances »

L’agent de 45 ans, qui est incarcéré dans une prison de haute sécurité depuis le verdict, s’est présenté vêtu d’un costume clair dans un tribunal de Minneapolis, dans le nord des États-Unis. « Qu’aviez-vous en tête quand vous vous êtes agenouillé sur le cou de mon frère alors que vous saviez qu’il ne représentait aucune menace ? » lui a lancé Terrence Floyd, en réclamant la « peine maximale », soit 40 ans de réclusion. La fille de George Floyd, Gianna, 6 ans, s’est exprimée par lien vidéo. « Je t’aime et tu me manques », a-t-elle dit à l’adresse de son père, avant que l’accusation et la défense n’entament la présentation de leurs arguments.

Pendant son procès, Derek Chauvin avait gardé le silence, n’exprimant aucun regret ou excuse pour ses actes. Il a néanmoins présenté ses « condoléances » à la famille de George Floyd lors de cette dernière audience. « A cause de questions légales en suspens, je ne suis pas en mesure de faire une déclaration formelle à ce stade mais, brièvement, je tiens à présenter mes condoléances à la famille Floyd », a déclaré l’agent blanc de 45 ans lors de l’audience destinée à fixer sa peine. « Il y aura à l’avenir de nouvelles informations, que j’espère intéressantes et qui vous apporterons de la tranquillité d’esprit », a-t-il ajouté, lors de sa première prise de parole publique depuis la mort du quadragénaire noir, le 25 mai 2020.

Plusieurs habitants de Minneapolis, croisés par l’AFP aux abords du tribunal, espéraient qu’il écope d’une sentence lourde. Il « n’a vraiment montré aucun égard pour la vie » de George Floyd, estimait Dwayne Johnson, un homme noir de 51 ans. « Il était policier, il aurait dû faire appliquer la loi et doit donc être jugé plus sévèrement », ajoutait Aaron Howard, un jeune homme de 31 ans. Le barème des peines dans le Minnesota prévoit un minimum de 12 ans et demi de prison. Mais le juge Peter Cahill a ouvert la voie à une peine plus lourde en retenant quatre circonstances aggravantes contre le policier. Il « a abusé de sa position de confiance et d’autorité », « a traité George Floyd avec une grande cruauté », a agi en présence de mineurs et « a commis son crime en réunion », a-t-il écrit.

Verdict rapide

Le 25 mai 2020 à Minneapolis, Derek Chauvin avait voulu arrêter George Floyd, soupçonné d’avoir utilisé un faux billet de 20 dollars pour acheter des cigarettes. Avec trois collègues, il l’avait plaqué au sol, menotté, avant de s’agenouiller sur son cou.

Le policier avait maintenu sa pression pendant près de dix minutes, indifférent aux râles de George Floyd mais aussi aux supplications de passants affolés, et ce même une fois le pouls du quadragénaire devenu indétectable. La scène, filmée et mise en ligne par une jeune fille, était rapidement devenue virale et avait suscité des manifestations monstres dans le monde entier.

Organisé dès mars, le procès de Derek Chauvin avait été suivi par des millions d’Américains. Pendant des semaines, ils ont revécu la scène sous tous ses angles, entendu les témoins du drame raconter leur traumatisme et assisté à un défilé inédit de policiers, venus dénoncer l’attitude de leur ancien collègue. De son côté, l’avocat de l’accusé, Eric Nelson, a martelé qu’il s’était contenté de suivre les procédures en vigueur dans la police et que la mort de George Floyd était due à des problèmes de santé combinés à l’ingestion de drogues. Les jurés n’ont pas été convaincus et ont mis moins de dix heures à le reconnaître coupable. Leur décision, le 20 avril, a été accueillie par un grand soupir de soulagement dans le pays, qui craignait de s’embraser à nouveau si Derek Chauvin ressortait libre des audiences.

« De bonne foi »

Me Nelson, n’a pas changé de ligne de défense. En amont du prononcé de la peine, il a plaidé que son client avait commis « une erreur de bonne foi » et demandé une peine réduite à la durée déjà purgée.

Il a mis en avant le risque que son client, qui a été incarcéré dès l’annonce du verdict dans un établissement de haute sécurité, soit tué en prison. En parallèle, il a demandé l’annulation du procès, notamment en raison de doutes sur l’impartialité de certains jurés. Vendredi matin, le juge Cahill a rejeté sa requête, estimant qu’il avait « échoué à prouver » ses allégations.

La mère de Derek Chauvin a assuré vendredi qu’il avait « bon coeur », contrairement à son image publique. « Derek est un homme tranquille, réfléchi, honorable et désintéressé », a déclaré Carolyn Pawlenty, première de ses proches à s’exprimer devant la justice. « Il a beaucoup repensé aux événements » du 25 mai 2020, « j’ai vu le prix qu’il a payé et je pense pas qu’une lourde peine soit bonne pour lui », a-t-elle ajouté lors de l’audience destinée à fixer sa sentence.

Le dossier judiciaire ne s’arrêtera pas là : les trois collègues de Derek Chauvin seront jugés en mars 2022 pour « complicité de meurtre » par la justice du Minnesota. En parallèle, les quatre hommes devront aussi affronter un procès devant la justice fédérale qui les a inculpés pour « violation des droits constitutionnels » de George Floyd.

emedia

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