Le deuxième débat entre Donald Trump et Joe Biden pour la présidentielle, initialement prévu jeudi prochain, le 15 octobre, a été annulé ce vendredi par la commission indépendante chargée de les organiser. Malgré les doutes sur sa santé, le président-candidat va reprendre sa campagne interrompue par son infection au Covid-19 dès ce samedi 11 octobre à la Maison Blanche, avant un meeting lundi en Floride.
Après l’annonce de l’infection au Covid-19 du président américain, la commission avait pour des raisons sanitaires transformé ce deuxième débat télévisé, qui devait se tenir à Miami, en rencontre virtuelle. Une formule catégoriquement refusée par Donald Trump.
« Il est désormais évident qu’il n’y aura pas de débat le 15 octobre », a écrit la commission dans un communiqué, ajoutant désormais « concentrer son attention sur les préparatifs pour le dernier débat présidentiel prévu le 22 octobre », à Nashville, dans le Tennessee.
Lors du débat annulé, des électeurs devaient cette fois poser des questions aux candidats. Donald Trump « n’a évidemment pas le courage de répondre de son bilan aux électeurs en même temps que » Joe Biden, a réagi un porte-parole du candidat démocrate, Andrew Bates. « Il est honteux que Donald Trump ait esquivé le seul débat lors duquel les électeurs pouvaient poser des questions, mais ce n’est pas une surprise », a-t-il ajouté.
Après l’annonce de sa tenue sous forme virtuelle, l’équipe de Donald Trump avait, elle, accusé les organisateurs de vouloir éviter à Joe Biden une confrontation directe avec le républicain. Elle avait réclamé que le débat du 15 octobre soit repoussé lors d’une ultime rencontre le 29 octobre, soit à cinq jours seulement du scrutin. Ce que l’équipe de Joe Biden a refusé.
Trump : « Je me sens vraiment très fort »
Avec l’annulation de ce deuxième débat présidentiel, la campagne de Donald Trump est-elle en train de dérailler ? Au contraire, si l’on en croit l’intéressé. Impatient de retrouver ses partisans malgré les doutes persistants sur sa santé, Donald Trump va reprendre la campagne interrompue par son infection au Covid-19 dès samedi à la Maison Blanche, avant un meeting lundi en Floride.
Le milliardaire l’a dit sur sa chaîne préférée, Fox News : « Je vais très bien. Je me sens vraiment très fort. » C’était la première interview face caméra – mais enregistrée – de Donald Trump depuis sa contamination au coronavirus la semaine dernière, rapporte notre correspondant à San Francisco, Éric de Salve.
Le président décrit ses symptômes et les bienfaits de son traitement expérimental. « Je me sentais juste fatigué, pas la même énergie que d’habitude et vous savez, l’énergie c’est un peu la base dans ma vie. Mais je sais pas, ça aurait pu mal tourner. Mais heureusement, j’ai eu la chance d’avoir ce médicament. »
Test négatif ?
Depuis ce vendredi Donald Trump assure ne plus prendre de médicaments. À moins d’un mois de la présidentielle, il veut maintenant reprendre les meetings et les débats, mais en physique. Pas de débat en ligne, comme le proposent les démocrates, inquiets que le président ne contamine son rival Joe Biden. « Qui veut faire un débat derrière un ordinateur ? Pas moi. »
La Maison Blanche refuse toujours de divulguer la date du dernier test négatif de Donald Trump avant son test positif. A-t-il seulement été testé négatif depuis sa contamination ? Réponse évasive du président : « J’ai pas encore les résultats mais j’ai été retesté et je sais que soit je suis en bas de l’échelle, soit je n’ai plus rien. »
Seulement une dizaine de jours après l’annonce de sa contamination, Donald Trump prévoit de tenir un meeting devant ses partisans lundi à Sanford en Floride, État-clé pour décrocher la victoire le 3 novembre.
« Superpropagateur »
Amateur des foules, le président espérait initialement tenir ce meeting dès ce samedi en Floride. Finalement, il va organiser ce premier événement en public depuis son diagnostic à la Maison Blanche, malgré le nombre croissant de cas de coronavirus parmi ses employés et les critiques sur le mélange des genres que représente l’utilisation de ce bâtiment officiel emblématique pour un rassemblement partisan.
Selon un haut responsable américain, il s’exprimera sur le thème de « la loi et l’ordre », un de ses slogans, depuis le balcon de la présidence, à une foule rassemblée sur la pelouse en contrebas.
C’est justement un rassemblement à la Maison Blanche il y a deux semaines, pour annoncer la nomination d’une juge conservatrice à la Cour suprême, qui a été pointé du doigt comme responsable de nombreuses contaminations détectées depuis. Un rassemblement « superpropagateur », a jugé vendredi l’un des principaux experts de l’administration Trump sur le coronavirus, Anthony Fauci.
Cette fois, tous les invités devront porter leur masque, après s’être faits prendre leur température, selon une source proche de l’organisation qui n’a pas mentionné de dépistage.
25e amendement
Face à l’attitude jugée erratique de Donald Trump par ses détracteurs, le camp démocrate a voulu marqué le coup. Nancy Pelosi, la speaker de la Chambre des représentants a présenté ce vendredi une proposition de loi pour créer une commission chargée d’enquêter sur l’état de santé du président dans le cadre du 25e amendement à la Constitution, rapporte notre correspondante à Washington, Anne Corpet.
« Il ne s’agit pas du président Trump il fera face au verdict des urnes », a précisé Nancy Pelosi. La dirigeante démocrate veut modifier la procédure d’activation du 25e amendement, qui prévoit la suspension des pouvoirs du président en cas d’incapacité de ce dernier.
Actuellement, seuls le vice-président et le cabinet ou le président lui-même, peuvent mettre en branle ce dispositif, qui repose donc entre les mains de l’exécutif. Nancy Pelosi souhaite transférer ce pouvoir à une commission bipartisane composée de hauts responsables et d’experts médicaux.
« Nancy la folle »
Donald Trump y a aussitôt vu un plan machiavélique. Avant son interview sur Fox News, le président était invité ce vendredi dans l’émission de Rush Limbaugh, un animateur radio d’extrême droite proche des thèses conspirationnistes.
Le locataire de la Maison Blanche a vertement contre-attaquer : « Le 25e amendement avec lequel joue Nancy la folle – elle devient vraiment folle, elle fait n’importe quoi – ce 25e amendement, je pense qu’il veulent le changer pour permettre à Kamala de prendre la place de Joe ! »
Effet Watergate ?
Joe Biden, lui, continue sa campagne à son rythme. Le candidat démocrate s’est rendu vendredi dans le Nevada. Il compte désormais près de dix points d’avance dans les sondages nationaux et a également conforté son avantage dans les intentions de vote au niveau des États décisifs pour l’élection.
Son grand message : Donald Trump a échoué dans la gestion de la pandémie qui a fait plus de 212 000 morts aux États-Unis, de loin le pays le plus endeuillé au monde. « Sa conduite personnelle irresponsable depuis son diagnostic, l’effet déstabilisateur que cela a sur notre gouvernement, c’est inadmissible », a-t-il lancé lors d’un discours à Las Vegas.
Dans le camp républicain, certains ténors s’alarment, eux, désormais ouvertement de l’évolution de la campagne. « Si le jour de l’élection, les gens sont en colère, nous pourrions perdre la Maison Blanche, et les deux chambres du Congrès, a prévenu le sénateur républicain Ted Cruz. Cela pourrait être un bain de sang à l’échelle de celui du Watergate. »
(Avec AFP)